2 Les facteurs
extrêmes du risque de crédit à la BTD :
2.1
Historique de l'environnement économique du Togo depuis 1990 :
Le Togo a connu une période difficile de 1990 à
1994. Après un recul important du PNB (400 dollars USD par habitant en
1990, 250 dollars USD en 1993), un taux d'inflation de 50 % et un dangereux
développement du secteur informel, l'année 1996 a marqué
un renouveau : le climat économique et social s'est
amélioré. L'aide du FMI et des partenaires multilatéraux a
repris et l'équilibre budgétaire a été
réalisé en 1995-1996.
Le ralentissement de la croissance économique
s'était accompagné d'une multiplication des activités
dites « informelles ». La production agricole par
tête a diminué de 0,6 % en moyenne par an entre 1990
et 1993 et des difficultés d'approvisionnement, voire des disettes,
ont affecté le nord du pays. Les mêmes incertitudes ont
pesé sur les cultures d'exportation. Les taux de croissance des
exportations sont restés négatifs entre 1990 et 1993
(respectivement -9,77%,-7,91%, -19,60, -3,20% ; source : Banque
Mondiale).
La rente tirée du phosphate qui a stimulé
l'économie togolaise entre 1970 et 1975 a aussi connu des
difficultés. Le retournement du marché mondial et les
problèmes techniques placent l'extraction minière en position
délicate et la production a presque diminué de moitié
entre 1990 et 1993 : 3 millions de tonnes en 1988, 2,5 millions de
tonnes en 1992; les années 1995 et 1996, toutefois, ont
été marquées par une reprise notable.
Le pays a connu aussi une baisse de ces capacités
d'importations qui ont enregistré un taux de croissance en recul de 17%
en moyenne de 1991 à 1993. Le coût du crédit à
l'économie passe aussi de 10% avant 1990, à 14% entre 1991 et
1993. Le taux de croissance du PIB réel a même atteint -15,10% en
1993. Ce qui vient alourdir les difficultés de financement des
entreprises. « Voir les annexes N°7 et N°8 pour
l'évolution en chiffres et en graphique des indicateurs
macroéconomiques du Togo »
2.2 L'évolution de l'environnement financier au Togo depuis
1990 :
Depuis le début des années 80, la
fréquence et la taille des crises financières n'ont cessé
d'augmenter. Un grand nombre de pays développés, en
développement et en transition ont connu de graves crises bancaires
durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Cette
prolifération des problèmes bancaires à une grande
échelle a suscité l'intérêt des régulateurs
à propos de la stabilité du système financier
international.
C'est ainsi qu'à partir de la fin des années 80
les instruments indirects de politique monétaire (réserves
obligatoires, marché interbancaire, ratios prudentiels) ont
été mis en place progressivement par les différentes
banques centrales.
Dans l'UEMOA, la nécessité d'un renforcement de
la réglementation et de la surveillance bancaire s'est fait ressentir
avec acuité à partir de la fin des années 80. En effet, la
crise financière de cette époque a énormément
pesé sur la croissance économique des Etats de l'union. En 1986,
près du quart des établissements de crédit de l'UEMOA ont
connu d'importantes difficultés financières et se trouvaient en
quasi-cessation de paiement.
Les créances douteuses avaient atteint les 800
milliards de francs CFA et ont conduit en 1992 à la liquidation pure et
simple de onze (11) banques et quatorze (14) établissements financiers
sur les 105 que comptait l'Union. Au Togo, c'était l'époque de la
liquidation de la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA). Cette
dégradation de la santé financière du système
bancaire de l'UMOA à cette période a été
révélatrice de la faiblesse ou des limites des instruments de
contrôle bancaire qui régissaient les activités des
banques.
Par ailleurs, le secteur bancaire togolais a souffert
profondément de la crise sociopolitique que le pays a traversée
au début des années 1990. Alors que les dépôts et
autres ressources mobilisées par les banques s'amenuisaient, un grand
nombre d'opérateurs économiques et de particuliers se sont
trouvés dans l'incapacité de respecter leurs engagements
vis-à-vis du secteur bancaire. Il s'en est suivi une
détérioration importante de la qualité des actifs des
institutions financières.
En vue de rétablir un secteur bancaire sain et robuste,
le gouvernement togolais a décidé dans le mémorandum sur
les politiques économiques et financières du 26 mai 1997 de
préparer et de mettre en oeuvre, en collaboration avec la Banque
Mondiale un Programme d'Ajustement Sectoriel pour le Secteur Financier
(PAS-FI). Ce programme a permis de poursuivre les efforts d'assainissement et
de restructuration du système bancaire togolais.
A cette époque, les établissements de
crédit étaient confrontés à des difficultés
notables dont les plus importantes sont :
· La sous capitalisation de la plus part des banques
entraînant un taux de couverture du risque très faible.
· Le degré de détérioration du
portefeuille des banques était préoccupant.
· Le coefficient de liquidité de la plupart des
banques était inférieur à la norme.
· Les ressources à moyen et long terme sont
presque inexistantes dans les banques face à des emplois de même
maturité.
En somme l'instabilité bancaire peut être
identifiée à travers des facteurs macroéconomiques qui ont
souvent joué un rôle non négligeable dans le
déclenchement des crises bancaires et financières
particulièrement dans les pays émergents tel que les fluctuations
des taux d'intérêt, la volatilité des flux de capitaux
étrangers, le régime des taux de change et la volatilité
domestique des taux de croissance et d'inflation.
D'une manière générale, l'activité
bancaire est sensible aux conditions macroéconomiques qui sont souvent
liées au retournement de la conjoncture, turbulences et chocs
financiers.
« Voir les annexes N°5 et N°6 pour
l'évolution en chiffres et en graphique des indicateurs financiers du
Togo »
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