Section 1 : Le circuit informel
Les transferts informels sont, par nature, difficiles
à appréhender, en particulier dans lecontexte actuel
marqué par une recrudescence des contrôles des opérations
de transferts auSénégal. Il n'en demeure pas moins que les
transferts dits « informels », qu'ils soientnationaux ou
internationaux, occupent une place importante. En effet, l'essor des nouvelles
technologies de l'information et de la communication (NTIC) notamment la
généralisation du téléphone et la couverture
réseau des zones les plus reculées, ont permis de
développer significativement un marché de transfert d'argent via
des circuits informels qui reposent sur les réseaux sociaux (relations
de parenté, de connaissance, d'amitié, etc.). C'est ainsi que des
masses énormes d'argent sont transférées bien plus que les
opérateurs formels. Ce sont les Puulars (ethnie du Nord du
Sénégal) qui ont été les premiers à mettre
en oeuvre des circuits de transferts informels en utilisant leurs
réseaux d'émigrés notamment dans les pays d'Afrique
centrale. Aujourd'hui encore, ils en sont les principaux utilisateurs, les
autres modou- modou notamment préfèrent davantage recourir aux
circuits formels (WU, etc.). Dans le circuit formel les coûts sont de
diverses formes : commissions, taxes et couts liés aux
transactions.
Au delà de ces coûts de transaction, certains
facteurs peuvent s'avérer compliqués pour une certaine couche de
la population:
ü identification formelle,
ü cultures étrangère et financière
limitée qui favorisent les canaux informels.
Ces derniers, s'ils peuvent s'avérer plus accommodants
ou faire partie intégrante de l'organisation de réseaux de
migrants, comportent des risques importants en particulier quand ils
s'effectuent directement en numéraire ou à la limite de la
légalité. Ils restent néanmoins, le plus souvent beaucoup,
plus compétitifs en termes de coûts que les canaux formels. Parmi
les risques et contraintes, nous pouvons noter :
ü le manque de liquidités,
ü l'insécurité (par exemple les risques de
détournement de fond)
ü la non-disponibilité du dispositif technique,
ü l'insuffisance de capacités et de
compétences,
ü le manque de confiance de la part de certains
migrants,
ü l'insuffisance de confidentialité,
ü les entraves politiques, réglementaires et
commerciales qui empêchent l'utilisationpotentielle des transferts de
fonds comme un produit avantageux pour les SFD,
ü le nombre d'IMF qui ont réussi à entrer
sur le marché est jusqu'ici relativement faible,
ü les institutions financières locales n'arrivent
pas à créer des produits et des instrumentsfinanciers novateurs,
en vue de répondre à la demande des
bénéficiairesdes transferts de fonds en raison de contraintes
précitées,
ü le grand besoin d'intermédiation
financière dans les communautés rurales,
ü les confiscations par la douane ou la police des sommes
transportées illégalement par les passeurs et en cas de non
remise des fonds au destinataire, des moyens de recours très
limités voire inexistants, absence de fonds de garanties.
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