Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par l'analyse factorielle des correspondances( Télécharger le fichier original )par Junior Kana Kiwe Université de Kinshasa RDC - Master en économie des ressources humaines 2011 |
2.1.2. Santé et croissance économiqueDes auteurs comme le philosophe BENTHAM (1789) et l'économiste KARL MARX (1867) ont attiré l'attention sur le rôle essentiel de la santé dans le bien-être et dans la qualité de la force du travail. Cette question retrouve son actualité avec les théories de la croissance et l'apparition des nouvelles maladies (FOGEL R.W., 1994). La santé et les dépenses de soins contribuent-elles au développement et à la croissance économique ? Les faits permettent de mettre en évidence des relations réciproques entre les deux dont l'interprétation est l'objet de thèses parfois contradictoires. 2.1.2.1. Effets de la croissance sur la santé En améliorant le niveau de vie, le développement économique et la croissance ont un effet décisif sur l'espérance de vie et sur le niveau de santé. Six mécanismes sont à l'oeuvre en la matière.
54 Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances. ceux des pays libéraux. Puis ils ont subitement décroché : depuis cette date, l'espérance de vie de l'Ouest a dépassé celle de l'Est de l'Europe de huit années. La croissance et le niveau de vie y étaient inférieurs et leur espérance de vie a pris du retard. Il faut une économie forte pour procurer des droits réels importants aux populations. L'éducation, surtout dans le primaire dans les pays pauvres, est l'un des principaux déterminants de l'état de santé. En particulier celle des femmes qui forment les enfants et soignent toute la famille, prennent le contact avec le monde médical, diffusent l'information médicale et utilisent alors le mieux les soins disponibles. On trouve partout une corrélation statique entre le niveau d'étude et la baisse de la mortalité.
55 Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances. la santé. Si l'urbanisation peut détériorer la santé en provoquant du stress ou de la pollution, ses effets bénéfiques, directs ou indirects, se révèlent largement supérieurs en terme de santé. ces remarques ne s'appliquent toutefois pas à certaines parties des grandes mégapoles où survit une population pauvre et exclue du processus de développement, pour les mêmes raisons.
2.1.2.2. Santé comme facteur de développement Les hommes politiques et les stratèges en tiennent compte depuis des lustres. En effet, améliorer l'état de santé permet de perdre moins de journées de travail et d'allonger la durée de la vie active. L'offre de travail s'entrouvre donc accrue en volume et en qualité. Aux USA par exemple, un homme âgé de 45 à 59 ans travaille 56 Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances. 1300 heures de moins (sur une moyenne de 5000 heures annuelle) quant il est en mauvaise santé, et encore 450 heures de moins s'il est célibataires, une meilleure santé et l'aide d'une épouse facilitant la présence au travail (D.O. PARSONS, 1977). La production peut augmenter ainsi que les opportunités de formation et de promotion professionnelles, qui augmentent la productivité. L'éradication des maladies permet souvent de développer des activités nouvelles, en particulier d'accroître les surfaces cultivées. Par exemple, la lutte contre les moustiques a conduit certains pays à reconquérir des terres inexploitées à cause de la malaria et à augmenter la production vivrière, donc le niveau de vie des paysans et la nourriture dans de nombreux pays d'Afrique. La Banque mondiale mesure bien la rentabilité financière de ce type de programmes : au Sri Lanka, entre 1947 et 1977, l'éradication de la malaria a accru le niveau de vie du pays de 9% en fin de période. J. Sachs, de Harvard, estime que la malaria, qui reste l'un des fléaux les plus répandus en Afrique, réduit le taux de croissance du Gabon de -1% par an, décourage les investissement étrangers et, en frappant les enfants, compromet les développement futur. Le coût des soins diminue et les femmes contribuent plus à la croissance. Par exemple, un programme de vaccination contre la poliomyélite correctement appliquée présente un taux de rentabilité de 12% en Afrique. La diminution de la mortalité infantile et périnatale incite les femmes à réduire leur taux de fécondité, faisant ralentir la croissance démographique. Cet effet se révèle bénéfique dans les pays dont la croissance économique est inférieure à celle de la population, ce qui bloque la croissance et donc l'amélioration du niveau de vie. Les femmes, subissant moins de grossesses, peuvent alors participer à la vie économique, soit directement par une activité professionnelle, soit en élevant mieux leurs enfants. Cet effet, peut se révéler déterminant dans le démarrage d'un processus de croissance. Les organisations internationale considèrent aujourd'hui l'amélioration de la santé des femmes et la contraception comme un facteur décisif de croissance durable dans les pays pauvres. 57 Pauvreté des ménages et accès aux soins de santé en RDC. Une approche par la méthode d'Analyse Factorielle des Correspondances. A contrario, on mesure aujourd'hui l'effet dévastateur du Sida sur le potentiel de croissance de certains pays du tiers monde. Cette maladie touche en effet la population d'âge actif et d'âge à procréer : elle diminue donc le taux d'activité et l'épargne et fait un grand nombre d'orphelins. Les soins coûtent cher, même si ces pays si ces pays ne peuvent appliquer le trithérapies utilisées dans les pays développés : un malade coûte en moyenne le double ou le triple du PIB par habitant. Le budget public devra donc supporter à la fois le coût des soins, la prise en charge des orphelins et le coût de l'adaptation des techniques modernes qui devrons se substituer aux travailleurs. Avant la maladie, 1 enfant sur 50 était orphelin, aujourd'hui 1 enfant sur 10. La maladie détourne donc des ressources considérables au détriment des investissements productifs. Ces pays devront faire appel aux capitaux internationaux pour financer ces dépenses et les taux d'intérêt augmenteront, rendant les projets d'investissement moins rentables. Les investisseurs directs sont enfin moins attirés et hésitent à former la population locale dont une forte proportion meurt. |
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