2.3.4. Développement anarchique du secteur
privé
Ce système « de survie » est également
alimenté par toute une série de canaux comprenant notamment
toutes sortes d'autorisations de fonctionnement ou d'ouverture pour les
privés, les amendes et taxes, etc. Un privé à but lucratif
non régulé s'est installé. Dans un contexte d'absence des
mécanismes pour assurer la qualité des soins, le
développement anarchique du privé constitue un facteur de danger
pour la santé des populations et un facteur d'explosion des coûts
des soins de santé et partant de l'accentuation de la pauvreté
(les grands contributeurs étant les ménages).
2.3.5. Participation communautaire mal comprise
Devant le constat des services peu fonctionnels, on voit
apparaître une floraison intense des « relais communautaires »
dont la qualification et le niveau technique sont insuffisants pour constituer
une alternative au personnel de santé qualifié. Si le recours aux
« relais communautaires » pouvait se justifier dans les années
70, la situation a complètement changé, le contexte du
système de santé est aujourd'hui caractérisé par
une pléthore du personnel infirmier et une inflation des écoles
d'enseignement médical. L'une des idées centrales de la
participation communautaire est que la population devrait avoir un mot à
dire sur ce qu'on lui offre : on en est bien loin. Et pourtant, la population
contribue pour près de 70% au financement des charges récurrentes
du fonctionnement des certaines zones de santé.
2.3.6. Problème des ressources humaines
Bien que fragmentaires, les données actuelles montrent
que les ressources humaines pour la santé sont un problème
sérieux en RDC. Si en 1998, le nombre de médecins en RDC
était d'environ 2000 et celui des infirmiers 27.000, à l'heure
actuelle, il est difficile de dire combien il y a de médecins et
d'infirmiers en RDC. En effet, comme indiqué plus haut, il existe dans
le pays près de 60 établissements d'enseignement supérieur
qui forment des médecins et des infirmiers. Près de 1500
médecins sortent chaque année des seules Universités de
Kinshasa et de Lubumbashi. Tout porte à croire que leur nombre est
sérieusement en hausse depuis le
![](Pauvrete-des-menages-et-acces-aux-soins-de-sante-en-RDC-Une-approche-par-l-analyse-factorielle96.png)
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
début des années 2000. Les Instituts des
Techniques Médicales (ITM), qui sont à environ 362 dans le pays
forment chaque année près de 7.000 infirmiers. Pour cette
catégorie aussi, le nombre est en croissance rapide. Les effets pervers
de cette inflation du personnel commencent déjà à se faire
sentir sur terrain.
On assiste depuis quelques années à une
multiplication du nombre des structures de santé dans les ZS. Le nombre
d'aires de santé qui disposent de plus de 10 structures de santé
devient de plus en plus important. Ces structures sont pour la plupart
créées par le personnel de santé formé en surplus
et qui n'a pas trouvé du travail dans une structure formelle. Pour des
raisons de survie individuelle ou institutionnelle comme on l'a décrit
plus haut, ces structures de santé qui offrent des soins de santé
de qualité pour le moins douteuse, sont entretenues du fait qu'elles
contribuent au fonctionnement des niveaux hiérarchiquement
élevés.
La modicité des salaires actuellement payés par
la Fonction Publique est un autre facteur qui compromet sérieusement la
mise en oeuvre de notre politique de santé basée sur les soins de
santé primaires et la réalisation d'autres priorités tant
nationales qu'internationales (OMD).
En effet, outre le fait de renforcer la stratégie de
survie mentionnée plus haut, le caractère non attrayant des
salaires payés crée une instabilité du personnel qui se
trouve ainsi dans une recherche continue du plus offrant. L'insuffisance de
motivation du personnel a conduit, dans une logique d'appui aux interventions
spécifiques, à la mise en place des systèmes de primes de
performance et d'autres modes de rétribution par per-diem, dont les
effets pervers sur le personnel et les services ne se sont pas fait attendre.
Ce système amène inexorablement au paiement à l'acte tout
à fait en contradiction avec une approche globale de la santé et
contraire au principe de solidarité retenu dans la Politique Nationale
de Santé. La répartition non équitable des ressources
humaines entre le milieu rural et urbain est un autre problème que pose
la gestion des ressources humaines pour la santé en RDC.
![](Pauvrete-des-menages-et-acces-aux-soins-de-sante-en-RDC-Une-approche-par-l-analyse-factorielle97.png)
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Pauvreté des ménages et accès
aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse
Factorielle des Correspondances.
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