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Analyse sociopolitique de la crise de l'enseignement supérieur au Burkina Faso: Cas de l'université de Ouagadougou

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par SIDI BARRY
Université de Ouagadougou (UO) - DEA Droit Public: Option: Science Politique 2011
  

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SECTION 2 : LE MOUVEMENT ENSEIGNANT BURKINABÉ

PARAGRAPHE 1 : CONTEXTE DE NAISSANCE ET ÉVOLUTION

Le mouvement enseignant au Burkina Faso est né autour des années 1950 avec la création du personnel enseignant africain qui se transformera plus tard en Syndicat des Personnels Enseignants de Haute Volta (SPEAHV), puis en Syndicat National des Enseignants de Haute Volta (SNEAHV).

Durant cette période, le syndicat enseignant n'apparait pas comme une force de contestation mais les évènements du 3 Janvier 1966 marquent un épisode fondateur de l'enracinement historique et la politisation du syndicalisme enseignant.

Marqué à ses débuts par l'hégémonie du MNL, le SNEAHV résiste à la confiscation du pouvoir par le régime de Maurice YAMEOGO, puis des régimes successifs. Par la suite, les professeurs estimant que le SNEAHV dominé numériquement par les instituteurs ne prenait pas suffisamment en compte leurs revendications corporatistes créèrent en Juillet 1972 le Syndicat Unique Voltaïque des Enseignants du Secondaire et du Supérieur (SUVESS).

Le SUVESS qui à son tour est dominé par des luttes hégémoniques se politise et se radicalise. En effet, les années 1970 furent une période de la montée de l'action revendicative d'autant plus que ce fut une période, où l'entrée dans la fonction d'enseignant entrainait ipso facto l'adhésion à l'organisation syndicale. Pour Bianchini34(*), « C'est ainsi que se construit la réalité et le mythe d'un contre-pouvoir redoutable pour tous les régimes voltaïques, qu'ils soient civils ou militaires».

PARAGRAPHE 2 : LE RÔLE DU MOUVEMENT ENSEIGNANT DANS L'ÉVOLUTION POLITIQUE DU PAYS

A partir de 1960, le mouvement enseignant est dominé par le MNL qui est un parti de la gauche dont la base sociale est la petite bourgeoisie urbaine majoritairement constituée d'enseignants. Le MNL encore appelé `'parti des enseignants'' contrôle le poste du Ministère de l'éducation nationale (1966-1970 et 1974-1977) sous le gouvernement de coalition du Général LAMIZANNA. Par la suite, tout au long des années 1970, l'hégémonie du MNL sera concurrencée par d'autres forces politiques comme le PAI et le PCRV. Ces conflits pour le contrôle de la direction du SUVESS vont entrainer une série d'exclusion des militants proches du PCRV qui, à leur tour vont créer l'année suivante le Syndicat des travailleurs de l'enseignement et de la recherche (SYNTER). La même année au cours du congrès, le PAI prend le contrôle de la direction du SUVESS.

Par ailleurs, cette période marque une effervescence et une instrumentalisation de l'action syndicale des enseignants dans le cadre d'une stratégie de blocage des institutions et de conquête du pouvoir. Cela a été le cas en décembre 1972 et janvier 1973 sous la Deuxième République ; ensuite, en avril 1979 à la fin de la Troisième République ou le SUVESS lance une grève pour revendiquer une indemnité de logement pour les enseignants. Enfin, le lancement de la plus longue grève des enseignants en octobre et novembre de l'année 1980 et qui a entrainé la chute du régime du Général Sangoulé. Cette grève dirigée par le SNEAHV s'articule autour des revendications suivantes :

- La correction à porter au bénéfice des instituteurs sur le déséquilibre administratif provoqué par le reclassement des instituteurs adjoints ;

- L'annulation du concours d'entrée à l'INAS de Paris, qualifié de `'pirate'' ;

- La réaffectation à leurs postes initiaux de Mr Ali Pascal Zoungrana et Baba Hamidou Ouedraogo.

Cette grève qui s'est poursuivie jusqu'au 24 novembre a duré 55 jours. Le lendemain, c'est-à-dire le 25 novembre 1980, le colonel Saye Zerbo renverse le régime et instaure le Comité militaire de redressement et de progrès national (CMRPN). Cette grève, fondée dès le départ sur des revendications corporatistes et méritocratiques est instrumentalisée par les forces politiques et débouche sur un coup d'Etat permettant ainsi au MNL-FPV de participer à la gestion du pouvoir du CMRPN.

Les dirigeants du SNEAHV présentent leur relation avec le nouveau régime du CMRPN en ces termes35(*) : « Si on nous permettait une métaphore pour expliciter notre pensée, nous prendrions les Régimes Politiques pour des vents du large et notre syndicat pour un Navire de haute mer. Les vents politiques du large qui ont prévalu jusque-là contre notre navire-SNEAHV n'ont été pour la plupart que des ouragans hostiles et dévastateurs. Mais grâce au sang-froid de ses passagers ainsi qu'à l'habileté de ses marins, notre navire-SNEAHV a toujours eu raison des ouragans les plus furieux, dont le dernier cyclone que nous avons traversé pendant 55 jours. Si un jour les vents du large devraient être pour le navire-SNEAHV de doux zéphyrs, nous rendrions simplement grâce au ciel pour que durent à jamais ces vents favorables sans changer pour autant notre cap d'un iota ».

Sorti vainqueur du bras de fer qui l'oppose au régime, le syndicat hérite une réputation de `'tombeur de gouvernement''. En même temps, il n'échappe pas au soupçon d'être un syndicat `'putschiste'' dont les mobiles réels seraient éloignés des aspirations des enseignants.

Mais `'la lune de miel'' entre le syndicat enseignant et le régime du CMRPN est de courte durée car quelques mois plus tard le droit de grève est interdit et une répression s'abat sur les militants de la Confédération syndicale voltaïque dont le SUVESS est membre. Il s'en suit un retour de la contestation syndicale dans un climat de succession de coup d'Etat et de régimes militaires (1982, 1983).

L'avènement du CNR le 4 août 1983 surprend le SNEAHV qui est en plein congrès. Immédiatement, le syndicat rédige une motion et appelle « les organisations démocratiques et de masse à se démarquer de la proclamation du 4 août 1983 et de son Conseil national de la révolution (CNR) »36(*) 

Cette déclaration est perçue par le nouveau régime comme un acte de défiance. Sommé de revenir sur sa déclaration, le SNEAHV refuse. Alors quatre (04) militants sont arrêtés. Il s'en suit une grève de protestation durement réprimée car les « grévistes » sont dégagés de la fonction publique, soit environ le tiers des enseignants du primaire. Le Ministère de l'éducation nationale est entre les mains du PAI qui est membre du CNR. Quelques mois plus tard, accusé de vouloir noyauter les structures du pouvoir révolutionnaire, c'est la rupture des relations entre ce parti et le CNR. Contrairement au SNEAHV, le SUVESS entretient de bons rapports avec le CNR et s'oppose à « l'anarcho-syndicalisme » incarné par la CSV influencée par le PAI.

* 34 BIANCHINI Pascal, Crises de la scolarisation, mouvements sociaux et reformes des systèmes d'enseignement en Afrique noire : cas du Burkina Faso et du Sénégal (1966-1995), thèse de doctorat, Université, Paris VII, 1997, 395cm, 30cm ; p86.

* 35 Conseil syndical extraordinaire, 6-7 juin 1981, La Voix des enseignants, 60, 1980-81 : P 6-7

* 36 SNEAHV, Travaux du XXVIIIe congrès tenu à Bobo Dioulasso du 2 au 7 août 1983 : P116.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand