SECTION 2 : ARTICULATION ENTRE LES FRANCHISES
UNIVERSITAIRES ET LES CRISES UNIVERSITAIRES
«Mais dans quels pays au monde les franchises
universitaires sont-elles respectées même ?
Frappez-les !». Ces propos sont attribués à un
chef d'Etat Africain qui, débordé par une grève
d'étudiants, donnait l'ordre de réprimer durement cette
contestation. Pourtant, le respect des franchises universitaires, objet
d'enjeux divers, a de tout temps été une revendication
traditionnelle des acteurs du monde universitaire.
PARAGRAPHE 1 :
GÉNÉRALITÉ SUR LES FRANCHISES UNIVERSITAIRES
Les franchises universitaires sont définies
comme un ensemble de dispositions, de textes visant à créer un
environnement propice à la recherche, notamment à la
création de l'esprit sans aucune forme de contrainte. Il s'agit donc de
la liberté qu'ont les membres de cette communauté universitaire
de poursuivre leurs activités universitaires dans le cadre de
règles éthiques et de normes internationales établies par
cette communauté sans pression extérieure. Les franchises
universitaires riment avec liberté d'expression, d'association et de
manifestation.
Ainsi, l'article 1 des textes qui régissent les
franchises universitaires au Burkina Faso stipule que «l'enseignement
et la recherche impliquent l'objectivité du savoir et la
tolérance des opinions. Ils sont incompatibles avec toute forme de
propagande et doivent demeurer hors de toute pression idéologique ou
confessionnelle. A cette fin, des garanties leur sont conférées
appelées franchises et libertés universitaires».
Ce qui signifie que l'université étant un haut
lieu de la recherche et de l'autorité intellectuelle, les franchises
universitaires constituent donc les privilèges et immunités
accordés à la communauté universitaire et cela en vue de
favoriser sans pression aucune, la liberté d'opinion, de critique,
d'association et de manifestation.
Par ailleurs, les franchises universitaires riment avec
«l'esprit universitaire », c'est-à-dire la transparence,
le consensus dans les prises de décisions et surtout la
démocratisation de toutes les instances délibératives et
structures de l'université.
Mais malheureusement, cette liberté d'association, de
manifestation dont doit jouir la communauté universitaire et surtout la
question du maintien de l'ordre sur le campus ont toujours constitué un
point d'achoppement entre enseignants/étudiants et le pouvoir qui
s'accusent mutuellement de violer ces franchises universitaires.
Les franchises universitaires qui sont censées
définir les libertés syndicales, apporter le calme et la
sérénité sur le campus constituent souvent un obstacle
majeur à un climat de paix à l'université de Ouagadougou.
En effet, il n'est pas rare de voir des étudiants descendre dans la rue
manifester bruyamment leur colère suite à une descente des forces
de l'ordre sur le campus pour disperser un meeting ou empêcher une
assemblée générale.
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