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L'ONU et la démocratie dans les pays émergents

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par Amina FATNASSI
faculté de droit et des sciences politiques de Sousse Tunisie - Diplôme de master de recherche en droit public ( LMD ) 2012
  

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Paragraphe deuxième : La protection de la démocratie est la garantie d'une paix durable

Le rapport de complémentarité entre la paix et la démocratie paraît évident et logique mais, en réalité, il n'est pas absolu « ce pendant, une fois le principe général admis, et étant donc entendu qu'un régime démocratique est sans doute plus favorable à la paix que des régimes d'autocratie, il faut bien admettre que la règle n'est pas absolue et que ce n'est pas toujours le cas... A notre ère aussi, il n'ya pas vraiment bien longtemps que les grandes démocraties n'ont pas hésité à mener des expéditions coloniales et à manier le `gros bâton ', comme -on l'a dit, sur le dos de plus faible pays » 28 .

A Notre ère, on remarque l'existence de beaucoup de régimes autoritaires qui arrivent à maintenir « la paix » sociale en l'absence de la démocratie ou plutôt « une paix forcée » maintenue par la force et non pas sur la base d'un consensus collectif. La décision pour ce type des régimes est le choix du dirigeant autoritaire et par le biais des moyens antidémocratiques.

De ce fait, on peut déduire que la paix est une garantie de la démocratie qu'est un gage pour préserver la liberté et combattre l'autocratie.

Ce lien est affirmé par l'agenda pour la paix adoptée le 31janvier 1992 par l'Assemblée Générale. C'est un rapport élaboré par l'ancien Secrétaire Général Boutros Boutros Ghali suite à une demande de la part du Conseil de Sécurité. « Cet agenda s'inspire directement des dispositions prévues par la charte, et il est, dans l'ensemble, conforme aux buts et aux principes de ce texte fondateur» 29 , comme l'a considéré son auteur.

28 Valticos (Nicolas ), ... op.cit., p1410.

29 Ghali Boutros (Boutros), « le droit international à la recherche de ses valeurs », RCADI, tome 286, 2000, p23.

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On doit mettre ce rapport dans son contexte international, il faut souligner qu'il est le résultat d'une prise de conscience doctrinale et onusienne d'une faillite de l'ONU à mettre fin et à prévenir le déclenchement des tensions.

« L'ONU a failli à sa mission principale de maintien de la paix et de la sécurité internationales .Plus exactement, l'innovation principale de la sécurité collective n'a guère fonctionné et est tombée dans une quasi-désuétude» 30.

Cette paralysie de l'ONU devrait être rattrapée par un besoin d'innovation au niveau des opérations de maintien de la paix.

Les opérations de maintien de la paix, qui sont apparues depuis 1956, ont changé de nature. Ce sont des opérations d'une nouvelle génération, elles sont constituées de deux composantes : une composante civile et une composante militaire.

L'opération ne se limite plus à mettre fin au conflit par les moyens militaires mais elle s'étend à accomplir d'autres fonctions pour traiter les raisons profondes des tensions.

Ces fonctions sont telles que l'acheminement des recours humanitaires mais aussi la surveillance du déroulement d'élections ,la vérification du respect des droits de l'homme et l'aide à mettre en place des institutions étatiques telles que l'institution policière et législative, des taches qui ont un lien direct et étroit avec la promotion de la démocratie .

30 Ben Achour (Rafaa), « l'action des Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales », Etudes internationales (Tunisie), t1, N°54, 1995, p5.

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Mais, cet agenda a des effets limités puis qu'il était incapable d'éviter le déclenchement des autres conflits. En fait, quatre ans, après sa publication, étaient suffisants pour montrer les limites des mesures prévues par ce rapport surtout lors du conflit somalien et le conflit de l'ex-Yougoslavie.

Ce qui conduit le même auteur à émettre un rapport supplémentaire en 1995 et surtout à élaborer un deuxième agenda à savoir l' « agenda pour la démocratisation » le 2 décembre 1996.

L'enthousiasme de Mr Boutros Boutros Ghali n'est qu'une expression d'un enthousiasme de l'ONU à l'égard de la démocratie. « En un mot, l'ONU est désormais convaincue que la démocratie est une condition essentielle à la concrétisation de la paix » 31.

Cet agenda est une initiative personnelle du Secrétaire général et il prend en considération l'évolution des opérations de maintien de la paix, c'est pour cela son auteur l'a considéré comme étant « le plus important des rapports » 32 qu'il a présentés à l'Assemblée Générale même s'il connait une censure de fait.

Dans ce même acheminement, le Conseil de Sécurité a condamné les coups d'Etat lorsqu'un gouvernement dictatorial remplace un gouvernement démocratiquement élu.

31 Rich (Roland), « l'Organisation des Nations Unies et la promotion de la démocratie », le monde des parlements, N°31, septembre 2008, p12.

32 Ghali Boutros (Boutros), « le droit international à la recherche de ses valeurs », op.cit., p35.

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En fait, le Conseil l'a considéré dans plusieurs reprises comme une menace contre la paix sur la base de l'article 39 de la charte des Nations Unies33.

Pour le cas burundais, les coups d'Etat de 1993 et 1996 ont conduit à une guerre civile et interethnique. L'ONU a réagi, à l'époque, pour imposer la restauration de la démocratie.

« Les prises de position des organes compétents de l'ONU suggéraient de façon nette que ...la démocratie, l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme se renforçaient mutuellement et que l'interruption brutale du processus de démocratisation risquait d'affecter sérieusement le maintien de la paix et de la sécurité régionales » 34.

Entre autre, la résolution 1040(1996) sur la situation au Burundi a souligné dans son paragraphe deuxième le rapport étroit existant entre la démocratie et la sécurité et le rétablissement de l'ordre au Burundi35.

Pour le cas haïtien, la résolution 940 (1994) met l'accent sur le lien évident entre la démocratie et la paix36.

Il est notoire de signaler que cette résolution permet « un élargissement significatif à la notion de la menace contre la paix» .37

33L'article 39 de la charte prévoit que « Le Conseil de sécurité constate l'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises conformément aux Articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales. »

34 (Linos Alexandre ) Sicilianos, l'ONU et la démocratisation de l'Etat : Systèmes régionaux juridiques universels, Paris, Pédone, 2000, p214.

35 La résolution 1040 du 26 janvier 1996 « sur la situation au Burundi » prise par le Conseil de Sécurité mentionne dans son deuxième paragraphe « 2. Déclare qu'il appuie sans réserve l'action menée par le Secrétaire général et par d'autres ... pour faciliter un dialogue politique global visant à promouvoir la réconciliation nationale, la démocratie, la sécurité et le rétablissement de l'ordre au Burundi ;... »

36 S/Rés/940 du 4 aout 1994 sur « Question concernant Haïti (autorisation force multinationale) ».

37 Ibid, p215.

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La normativité de la pratique onusienne en la matière va être ancrée essentiellement par la résolution 1132 (1997) lors d'un coup d'Etat militaire du 25 mai 1997 qui a donné l'occasion aux juntes militaires en Sierre Léone d'arriver au pouvoir et qui n'ont pas une légitimité démocratique.

Cette résolution a considéré la violence comme une menace contre la

paix.

Il en résulte que « le coup d'Etat contre un gouvernement démocratiquement élu est considéré, en tant que tel comme un facteur de déstabilisation qui peut avoir des répercussions sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».38

La paix est une condition pour la promotion de la démocratie, et une démocratie sans développement n'est qu'une utopie.

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