2.2 Quelques initiatives de
Cogestion des Ressources Naturelles :
Certes, le processus de cogestion est encore en phase
expérimentale en Afrique. Les exemples le plus frappant se trouvent
jusque là dans six pays Africains où se déroulent les
activités de ECOFAC. Il s'agit notamment de la Centrafrique, du Congo,
du Gabon, de la Guinée Equatoriale, de Sao Tomé et Principe.
2.2.1 Expérience de la
Cogestion de la Reserve de Conkouati au Congo-Brazzaville (Nguinguiri,
1997)
A l'issue des négociations menées entre les
administrations et les communautés locales en vue d'une gestion
participative des ressources de la Reserve de Conkouati, les arrangements
institutionnels ci-après ont été obtenus :
· Un plan de zonage ou accord sur le zonage de la Reserve
a été conclu de manière participative entre les
Administrations impliquées dans la gestion des ressources naturelles et
les communautés locales ;
· Une charte de Cogestion a été
signée par les représentants de différentes parties
prenantes ;
· Un Comité de Gestion des Ressources Naturelles
de Conkouati, en sigle COGEREN a été mis en place.
· Un plan d'aménagement de l'aire
protégée a été élaboré d'une
manière participative sur une base d'un plan de zonage
négocié ;
· Un Décret de classement portant création
du Parc National de Conkuati-Douli et reconnaissant implicitement le zonage a
été pris et signé par les Autorités nationales.
2.2.2 Expérience dans
le programme CAMPFIRE au Zimbabwe
Toute politique de l'environnement, et en particulier celle
concernant la faune, intervient dans une dynamique conflictuelle impliquant
divers groupes ayant des intérêts dans une affaire et constitue
par conséquent une réponse au contexte politico-économique
dominant.
Au niveau national, le programme Campfire de gestion de la
faune s'applique à attribuer le contrôle et la gestion des
ressources faunistiques des terres communales au niveau de
responsabilité et donc de profit le plus local possible.
Campfire propose de résoudre les problèmes de
l'implication des communautés locales à cette gestion par des
incitations matérielles et d'améliorer la gestion par l'ouverture
de créneaux permettant la participation populaire à celle-ci.
Campfire prend aussi en considération le rôle crucial d'autres
intérêts et prévoit aussi des créneaux pour
représenter les intérêts de l'Etat, du secteur privé
et des ONG (Thomas, S.J., 1991)
Le programme Campfire s'est assignés comme objectifs
de :
v Obtenir la participation volontaire des communautés
à des programmes souples apportant des solutions à long terme au
problème des ressources ;
v Introduire u système de propriété
commune avec des doits précis d'accès aux ressources naturelles
pour les communautés habitant les zones définies ;
v Organiser les institutions appropriées par lesquelles
les communautés résidantes pourront gérer et exploiter
légitimement les ressources pour leur propre bénéfice
direct ;
v Fournir l'assistance technique et financière aux
communautés qui adhèrent au programme pour les aider à
atteindre ces objectifs (Martin, R.B., 1990)
Certaines études sur le programme Campfire
« Communal Areas Management Programme for Indigenous
Resources » attribuent son succès à sa capacité
à réunir différents groupes et à réaliser
des arrangements multipartites pour la gestion de la faune, impliquant les
communautés locales. (Murphree, M.W., 1986)
Dans de petites communautés unies, bien
identifiées et relativement homogènes, Campfire a
été un succès phénoménal. Les
communautés de Masoka et Makenye sont des exemples qui s'expliquent par
l'identité du groupe, la définition claire de ses membres, une
base foncière étendue et la petite taille du village qui ont
facilement la prise de décision et donc la cohésion (Murphree,
M.W., 1991)
D'une manière générale, le programme
CAMPFIRE au Zimbabwe est un des pionniers de cette approche de cogestion (Gami,
2000).
2.2.3 Expérience
de Cogestion au Cameroun
L'expérience vécue au Cameroun nous montre que
l'élaboration d'une nouvelle politique forestière depuis 1992
dans laquelle la participation des communautés locales occupe une place
plus importante et la promulgation de la loi n°94/01 du 20 janvier 1994
ainsi que ses Décrets d'application intégrant les
communautés riveraines dans les projets de conservation et surtout suite
à l'appui des ONG internationales et nationales, la cogestion
aujourd'hui est une réalité autour de la plupart d'Aires
Protégées du Cameroun ( Tarla, 2011).
C'est ainsi que, l'initiative de la gestion conjointe ou
multipartite de deux zones d'intérêt cynégétique
(ZIC 1 et 4) entreprise par le Programme de Conservation et de gestion de la
Biodiversité au Cameroun (PCGBC) mérite d'attirer notre attention
dans le présent travail.
Dans la mise en oeuvre de ce vaste programme, les deux zones
d'intérêt cynégétique ZIC 1 et 4 ont
été soumises par consensus à un système de
cogestion ayant comme parties prenantes ; d'une part les
communautés locales se trouvant aux alentours du Parc National de la
Bénoué, et de l'autre part ; l'Administration des eaux et
forêts. L'objectif global assigné par le programme
susmentionné est de garantir la pérennité de
l'intégrité écologique des zones avec un degré
élevé pour la biodiversité planétaire.
Quant aux objectifs spécifiques, ceux-ci sont
d'appuyer les efforts du Cameroun en vue de préserver et de gérer
ses ressources biologiques de façon durable ; de promouvoir la
participation des populations rurales à la préservation de la
biodiversité et enfin, d'encourager l'utilisation rationnelle des
ressources naturelles et promotion d'un développement
écologiquement viable dans les périphéries des aires
protégées.
Les analyses faites par Endamana et al. (2005) montrent que ce
processus de Cogestion de ces deux zones d'intérêt
cynégétique est passé par 3 phases ; dont la
préparation du partenariat, la négociation des accords, des
organisations de gestion, et en fin, la mise en oeuvre
Le mode de partage des bénéfices dans ces ZIC
sont fonction du système de gestion. Ainsi, les riverains des zones
amodiées perçoivent chaque année 50% de la taxe
d'affermage payée par les guides ; dont 10% sont versés
directement aux communautés organisées et 40% octroyés aux
communes décentralisées afin de financer les oeuvres sociales.
Par ailleurs, 50% des revenus issus de la location journalière par les
chasseurs libres, sont directement perçus par les communautés
organisées à la base.
Partant de l'état des lieux faits par le
programme « PCGBC » au courant des années 2000
et 2004 ; il ressort que la taxe de location journalière des ZIC
1et 4, sont passées de 1,4millions à 5 millions de francs. Cet
accroissement considérable des revenues, fruits d'une gestion bipartite
a permis de financer la construction des écoles dans le ZIC 4 tandis que
la case se santé de Sakdje se trouvant dans la ZIC 1, a
été réfectionné grâce à ces fonds.
Eu égard à ce qui précède, les
activités réalisées au niveau de deux zones
d'intérêt cynégétique ont permis au programme
d'atteindre l'objectif global qui était de garantir la
pérennité de l'intégrité écologique des
zones avec un degré élevé pour la biodiversité
planétaire, et a consolidé la confiance entre toutes les parties
impliquées dans le processus.
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