I.4.2. Les décharges non contrôlées
La décharge non contrôlée est souvent la
seule solution à la portée des petites collectivités,
pauvres et isolées
Elle peut cependant être améliorée de diverse
façon :
? Par un choix judicieux du site : les décharges
non contrôlées induisent une contamination
bactériologique très limitée dans l'espace. Refermant de
nombreux éléments minéraux qui peuvent être mis en
solution par la fermentation anaérobie et par la circulation de l'eau,
les décharges sont à l'origine d'une pollution chimique (azote
ammoniacal, fer et autres métaux, importante qui, dans un sol moyen en
ce qui concerne la perméabilité, se ferait sentir jusqu'à
une centaine de mètres.)absence d'odeur et de risque de transport
aérien par le vent vers des habitations et de contamination des nappes
phréatiques utilisées pour l'alimentation en eau potable.
? Par une protection autour de la décharge : une
plantation d'arbustes et d'arbres peut être plus efficace qu'une
palissade.
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Dans un premier temps, les dépôts se feront en
faible épaisseur. Un régalage et un recouvrement des ordures
seront effectués chaque semaine.
Dans les années 60, lorsque Kinshasa n'était pas
encore millionnaire, l'élimination des déchets urbains ne posait
pas de problème parce que la ville était dotée d'abord de
décharges de transit équipée des bacs à ordures,
ensuite des décharges finales (comme la ferme de Bouc) le long du fleuve
à l'actuel emplacement du quartier général des Forces
Navales. Or, il se fait que maintenant à Kinshasa, les transporteurs de
déchets n'ont pas de sites appropriés pour éliminer leurs
immondices en bonne et due forme. Même les sites qui abritaient jadis les
décharges de transit ont été lotis anarchiquement par les
autorités municipales (Lelo Nzuzi 2004).
Comme conséquence ; les ménages qui ont du mal
à payer un pousse-pousseur pour évacuer des ordures,
déversent leurs cargaisons à l'air libre (48% des ménages
à Mombele, d'après Nsia, 2001), dans les cours d'eau (19,4% des
ménages à Kimbangu, d'après Makangu, 1999), etc. De leur
côté, les camionneurs et pousse-pousseurs affichent les
mêmes comportements lorsqu'ils ne trouvent pas de preneurs d'ordures. Ils
vident leurs contenus dans les décharges non contrôlées
situées soit dans la ville, soit à quelques distances de
l'agglomération. Et, comme le métier de chiffonnier ne fait pas
vivre son homme, les déchets s'entassent scandaleusement dans des
décharges non contrôlées pendant des mois voire des
années avant d'être évacués par une sporadique
opération `Kin-Bopeto'.
En effet, Kinshasa en compte plusieurs sans niveau de
contrôle de récupération, ni de contrôle de feu, sans
matériau de couverture, sans compactage mécanique ni nivelage de
déchets. Ici, les déchets sont carrément abandonnés
à eux-mêmes : les eaux superficielles et de la nappe
phréatique sont contaminées, les sols sont pollués, les
insectes prolifèrent, les rongeurs et les animaux errent, les odeurs
nauséabondes se dégagent, les germes pathogènes se
développent, les fumées sont permanentes, etc... (Lelo Nzuzi
2004).
En effet, lors des différentes décentes sur le
terrain (septembre 2009-octobre 2010), il a été
dénombré 1061 décharges anarchiques sur toute
l'étendue de la ville de Kinshasa et qui créent des
sérieux problèmes liés à son environnement et
à la morphologie urbaine.
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Photo 2 : Les décharges non
contrôlées à Kinshasa
Source : Photo Holy (2010) I.4.3.
L'incinération
Les ordures sont en grande partie combustibles.
L'incinération est envisagée comme moyen de leur
élimination. La technique artisanale rencontre beaucoup de
difficultés parce que :
? Seuls les papiers sont inflammables ;
? D'autres ordures comme des verres cassés et les produits
métalliques sont parfaitement inertes ;
? Des matières plastiques qui dégagent beaucoup de
chaleur s'incinèrent une fois portées à hautes
températures.
Parmi les outils utilisés à
l'incinération moderne des ordures ménagères, on peut
citer les fours fixes, les fours tournants et les fours à grille
mobile.
A Kinshasa à l'époque coloniale, le
caractère biodégradable des déchets des marchés
communaux et les difficultés de les évacuer quotidiennement tous
les après-midi, après chaque fermeture, avaient conduit les
autorités communales à implanter de petits fours
incinérateurs sur le site pour brûler les immondices. A cette
époque, les déchets n'étaient pas composés de
grandes quantités de matières en plastique. Aujourd'hui, cette
pratique polluerait probablement davantage l'air avec l'incinération de
sachets plastiques qui produisent des gaz à effet de serre. Cette
pratique n'existe plus (Lelo Nzuzi, 2008).
La seule et l'unique expérience post-coloniale
d'implantation d'un four incinérateur public date de 1999 avec
l'Hôtel de Ville de Kinshasa. Il était à briques
réfractaires avec une capacité de 8 m3. L'Hôtel
de Ville l'avait construit à proximité de l'espace
maraîcher du pont Kiyimbi à Matete avec pour objectif de
brûler les rébus des déchets ménagers
déposés auprès des maraîchers. Pendant les essais,
cette pratique d'élimination gêna davantage la population avec des
rejets toxiques dus au mauvais brûlage. Du coup, elle
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s'affola de la pollution et l'expérimentation
s'arrêta. Abandonné, le four sera démoli quelques
années après par les lotisseurs anarchiques qui sont venus
implanter des magasins sur le site (Lelo Nzuzi op.cit). En ce qui concerne les
ménages et les vendeurs de rue, ils incinèrent
régulièrement leurs déchets après les travaux
collectifs de salubrité.
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