4.2- Dépendance de l'adolescent par rapport a son
handicap physique
Le
handicap physique interfère dans les relations avec les autres et plus
particulièrement avec les amis, parents, l'entourage
" aidant ". Le besoin d'aide pour les actes quotidiens perturbe
parfois les sentiments et pèse sur les échanges
égalitaires entre les personnes qui s'aiment. La pitié peut
remplacer l'amour, l'autre ne devient plus qu'un objet de soin.
Le
manque de " reconnaissance de soi " dans une relation de
dépendance physique et l'image de soi
" dégradée " peuvent gêner, empêcher, les
rencontres affectives des adolescents handicapés, les amener à
rejeter les autres, les agresser ou exprimer un découragement, une
jalousie de ne pouvoir faire, réaliser ou au contraire les conduire
à s'installer dans cette dépendance.
La
dépendance peut entraîner de la part de l'entourage une
réelle infantilisation de l'adolescent handicapé : on pense pour
lui, on parle pour lui, on fait à sa place... La dépendance est
perte d'identité quand elle n'autorise aucune participation de
l'adolescent handicapé et peut être source de
démoralisation importante. La lourdeur de certaines prises en charge
médicales est insupportable. La rééducation, les
traitements, les soins rappellent sans cesse le quotidien, les contraintes de
ce corps différent d'autant plus qu'ils s'imposent plus souvent qu'ils
ne sont négociés, sinon expliqués, pour impliquer la
personne handicapée.
Par
contre on peut également considérer cette dépendance aux
autres comme un gain secondaire39(*) pour l'adolescent.
Toutes
ces difficultés renforcent aussi la culpabilité, celle de
l'adolescent handicapé. Pour y faire face, il faut trouver un juste
équilibre entre les peurs, les stress, les volontés, les besoins
de pouvoirs, les valeurs des uns et des autres pour assurer la dynamique de
l'adolescent handicapé et la " libération " de son
entourage qui a souvent du mal à trouver l'attitude juste, oscillant
entre surprotection et rejet.
4.3- efforts et réalisation de projets de l'adolescent
handicapé
Vivre
avec un handicap physique nécessite des efforts réguliers sinon
constants pour se déplacer, se mouvoir, communiquer, agir. Un simple
déplacement peut devenir un acte impossible à
réaliser.
« Toute
personne a besoin de se projeter dans l'avenir, de réaliser, qu'il
s'agisse d'un simple projet de sortie, d'un projet professionnel, d'un
désir de vie en couple, d'un désir d'enfant, d'un engagement
militant... Tout projet envisagé par l'adolescent handicapé se
heurte à une multitude d'obstacles matériels et humains
supplémentaires et demande pour aboutir plus de volonté, de
dépassement.
Il
devra certes dépenser plus d'énergie pour réaliser ce
qu'il souhaite mais il devra aussi, pour peu qu'un projet présente
quelques risques ou difficultés particulières pour être
mené à terme, convaincre ses interlocuteurs qui trop souvent ne
voient en elle que ses incapacités et déficiences et oublient ses
potentialités - car enfermés dans leurs préjugés,
leurs " étiquettes ", leurs valeurs. Pour l'adolescent
handicapé, il ne s'agit pas seulement de s'adapter, se défendre,
mais aussi de se situer, de construire une image de soi, d'être capable
de réalisations de projets, d'avoir des attitudes personnelles... en un
mot d'exister ».40(*)
* 39 Le gain secondaire
survient après coup comme un gain supplémentaire retiré
d'une maladie déjà installée et concerne des satisfactions
davantage narcissiques que libidinales. Le moi doit alors livrer un combat
défensif secondaire face au(x) symptôme(s) et pactiser avec lui
(eux) pour tenter d'en recueillir un avantage secondaire.
* 40 Association des
paralysés de France, Déficiences motrices et handicaps, Aspects
sociaux, psychologiques, médicaux, techniques et législatifs,
troubles associés. Paris : Association des paralysés de France,
1996, 505 p., p. 9-11)
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