CONCLUSION GENERALE
La recherche que nous venons d'entreprise a porté sur
la Politique de programmation des chaînes de télévision de
Kisangani.
Notre problème a résidé dans l'ignorance
des indicateurs ou facteurs qui déterminent la (politique de)
programmation d'une chaîne de télévision qui permettent de
reconstruire la politique qui gouverne ladite programmation.
Pour rappel, nous avons fondé notre
problématique sur la question spécifique suivante : quels sont
les facteurs qui déterminent la programmation des chaînes de
télévision de Kisangani ?
En guise de réponse à ce questionnement, nous
avons postulé que la programmation d'une chaîne de
télévision repose sur les facteurs suivants : le statut de la
chaîne, le public visé ainsi que les moyens de production
disponibles.
Pour valider notre hypothèse, nous avons recouru
à la méthode n'analyse comparée des documents
médiatiques. La démarche s'est appuyée sur la technique
documentaire, de l'observation ainsi que l'analyse de contenu. L'approche nous
a permis de réaliser une lecture comparative des données et des
résultats ; tandis que la technique documentaire a facilité le
recensement des grilles respectives des chaînes de
télévision et l'analyse de contenu a contribué au
dénombrement des émissions qui, par la suite, ont
été affectées à un type de programme duquel
découle un contrat télévisuel.
Notre champ d'investigation était le paysage
audiovisuel boyomais (PAB) composé de la Radio télévision
nationale congolaise (RTNC), station provinciale de Kisangani, la Radio
télévision Amani (RTA), les télévisions Canal
orient et Canal Congo télévision (CCTV). La période de la
recherche se situe entre mi-juin et le 21 juillet 2011.
Nous avons mobilisé la théorie de la
programmation télévisuelle au côté de laquelle nous
avons juxtaposé la théorie sur les mass media de P. SHAEFFER et
le modèle du « sablier ». La théorie de la
programmation a décrit les principes, les techniques, les contraintes,
le futur de la programmation audiovisuelle. La théorie sur les mass
media, quant à elle, a présenté l'enjeu important du
média entendu comme une machine à communiquer dont l'objectif est
le nivellement de la production, oeuvre à origine et à
contribution plurielles. Enfin, le modèle du sablier
révèle les enjeux d'une programmation où
s'échangent les programmes contre du temps et le temps des
téléspectateurs transformé en audience pour les
annonceurs.
Au bout du compte, l'aboutissement de cette recherche nous a
conduit aux résultats selon lesquels les chaînes de
télévision de Kisangani sont gouvernées par une politique
de programmation, certes, mais pour laquelle certaines lacunes sont mises en
exergue liées au caractère aléatoire qui la fonde, en
effet.
S'agissant de la programmation, toutes ces entreprises
audiovisuelles possèdent des grilles de programme, expression même
de la politique de chacune. Cependant, celles-ci s'élaborent dans les
conditions et principes proches de l'expérience de la chaîne qui a
précédé les autres. Ainsi, c'est l'expérience ou
mieux l'empirisme qui découle du suivisme entretenu qui dicte
l'agencement, la production et la diffusion des contenus médiatiques.
Pour cette raison, les grilles s'élaborent sur base des besoins
supposés des publics, ensuite elles n'obéissent pas à la
logique du découpage qui permet de déterminer le public
majoritaire pour telle case horaire, et enfin, le choix de programmes tient son
âme des programmes de flux, malheureusement transformés en stock
(ils sont rediffusés à maintes fois).
Étant donné que tout le paysage audiovisuel vise
un même public, la population de la ville de Kisangani, ces
différentes entreprises audiovisuelles sont catégorisées
dans un format similaire, généraliste. Subséquemment, la
concurrence pourrait, en principe, se révéler croissante dans la
mesure où chacune devrait se motiver à conquérir ce public
en vue de le transformer en audience pour des potentiels annonceurs, une autre
dimension de cible. Hélas ! à notre connaissance, des indicateurs
de cette concurrence prétendument établie sont difficiles
à percevoir, parce qu'en fait, c'est la même recette que tout le
monde produit.
Aussi, dépourvu de moyens nécessaires de la
réalisation de leurs politiques, les chaînes ne se sentent
qu'attirées pas une force de pesanteur qu'est le suivisme et qui les
verse dans l'amateurisme. Le grand défi demeurera une quête vaine
de compétitivité, de visibilité et de lisibilité.
Par conséquent, la chaîne sera reléguée à un
« support » plutôt qu'un média dont le nivellement de la
production est révélateur des avantages économiques
importants.
Au regard des révélations ci-dessus,
l'hypothèse qui a fondé notre modèle d'analyse s'infirme
partiellement. Dans la mesure où, d'une part nous avons noté la
présence de ces facteurs dans les dites chaînes. Et d'autre part,
ce serait un risque de pourvoir affirmer leur présence sans ceux-ci
soient mis à contribution pour réaliser une politique de
programmation. Sous un autre angle, dans le modèle de
circularité, les différents facteurs qui permettent de
reconstruire la politique de programmation entretiennent une relation que,
D.
EKAMBO dit d' « équipollence »68
ou, mieux, sont à égale valeur et intimement liés. Le
défaut de l'un des facteurs entraîne une obstruction aux autres
facteurs. Dans les chaînes de télévision boyomaises, cela
reste encore un véritable défi « d'essence ». Au vu de
ce qu'elles ont comme sources de financement et moyens de production, face
à un public assez hétérogène. Le défi est
énorme.
Ainsi, remarquons-nous qu'une véritable politique de
programmation est l'objet d'un méticuleux processus de conception et de
planification a priori.
De toute honnêteté, nous voulons
reconnaître une limite dans cette investigation. L'expérience
réalisée ne nous a pas permis d'approfondir certains aspects de
la recherche. En fait, il s'agit des aspects liés au contenu des
programmes ou émissions et les processus de leur élaboration en
vue de dégager une étude du « qualimat » des
médias audiovisuels de Kisangani et, aussi, le développement
d'une recherche sur la télévision de Kisangani face à la
croissance considérable de l'atomisation de la programmation
étant donné que les émissions proposées semblent,
parfois, aux antipodes des besoins de ceux sur qui elles sont
exposées.
Tous ces angles, peuvent faire l'objet de recherche
ultérieure avec une visée complémentaire au thème
que nous venons de développer ci haut.
Face ces défis, nous formulons les recommandations
suivantes :
Aux chaînes de télévision d'envisager un
esprit d'ouverture aux collaborations scientifiques en matière de
production audiovisuelle dans le but d'un quelconque perfectionnement. Loin
l'intention de minimiser, tout de même, vos exploits combien
bénéfiques jusque-là.
À l'Etat, en la personne de la division de la
communication et du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la
communication (CESAC) succédant à la Haute autorité des
médias (HAM), de veiller à l'application des cahiers de charges
dans le secteur en vue de mettre à contribution la traditionnelle
mission des médias, encore que dans nos pays en voie de
développement, l'information -news, knowlidge, data, entertainement
entendons par là nouvelles, connaissance, données et
divertissement- a pour fonction première de soutenir de façon
constructive le développement national69.
68 EKAMBO, (D.), Paradigmes de communication, Kinshasa,
IFASIC Edititions, 2004, p.70
69 DE MAESENEER, (P.), op. cit., p. 41
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