4.7.2 Conflit opposant
l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature au Chef
traditionnel :
Les déclarations faites par nos enquêtées
stipulent que certains Chefs traditionnels se permettent d'abuser du pouvoir
leur légué par la coutume pour spolier les terres,
même les étendues reconnus au Domaine.
Ainsi, ils se livrent délibérément aux
ventes de terres de leur chefferie à des tierces personnes en violation
des limites du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene, sans crainte de
s'exposer à la rigueur de la loi. C'est le cas du Notable MANDO qui
continuerait à vendre des hectares des terres et à exploiter des
étangs situés dans le secteur touristique de Mua à 11km de
la Station. (Rapport annuel du DCRBL, 2001)
En réalité ce genre des conflits ne
résout rien du tout. Par contre, ils enfoncent davantage toute tentative
de la gestion participative des ressources naturelles du DCRBL.
4.7.3 Conflit opposant les
habitants du village entre eux suite à la mégestion des
espaces :
Les effets de l'accroissement galopant de la
démographie se fait sentir dans le plateau de Batéké. Les
besoins en habitats et en sols cultivables étant accrus, les disputes
entre villageois sont monnaie courantes.
Nous citerons ici un conflit qui a surgi entre les habitants
du village Nga et ceux du village Kinta au sujet du feu de brousse
appliqué par une partie sans concertation avec l'autre et qui a
ravagé une importante étendue de la brousse. Comme la tension
était grande et les villageois n'arrivaient pas à se rapprocher
pour négocier, le Chef du village Buantaba aurait fait usage de sa
sagesse afin de jouer la médiation dans le règlement de ces
différends.
Après plusieurs pourparlers avec la facilitation du
Chef du village, ces parties en conflits seraient arrivées à
s'accorder et ont ainsi enterré la hache de guerre.
4.7.4 Conflit opposant le Chef
traditionnel et sa base (les villageois) :
Les causes de ces conflits sont pour la plupart de cas, dues
à la mauvaise gestion des terres. Les propos avancés par nos
enquêtés stipulent que leur Chef coutumier se permet de vendre des
grandes étendues des terres aux fermiers privés au
détriment de la population locale. Actuellement, la population a du mal
à trouver même le bois mort car toutes ces étendues des
terres jadis fréquentées deviennent des propriétés
privées des fermiers.
Ainsi, la pauvre population devient préjudiciée
dans ces activités de survie car se trouvant contraint par ces fermiers
qui en grande partie sont des personnalités hauts placées du
pays.
4.7.5 Conflit opposant les
confessions religieuses (Eglise catholique) à l'Institut Congolais pour
la Conservation de la Nature (ICCN) :
Selon le rapport annuel de l'an 2001 du Domaine de chasse et
Reserve de Bombo-Lumene, il ressort que l'Abbé NGAMPUTU aurait
implicitement érigé le petit séminaire Jean-Paul en pleine
Reserve et y exploiterait plusieurs hectares de cultures de manioc. Cette
situation a engendré un conflit entre le gestionnaire du Domaine et ce
religieux qui userait, selon ce rapport, du trafic d'influence pour se
maintenir.
Le plus souvent, les conflits liés aux ressources
naturelles surviennent parfois du fait de l'absence d'une cohésion et
d'une coordination entre les divers textes de loi, notamment lorsque les
politiques, programmes et projets ne tiennent pas compte des situations
locales. (Nancy Hart et Peter Castro, 2001).
Tous les conflits répertoriés ont
été résolus soit par négociation, soit par
médiation, soit encore par arbitrage. Dans le cas échéant,
les instances judiciaires ont dû intervenir pour trancher.
Cependant ; la situation vécue sur le terrain
montre à suffisance que ces résolutions n'ont pas
été réelles, efficaces, et durables car les revendications
demeurent du côté des parties lésées.
Il sied de savoir, qu'aussi longtemps que les planificateurs
et les gestionnaires ne réussissent pas à identifier et à
consulter toutes les parties prenantes, ils ne pourront ni cerner les divers
besoins et priorités de ces groupes, ni tirer parti de leur connaissance
locale de la situation. Et dans cette optique la probabilité des
conflits pourra toujours s'accroître.
La gestion des conflits constitue une condition indispensable
à l'aménagement durable des ressources naturelles. L'ampleur, la
portée et l'intensité des conflits ne cessent de croître.
S'ils ne sont pas pris à temps et traités de façon
efficace, ces conflits peuvent avoir une incidence sur les moyens d'existence
des communautés et entraîner une dégradation des
ressources. (Nancy Hart et Peter Castro, op cit)
Le gestionnaire du Domaine de Chasse et Reserve de
Bombo-Lumene a alors la lourde tache de mettre en pratique l'approche
participative afin d'aboutir à une gestion durable des ressources
naturelles, moteur de la durabilité économique, écologique
et sociale. Il lui appartient de privilégier les négociations en
matière d'utilisation des ressources naturelles qui se font mieux au
sein des petites communautés en réunion publiques informelles
ad hoc qui regroupent les membres de la famille, les
voisins et les parties en conflit, convoquées en fonction des besoins et
chacune des parties utilisant un porte -parole de lui est légitime.
Par ailleurs, les gestionnaires du DCRBL doivent mettre en
application la Communication sociale ; c'est un outil efficace pour
susciter la confiance au sein de cette population qui se voit longtemps
écarté de la gestion des ressources naturelles.
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