I.3.2. Les considérations actuelles sur la gestion
des décharges dans le monde
En 2010, un nouveau choc nous rappelle à l'ordre. La
flambée du pétrole et des métaux, les tensions agricoles,
le décollage économique de l'ensemble de l'Asie et
l'énormité de ses besoins, tout ceci nous ramène à
ce paradigme de la rareté trop longtemps oublié.
Alors que la population du monde va encore augmenter de 50% au
XXIe siècle, que les ressources en énergie fossile tendront vers
l'extinction, que la surface agricole utile de la planète diminuera sous
le poids d'une urbanisation croissante, que la gestion des décharges
urbaines sera un défi sans précédent pour la
planète, les hommes vont devoir redécouvrir ce sens de la
rareté qu'ils ont perdu ou oublié pendant les deux derniers
siècles.
Ils vont devoir collecter, trier mais aussi valoriser et
recycler, c'est-à-dire se rapprocher de ce vieil idéal des
alchimistes : boucler le cycle de la matière, transmuter le
déchet en ressource, réduire autant que possible toute forme de
prélèvement prédateur.
I.3.3. La ville de Kinshasa et la production des
décharges
La ville de Kinshasa est constituée de deux types de
sites différents : la plaine et les collines. La plaine, de 300 m
d'altitude en moyenne, va de la baie de Ngaliema au nord jusqu'à la
rivière N'sele à l'Est. C'est le secteur des inondations, des
marécages et de dépôts des matériaux arrachés
sur les collines. C'est aussi la zone la plus industrialisée, la plus
densément et anciennement habitée. Elle compte 18 communes et
abrite 4.375.000 habitants. Elle s'appelle communément : la ville basse.
Le Programme National d'Assainissement (PNA) en 2000 estime qu'elle produit
prêt de 3500 m3 de déchets pour toutes les raisons
évoquées ci - haut. Beaucoup d'activités
économiques de la ville y sont concentrées.
Un complexe collinaire surplombe cette grande plaine de
Kinshasa au sud, sud -ouest et à l'ouest. Certaines collines atteignent
plus ou moins 600 m d'altitude : Pic Meuse (675 m), Mont Ngafula (548 m), Mont
Amba (471 m), Djelo-Mbinza (416m). Ces collines sont occupées par les
quartiers anarchiques qui s'y sont installés après 1960. C'est le
secteur des érosions, des éboulements, des glissements et des
effondrements des terrains dûs non seulement à l'urbanisation
anarchique mais aussi au mauvais drainage des eaux.
Elle s'appelle communément «la ville haute ».
Elle abrite une partie des communes de Ngiri-Ngiri, Lemba et 6 communes
entières avec, au total, 1 625 000 habitants. Elle est faiblement
occupée (300 à 400 habitants au Km2) et n'est pas
industrialisée. L'étude du PNA estime que ces nouvelles
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extensions collinaires produisent près de 1 500
m3 des déchets par jour parce que là il n'y a pas
beaucoup de dépotoirs comparativement à la plaine.
Les ordures produites dans les quartiers collinaires sont
directement déversées dans les ravins par la population. C'est
une pratique populaire de lutte anti-érosive. Il a été
dénombré lors de nos enquêtes de terrain en 2009,
l'existence de 1061 décharges non contrôlées
dans l'agglomération de Kinshasa, qui causent des
problèmes à l'environnement.
Carte 1 : La répartition géographique
des décharges non contrôlées
La gestion de déchets solides à Kinshasa ne suit
pas formellement la logique TRIVAC, c'est-à-dire Trier, Recycler,
Incinérer, Valoriser, Communiquer comme cela se fait sous d'autres
cieux. Le cycle de gestion de déchets solides municipaux à
Kinshasa se présente de la manière ci-dessous.
Source : Lelo Nzuzi 2008
Figure 1 : cycle de gestion des déchets
solides municipaux à Kinshasa
Recyclage
Maraichers
Décharges non contrôlées
(vallées,
espaces publics, ravins, cours d'eau,
terrains vagues)
Déchets ménagers Recyclage
Pas de Recyclage
Valorisation physico- chimique (des
déchets) bio et non biodégradables.
Papiers hygiéniques, bouteilles, barres
de fer, objets plastiques
Consommateurs
Valorisation biologique (artisanale) des
déchets biodégradables
Compost et fumiers
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La figure n°1 montre que le Kinois vide rapidement sa
poubelle parcellaire dans une décharge non contrôlée
à cause de la putréfaction rapide de ses déchets
biodégradables. C'est par manque de système organisé de
gestion des déchets qu'il ne choisit plus où évacuer les
ordures. Si ces déchets sont récupérés par les
chiffonniers, ils suivent la filière du recyclage soit biologique pour
fabriquer artisanalement les engrais verts, soit physico-chimiques pour
fabriquer industriellement les bouteilles, les papiers recyclés, les
objets plastiques, etc.
Au vu de tout ce qui précède, il y a lieu de
rappeler que les déchets ménagers ne suivent pas la
filière normale jusqu'à la décharge finale,
c'est-à-dire la collecte, le transport, l'évacuation, la
valorisation et l'élimination. Toutes ces étapes ne sont pas
respectées dans tous les cas (Lelo Nzuzi, 2008).
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