I.3. LA GESTION DES DECHARGES URBAINES
I.3.1. Historique de la gestion des décharges dans
le monde
La gestion des décharges urbaines a longtemps
été une action naturelle des populations par le fait que la ville
peut être considérée comme un écosystème qui
pour vivre, croître et se régénérer extrait du
milieu naturel des ressources et les rejette dans le même milieu : ses
besoins sont énormes compte tenu de sa croissance exponentielle. Dans
une perspective de développement durable, la ville devra prélever
le moins possible et réduire ses rejets de toute sorte, gazeux, liquides
et solides. Les résidus d'artisanats étaient
récupérés (métaux refondus, vieux chiffons et puis
papiers, etc.), le reste n'était qu'organique (c'est-à-dire
composé de matière naturelle et rapidement biodégradable)
et venait en campagne compléter les engrais ou la nourriture des
animaux, tandis qu'en ville les caniveaux ou autre terrain vague servait de
dépotoirs des détritus peu polluants.
En parallèle, le système des décharges
urbaines est apparu et s'est développé. Il consistait à
stocker dans un lieu, généralement éloigné des
habitations, des déchets plus conséquents et non
biodégradables à court terme (vieux mobilier, métaux,
gravats...).
Dans l'antiquité, des décharges urbaines, ou
dépotoirs, existaient déjà (et permettent aujourd'hui aux
archéologues de retrouver poteries, bijoux, etc.) Mais le système
des décharges urbaines est devenu au fil des siècles le moyen de
se débarrasser de plus e n plus de déchets, sans
préoccupation pour l'environnement (odeurs, émissions de gaz
méthane, risque d'incendie, pollution des terres). SIAKEU
J.,(2002)
A partir des années 1960, L'incinération s'est
développée en raison d'une offre nouvelle de matériel
d'incinération capable de traiter des quantités importantes de
déchets, et de la difficulté croissante de trouver des sites de
décharge urbaine. L'incinération consiste tout simplement
à brûler les déchets collectés. Malheureusement ce
traitement a de nombreuses conséquences environnementales qui n'ont pas
longtemps été prises en compte.
Entre temps est apparue l'idée que les décharges
pouvaient être une ressource à exploiter et non comme des rebuts
dont il faut se débarrasser. Par exemple, en extrayant les
matières premières des déchets puis en les recyclant, ou
en les brûlant pour produire de l'électricité.
Longtemps, les hommes ont eu le sens de la rareté, de
la limite de leurs ressources par rapport à l'ampleur de leurs besoins.
Tout ce qui était disponible devait être utilisé, rien - ou
presque - n'était jeté. Du fait des techniques limitées,
les prélèvements sur la nature restaient modestes et le recyclage
de toute forme de déchets était une nécessité. Il
en était ainsi des
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sociétés traditionnelles et le voyageur retrouve
cette attitude lorsqu'il traverse les villages les plus reculés de pays
en développement : chaque chose a sa valeur, son utilisation, et l'homme
y maîtrise encore le cycle de la matière.
La Révolution Industrielle qui commence à la fin
du XVIIIe siècle a fait rentrer l'humanité dans une autre logique
: celle de l'exploitation, du comportement prédateur, de l'utilisation
sans limites apparentes de ressources renouvelables ou non. L'évolution
des techniques a permis d'aller toujours plus loin, plus vite, plus profond. Il
suffisait de découvrir et d'exploiter. Peu à peu, de ressources
à mettre en valeur, les décharges, dont le volume augmentait de
pair avec l'urbanisation, sont devenus des nuisances qu'il fallait collecter de
manière discrète (l'invention à Paris du préfet
Poubelle en 1884), cacher ou enterrer, détruire en tout cas. Les
"petits" métiers du recyclage (les biffins et autres chiffonniers qui
avec leurs crochets fouillaient les poubelles, comme tous ceux qui dans le
tiers monde aujourd'hui écument les décharges non
controlées) ont disparu dans la deuxième moitié du XXe
siècle de la plupart des pays développés.
Mais au même moment, le monde commençait à
prendre conscience de ses limites. C'est notamment le fameux rapport Halte
à la Croissance que publie en 1972 le Club de Rome. C'est aussi le
moment du premier choc pétrolier et du grand choc de 1974 sur les
marchés des matières premières. A l'époque, les
principales préoccupations sont celles de la pollution et de la
disponibilité des ressources naturelles. Le Club de Rome a beau insister
sur la nécessité de traiter et de recycler les déchets,
son avertissement est vite oublié avec l'effondrement des prix mondiaux
qui marque la fin du XXe siècle.
La décharge sauvage a été la
première destination des déchets humains. Mais à
l'époque c'était sans conséquence puisque tous ces
déchets étaient soit inertes soit biodégradables. Au Moyen
âge, les déchets des citadins sont jetés dans la rue ou
dans les rivières. Cela pose des problèmes de salubrité.
Certains déchets sont récupérés par des
chiffonniers pour être recyclés. Au XIXe siècle, on se rend
compte que l'hygiène est importante pour prévenir des maladies.
En 1883, le Préfet de Paris, Eugène Poubelle, impose aux
Parisiens de jeter leurs déchets dans un récipient, qui a pris le
nom de "poubelle". Dans les années 1920, on crée des
décharges à ordures.
C'est donc à partir de 1992 que la collecte
sélective va réellement commencer à être
développée par les collectivités (communes ou groupements
de communes), responsables de la collecte et du traitement des déchets
ménagers. Aujourd'hui, une grande majorité des
collectivités ont mis en place des dispositifs de collecte
sélective des déchets ménagers.
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