3. Exemples de cartes stratégiques pour les IMF
Nous avons retenu deux modèles génériques
de cartes stratégiques proposés dans la littérature. Le
premier est issu d'une étude de cas de Labie (2005) sur les
institutions de microfinance. Le modèle est relativement simple est peu
développé mais il suit la philosophie de l'auteur, telle que
discutée précédemment, puisque l'axe financier se
concentre sur l'utilisation optimale des coûts et non sur la maximisation
du profit. Le second modèle a été élaboré
par le Microfinance Centre (2007) et correspond à la
philosophie de Meyssonnier et Rosolfo-Distler (2011) puisqu'il
intègre un cinquième axe stratégique au-dessus de l'axe
financier. Ces modèles sont présentés dans les deux
prochaines pages.
52
Perspective
|
Objectif
|
Indicateurs possibles
|
Financier
|
Couverture de l'ensemble des coûts (coûts du capital,
coûts organisationnels, coûts liés aux provisions pour
arriérés) au moyen d'une offre qui ait du sens du point de vue
économique que du point de vue social
|
· Degré de couverture des coûts
· Indices de dépendance par rapport aux
subventions
· Rapport entre taux d'intérêt
pratiqués et ceux du concurrent
· Coût total d'obtention d'un crédit pour un
client (en incluant les coûts de transaction qu'il supporte)
|
Clients
|
Satisfaction des clients
|
· Nombre de crédits successifs
· Durée moyenne de l'épargne
· Taux de croissance du nombre de clients
· Taux d'arriérés
|
Processus internes
|
Efficacité dans l'octroi de services financiers (ce qui
suppose une participation adéquate du personnel)
|
· Coûts organisationnels/volume de portefeuilles
· Taux d'arriérés
· Rotation du personnel
|
Innovation et apprentissage
|
Développement des produits qui correspondent aux souhaits
des clients
|
· Degré de satisfaction des clients par rapport aux
produits
· Rotation du personnel
|
|
Labie (2005) - Tableau de bord pour les
organisations de microfinance
Microfinance Center (MFC, 2007) - Carte
stratégique typique pour une IMF
53
Chapitre 4 : Cadre conceptuel 54
Le fait que certains auteurs ou institutions, comme nous
venons de le voir avec Labie (2005) et le microfinance center
(2007), intègrent une perspective sociale souligne l'importance de
considérer cette dimension à part entière. Son
intégration dans le modèle de Kaplan et Norton permettrait
éventuellement d'intégrer une étude de performance
financière et sociale au sein d'une même réflexion lors de
l'analyse d'une institution de microfinance. Comme le souligne Woller
(2007), les institutions de microfinance relèvent le
défi de développer un modèle d'affaire qui présente
un équilibre entre les performances financière et sociale.
« Extending formal financial services to poor and
hard-to-reach clientele necessarily entails higher costs and lower per unit
returns and is, susequently, harder to scale-up. The trade-off inherent in this
relationship creates incentives for microfinance institutions (MFIs) to move
up-market and away from their traditional poor clientele - a phenomenon known
as mission drift. »
(Woller, 2007 pg 14)
Cette dérive de la mission (mission drift) sur
laquelle insiste Woller semble être une menace importante du secteur de
la microfinance. En supportant une réflexion croisée des
performances financière et sociale, les gestionnaires seraient plus
à même de protéger leur institution de ce risque.
La présente étude s'adonne donc à un
exercice de compilation équilibrée d'indicateurs de performance.
Cet équilibre n'est pas évident, puisqu'il doit avoir une
dimension à court terme et à long terme, être accessible
à son utilisateur cible, être synthétique quant à
l'information fournie etc. Par conséquent, avant de présenter les
indicateurs de performance retenus, nous ferons un court rappel de la revue de
littérature pour mieux expliquer le raisonnement suivi en vue de retenir
certains indicateurs plutôt que d'autres.
Chapitre 4 : Cadre conceptuel 55
|