CONCLUSION :
Dans ce mémoire, nous avons
évalué le niveau des pertes potentielles maximales sur le
portefeuille de crédit de la BTD, si le scénario de crise qu'elle
a connu au début des années 90 se reproduisait aujourd'hui. Il
s'agissait aussi de voir si elle disposait suffisamment de fonds propres pour
absorber ces pertes éventuelles. Cette étude a été
faite à partir d'un modèle basé sur la formule de VASICEK
et présenté par John HULL.
Pour ce faire, nous avons choisit l'un des quatre (4) types de
chocs sur le risque de crédit qu'on retrouve dans les programmes de
Stress-Testing : le choc sur les plus gros engagements.
Cette étude s'inscrit dans l'objectif de mettre en
place un outil moderne d'évaluation du risque de crédit et
prenant en compte les évènements extrêmes pour la BTD. Elle
se veut aussi une prémisse dans la perspective de migration
irréversible du dispositif prudentiel actuel de l'UEMOA vers Bâle
II. En effet, l'approche IRB avancée de Bâle II permettrait aux
banques de l'UEMOA, et en l'occurrence la BTD d'évaluer ses risques
à partir de modèles internes.
Comme la plupart des modèles de mesure du risque de
crédit, l'évaluation des pertes potentielles maximales a
nécessité le calibrage des variables de la formule de VASICEK sur
le portefeuille de la BTD.
En effet, la première phase a consisté à
noter le portefeuille et à ranger les crédits par classes de
risques. Cela nous a permis de déterminer les probabilités de
défaut associées à chaque classe de risque et de calculer
la corrélation de défauts entre les contreparties. En appliquant
donc le modèle, nous avons constaté que les pertes potentielles
maximales obtenues sur les 50 plus gros engagements de la BTD peuvent
être couvertes par ses fonds propres. Cela est dû à
l'importante surface financière dont elle dispose. L'étude a donc
conclu que la BTD peut résister sans difficulté à un choc
comparable à celui du début des années 90, en ce qui
concerne ses plus gros engagements.
Cette méthode de simulation de crise dispose, certes,
de divers avantages qui font d'elle le complément naturel du concept de
la VaR. Mais, elle souffre d'un certain nombre de faiblesses.
En effet, l'utilité de la simulation de crise
dépend en fait des compétences et de l'intuition des
gestionnaires du risque. Car la méthode de Stress Testing souffre d'un
manque de rigueur scientifique pour le calcul de la VaR en ce sens que la
construction des scénarios s'opère de façon totalement
subjective, en plus les événements extrêmes contre lesquels
l'institution financière cherche à se prémunir peuvent
très difficilement être anticipés. Lorsque l'institution
financière dispose d'un portefeuille large et complexe, le
Stress-Testing peut éprouver quelques difficultés à
gérer une masse importante de possibilités et un grand nombre de
corrélations.
JORION (2001) met aussi un bémol en disant que la VaR
devrait être interprétée comme une première
approximation du risque. Et, le fait qu'elle soit générée
statistiquement ne devrait pas cacher son caractère stochastique
(estimation). Aussi, il n'y a pas d'assurance de la pertinence de l'historique
choisi, particulièrement important puisqu'aucune autre
modélisation ne s'y ajoute.
Par ailleurs, l'honnêteté intellectuelle nous
amène à souligner aussi les critiques sur la formule d'ALTMAN qui
nous a permis de classer les risques. Cette formule ne permet de prévoir
les faillites qu'à l'échéance d'un an. C'est donc une
fonction moyennement performante. On peut utiliser d'autres formules de
classement de risque comme la fonction de la Banque de France (1995).
On pourrait alors améliorer le modèle en le
transformant en un modèle à plusieurs facteurs.
C'est-à-dire, en allant plus loin et en intégrant une relation
économétrique entre certains indicateurs macroéconomiques
et le taux de perte potentielle maximale. Et quelque soit le modèle, il
subsistera toujours une faiblesse inhérente aux outils de mesure du
risque : le risque de modèle.
Toutefois, l'application de la méthode VaR au risque de
crédit contribue aujourd'hui à l'émergence d'une gestion
active du portefeuille.
La gestion des risques intégrant les
évènements extrêmes se développe aujourd'hui
très rapidement dans l'univers bancaire. Elle couvre toutes les
techniques et les outils pour mesurer et contrôler les risques de
crédit. Parmi les trois types de risques mis en exergue par Bâle
II, il est sans doute celui qui est appelée à évoluer le
plus.
De multiples facteurs concourent à cette évolution.
Les mesures du risque de crédit sur des portefeuilles de prêts ont
considérablement progressé, notamment avec la méthode de
la VaR (Value at Risk), transposée de l'univers des marchés
à celui du portefeuille bancaire. Un marché organisé des
prêts s'est créé et élargi outre-Atlantique, une
évolution qui va toucher tôt ou tard l'Afrique. Bien sûr,
l'organisation de la fonction de gestionnaire de risque va aussi changer. Car
ces nouveaux moyens d'action offrent une flexibilité nouvelle dans la
gestion du portefeuille de prêts.
Ces possibilités nouvelles se traduisent par
l'émergence d'une nouvelle gestion du portefeuille de prêts. Les
fonctions commerciales et de gestion du risque de crédit tendent alors
à se séparer.
Ces innovations peuvent avoir une portée
considérable. Les banques ont toujours considéré qu'elles
devaient porter le risque jusqu'à sa maturité. Elles subissent le
poids du portefeuille existant, et les engagements nouveaux pèsent sur
ces banques pour toute leur durée de vie. Aujourd'hui, ce raisonnement
devrait s'infléchir. Si les crédits peuvent être vendus ou
leurs risques couverts, les limites sur un client deviennent moins
astreignantes. Les risques ainsi éliminés permettent de mettre en
place des lignes nouvelles, tout en respectant les enveloppes existantes. Les
fonds propres sur des risques cessibles deviennent inférieurs à
ceux requis pour des risques longs non négociables. Les portefeuilles
deviennent plus fluides, facilitant les réorientations commerciales.
Steven THIEKE, Président du
comité de gestion des risques de JP Morgan, renchérit en
disant : il y aura un moment où la VaR ne sera plus seulement une
méthodologie de mesure du risque, mais aussi une stratégie de
gestion.
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
Amine TARAZI, « Risque bancaire,
déréglementation financière et réglementation
prudentielle », Publication de la faculté de droit et des
sciences économiques de l'Université de Limoges, 1996
Christian GOURIEROUX et André TIOMO,
« Risque de crédit : une approche
avancée », Economica, Paris, 2007
Jeanne-Françoise de POLIGNAC,
« La notation financière, l'approche du risque de
crédit », Revue Banque, Paris, 2002
John HULL, « Options, futures et
autres actifs dérivés », Pearson Education
(6ème édition), Paris, 2007
Oldrich VASICEK,«Probability of loss on
loan portfolio», KMV Corporation, 1987
Phillipe JORION, «Value-At-Risk : the
new benchmark for managing financial risk », McGraw Hill
(2ème edition), New York, 2001
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