CHAPITRE 5 :
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Notre présente étude a porté sur la
Contribution à la mise en place du processus de Cogestion du Domaine de
Chasse et Reserve de Bombo-Lumene »
En vue de mener à bien cette étude, nous nous
sommes fixés comme objectif global de contribuer à l'instauration
du processus de cogestion du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo -Lumene
afin de promouvoir les conditions de vie des populations riveraines.
Pour accéder aux données, nous avons d'une part
utilisé la méthode de questionnaires d'enquête que nous
avons soumis à la population locale, auxquels nous avons
complété par les interviews semi-structurées et certains
entretiens.
La population totale du groupement de Mbakana est
estimée à 5265 habitants, soit un équivalent de 1115
ménages au total dont 16 à la station de Bombo -Lumene, 873 dans
la cité de Mbakana, 175 dans le village Dumi et en fin, 51 dans le
village Buantaba. (CADIM, 2000).
Ainsi, au niveau de la station de Bombo-Lumene, nos
enquêtes se sont effectuées sur 12 ménages, soit un total
de 75% de la taille totale des ménages recensés .En ce qui
concerne les deux villages Dumi et Buantaba, nous avons eu à interroger
81 ménages choisis d'une manière aléatoire, soit une
proportion de 35,84% de la population totale recensée.
Quant à la Cité de Mbakana, nos enquêtes
se sont effectuées sur 192 ménages, ce qui constitue une
proportion de 22% de la population totale recensée.
Il ressort de ce travail que; 76% de la population
enquêtée ne connait pas le bien fondé du Domaine de Chasse
et Reserve de Bombo-Lumene dans leur entité administrative : ils la
conçoivent comme une stratégie développée par
l'Etat congolais pour les priver la population de leurs patrimoines en
ressources naturelles.
87 % de cette population pense qu'il n'existe pas de
collaboration entre la Conservation et la population locale mais
dénoncent des menaces faits par les gardes parcs, ce qui érige
davantage une barrière entre la conservation et la population locale.
96% des enquêtés affirment que la conservation n'a jamais
songé à contribuer à l'amélioration de leurs
conditions de vie socio-économique.
Dans cette optique, cette population considère comme
les activités de la conservation comme moteur de l'appauvrissement de la
population car il devient difficile à la population d'exploiter leurs
ressources naturelles suite aux multiples intimidations faites par les gardes
parcs.
Quant à la connaissance de la réglementation sur
la faune et flore ,56% de la population enquêtée ne sont
même pas capable de comprendre les dispositions juridiques en la
matière; seule une petite portion de la population en raison de 3,4 % de
la population est capable de bien interpréter la loi.
Eu égard à ce qui précède,
plusieurs conflits sont alors vécus et pour la plus part on recourt
à la médiation ou m'arbitrage par le chef traditionnel pour
trancher une affaire déchirant deux parties. Cependant, les conflits
entre la conservation et la population demeurent ; car ceci est
directement lié à la gestion des ressources naturelles où
les populations se sentent encore écartés dans la gestion de leur
patrimoine.
Comme conséquence, la population se met à
surexploiter illégalement les ressources fauniques et floristiques.
Actuellement, les espèces fauniques qui existaient jadis dans cette aire
protégée n'appartiennent maintenant qu'à l'histoire.
Après le braconnage professionnel perpétré par les
expatriés déguisés en touristes ; l'observation des
espèces fauniques devient alors rare, voir impossible.
Par ailleurs, la carbonisation à grande échelle
se trouve développée dans cette aire protégée afin
de desservir la ville de Kinshasa en charbon.
Enfin, les superficies reconnues à la conservation sont
aujourd'hui envahies par les activités agro-pastorales. La crainte alors
demeure quant à l'avenir de cette aire protégée qui
revêt des hautes valeurs marchandes touristiques.
Cela étant, il sied ici de rappeler que le temps
à la conservation de fonctionner en solo ; tout en excluant la
population locale est révolu.
La population locale doit alors être traitée
comme partenaire potentiel et incontournable dans la conservation des
ressources naturelles. Cela est sans doute l'expression d'une certaine
maturité » de la société qui comprend qu'il
n'existe pas de solution « unique » et
« objective » à la gestion des ressources naturelles
mais plutôt une multiplicité d'options différentes
compatibles avec les connaissances locales et les certitudes de la science et
capables de répondre aux besoins de conservation et
développement( et qu'il existe également une multiplicité
d'options négatives ou désastreuses pour l'environnement et le
développement). (Borrini-Feyerandend et al., 2000)
Raison pour laquelle nous formulons des recommandations
suivantes :
v Que l'Institut Congolais pour la Conservation de la
Nature (ICCN) ; en synergie avec son ministère de tutelle fasse un
plaidoyer sur l'uniformisation des textes légaux ainsi que leurs
adaptations à la nouvelle vision de la conservation de la
nature tenant compte des aspects socio-économiques de la population
locale;
v Qu'il songe à intégrer la population locale
dans la gestion de ses ressources naturelles en mettant en pratique l'approche
participative, afin de renforcer les liens et la confiance mutuelle entre les
parties et ainsi prévenir les conflits ;
v Qu'un zonage du Domaine de Chasse et Reserve de Bombo-Lumene
sois fait au préalable afin de distinguer les trois zones concentriques
à savoir : une zone de protection intégrale ou noyau de la
réserve caractérisée par une surveillance continue, une
zone tampon tutrice des activités de recherches, de tourisme et
d'éducation environnementale, et une zone à usage multiple
assurant la promotion d'activités de développement pour les
riverains de la DCRBL ;
v Qu'un programme de suivi écologique soit
déclenché afin de s'imprégner des éventuels
changements survenus dans cette aire protégée ;
v Qu'un plan d'aménagement de ce site soit
élaboré par une équipe multidisciplinaire en synergie avec
la population locale afin de pallier tant soit peu aux problèmes de
gestion du site;
v Que le personnel du DCRBL soit soumis à des
formations et recyclages afin de leur inculquer les connaissances
nécessaires pour pouvoir éduquer et sensibiliser la population
selon la nouvelle vision de la conservation qui se borne sur la gestion
participative ou gestion concertée ou encore la cogestion ;
v Que la sensibilisation et l'éducation
environnementale soient inscrits parmi les activités prioritaires du
DCRBL, afin d'amener la population locale à prendre conscience des
dangers que présentent les pressions anthropiques sur
l'écosystème ;
v Qu'une reforme de la loi portant sur la conservation de la
nature puisse être faite en tenant compte des aspects de la gestion
participative ;
v Qu'une vulgarisation des textes légaux soit faite en
langues vernaculaires et au besoin en « Lingala » langue
parlée dans le plateau de Batéké, afin que toutes ses
couches sociales comprennent la quintessence des dispositions
réglementaires.
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