CHAPITRE XI. SYSTEME POLITIQUE ET MODE DE
FONCTIONNEMENT DE NTIMANSI
Section 1. La démocratie pour la
confédération de Ntimansi
En Europe actuelle, la démocratie semble être en
crise. Les représentants élus n'ont plus la confiance de la base.
Le peuple veut de plus en plus se prendre en charge.
La forme de démocratie actuelle appliquée
indistinctement à toutes les sociétés semble être
inadaptée.
En Afrique où les sociétés sont
multinationales et divisées, l'application d'une personne une voix de la
démocratie universelle peut être dangereuse et suicidaire. Pour
dire vrai, c'est une démocratie belligène.
Les différents efforts d'adaptation ont donné
par exemple les pratiques diverses de la démocratie : nous pouvons par
exemple citer la démocratie participative, dite aussi démocratie
organique ou démocratie incarnée, la démocratie
communautaire, la démocratie d'opinion, la démocratie
consociative, et autres. Certaines pratiques de cette démocratie ont en
leur sein de variances. Le souci de la conception ici est lié à
l'adaptation de l'évolution des sociétés.
Dans l'actuelle forme de la démocratie, le souverain
primaire est totalement désemparé. Si les couches semi
lettrées sont désorientées par la supercherie de
l'élite politique, les masses laborieuses sont totalement
désorientées et déçues de ce qui se passe. Les
pratiques gouvernementales ont tendance à ne défendre que les
intérêts des élites. De ce qui précède, le
souverain primaire dans sa majorité ne se sent plus
représenté. Il crie d'ailleurs à la trahison.
La démocratie à adapter à la nouvelle
forme des sociétés a pour objectif d'adapter la prise de
décision politique et la gestion du système politique en entier
en tenant compte des variables déconstruisant.
Il sied de savoir de prime à bord que l'adoption de la
forme de l'Etat qui conviendrait au modèle multinational des Etats de
l'Afrique Centrale ne suffit pas. Comme ils sont tous des Etats divisés,
il est important de bien penser au type de gestion politique qui s'y
adapterait. Ce système ne peut être que le système
démocratique.
En effet, dans plusieurs cas, les principes de la
démocratie universelle n'ont rien résolu parce qu'étant
inadaptés aux réalités sociales de ces communautés.
Pour ce faire, il est important de penser au régime politique du type
particulier et au système politique capable de prendre en compte le
caractère divisant de ces sociétés.
1. De l'illusion de la démocratie
représentative.
Les analystes de renom ont stigmatisé les Etats
restés en marge de la civilisation démocratique. Il y a lieu
aujourd'hui de replacer les faits. De cette restitution, nous nous rendons
compte que ce que nous avons observé n'était qu'une illusion,
une farce et une idée frappe oeil.
En effet, à quels signes dire qu'il y a gouvernement du
peuple, les élections elles-mêmes ne constituent pas un
critère sûr, car elles peuvent être biaisées. Cette
définition correspond uniquement à l'organisation des pouvoirs
publics, mais elle ne spécifie pas ce qui est caractérisé,
une gestion démocratique des autres institutions en instance. Il faut
faire savoir avec simplicité de style scientifique que la
démocratie universelle actuellement enseignée est une farce,
mieux une illusion. S'il est vrai que tout le monde a le droit de vote, il est
aussi vrai que les souverains primaires ne présentent pas des programmes
politiques. Ils adhèrent à ceux qui sont cousus de toutes
pièces par les grands centres intellectuels. Ils sont objets de
propagandes politiques. Il faut encore penser qu'ils y adhèrent par
connaissance ou par conviction ou encore par simple attrait.
La démocratie, méthodiquement vidée de
son contenu, ne serait plus qu'un théâtre d'ombres ; elle serait
en train de mourir faute de combattants.
L'illusion de la démocratie contemporaine a
engendré un écart et un manque de confiance criant entre les
élus et leurs bases, entre le sommet et la base, les souverains
primaires ne croient plus aux politiciens, qu'ils ont élus parce qu'ils
ne font que leur propre politique sans vraiment tenir compte du peuple.
1. De la crise de la démocratie
contemporaine
Cette crise est exprimée par l'impuissance politique,
le manque de confiance des citoyens vis-à-vis de la classe
dirigeante..., à l'intérieur de plusieurs pays, on constate une
montée vertigineuse des extrémistes, l'abstentionnisme chronique,
le manque de confiance des citoyens vis-à-vis de la classe politique.
Malgré des similitudes, celles que les
démocraties connaissent aujourd'hui résultent surtout de
l'approfondissement du libéralisme, qui s'exprime par un individualisme
de masse et le triomphe des droits de l'homme. Désormais la
souveraineté de l'individu a supplanté la souveraineté du
peuple. Il y a un recul et même une «autodestruction douce» de
la démocratie. Son universalisme la conduit à vouloir se
dissocier de tout cadre historique ou politique et lui fait perdre son sens.
Dans certains contextes, comme celui de la France, la crise
s'est accélérée pour toucher les bases mêmes de la
vie politique. Par exemple, le parti politique n'est plus à vrai dire
une structure avant-gardiste de la démocratie. Ainsi, on peut encore
noter ....la démocratie s'en est prise au principe du pouvoir en
général et partout. Elle a universellement sapé les bases
de l'autorité du collectif au nom de la liberté. Elle a fait
passer au premier plan l'exercice des droits individuels, jusqu'au point de
confondre l'idée de démocratie avec lui et de faire oublier
l'exigence de maîtrise collective qu'elle comporte.
La crise actuelle est pathologique. Elle donne lieu à
la recherche des solutions de rechange. Elle peut être la
résultante de la déformation du parlement (Assemblée
nationale et Sénat) qui, s'autonomise au point de ne plus servir
l'intérêt des peuples et de tendre vers les intérêts
privés . Comme pièce de rechange, les vedettes de la politique
inventent des types, des modes d'expression pour traduire cette crise. Ainsi,
en France, on a noté la montée de ce qu'on a appelé la
démocratie d'opinion. Impuissance politique, manque de confiance des
citoyens vis-à-vis de la classe dirigeante..., la démocratie ne
se porte pas bien. Comment expliquer cette apathie ? Et surtout, comment
peut-on y remédier?... Désormais, la souveraineté de
l'individu a supplanté la souveraineté du peuple. Il y a une
évidence et même une «autodestruction douce» de la
démocratie.
Cette réalité a été
expliquée par Jürgen Habermas en ces termes :..., introduction du
Marketing en politique témoigne du glissement du citoyen aux
consommateurs puisqu'il consiste à établir de technique de
séduction et d'influence du comportement de l'électeur. Les
partis politiques se sont transformés en vendeur des programmes et ne
s'appuient non sur l'opinion publique, mais sur l'opinion non publique
(privée) recueillie grâce aux méthodes
d'échantillonnage, élaboré par le marketing politique.
Toujours est-il que l'emprise des médias et des sondages correspond
à ce que nombre d'auteurs nomment la démocratie d'opinion.
2. La démocratie rotative
C'est l'effort d'adaptation de la démocratie
universelle aux spécificités des sociétés de
l'Afrique Centrale. Dans la conception de bdk, le fédéralisme
multinational ne suffit pas, il n'est pas une fin en soi. Il doit être
accompagné d'un bon système politique. Ce dernier est la
démocratie. Cette démocratie partant des bases universelles doit
s'appliquer aux conditions sociologiques et culturelles africaines.
La démocratie rotative est susceptible
d'intégrer les différences culturelles, linguistiques et
politiques, les spécificités propres des sociétés
africaines. La démocratie rotative établie un équilibre
entre la reconnaissance de la diversité et la refondation d'un nouveau
pacte républicain.
C'est une démocratie post coloniale. Elle impose une
gouvernance concertée et consensuelle. Une gestion partagée par
la Nation et citoyens à travers les solidarités verticales
(fédérale, régionale et locale) et horizontale (politique,
économique et culturelle).
Son caractère post colonial est le fait qu'elle se
définit un système fondé sur le principe de l'unité
dans la diversité, un Etat pour plusieurs peuples.
C'est une démocratie fédératrice des
Nations, des citoyens, des langues, des religions, des cultures, des
territoires et des normes. Elle a l'avantage de garantir la survie.
Les préalables à l'application de la
démocratie rotative
1. Les sociétés africaines doivent adopter la
forme fédérale. Cad dépasser l'Etat unitaire centraliser
et l'idée d'une Nation unificatrice. Ceci devait s'appuyer sur certains
principes du fédéralisme comme celui de l'autonomie territoriale
et de l'unité dans la diversité.
2. Un agir ensemble concerté, un agir commun qui
qualifie une communauté et non un individu.
Contenu de la démocratie rotative
Le postulat de départ : dans les
sociétés divisées où il existe une certaine
catégorisation ethnique, raciale, communautaire, linguistique ou
religieuse, il s'ensuit une certaine segmentation différenciée
des composantes de la société. C'est-à-dire, une
communauté composée de groupes majoritaires et minoritaires, dont
les valeurs sont instrumentalisées pour présenter d'autres
revendications. Ainsi, la compétition politique serait grandement
faussée. En pareille situation, la démocratie universelle ne
peut plus être un gage de stabilité et de paix durable. Il y aura
une minorité qui n'arrivera jamais au pouvoir par le suffrage universel,
alors elle cherchera une autre voie pour y parvenir. La démocratie
rotative est une variance de la démocratie de consensus, de la
démocratie locale et participative. C'est une démocratie
décentralisée. Elle privilégie les facteurs sociologiques
instrumentalisables comme la religion, l'ethnie, la langue, la
communauté, la race, les éléments culturels.
Contenu proprement dit : la
démocratie rotative est une démocratie de consensus, une
démocratie locale et participative. C'est une démocratie
décentralisée. Son objectif est de fédérer les
facteurs sociologiques instrumentalisables. Il s'agit de : la religion,
ethnie, la langue, la communauté, la race et les éléments
culturels.
C'est une démocratie de proximité. Son objectif
est d'imposer une gouvernance démocratique. C'est une variante de la
démocratie consociative. C'est une démocratie communautaire. Elle
prend en charge les modèles de société complexe, des
sociétés divisée.
Elle peut être appliquée en RDC et dans tous les
Etats de l'Afrique Centrale et dans tous les Etats divisés. Cette
démocratie garantie l'équilibre inter étatique, inter
provincial, inter religieux. C'est un modèle souple.
Elle part de la base à la Centrale.
Avantages de la démocratie
rotative :
Ce modèle spécifique est construit sur base des
éléments sur les quels la division de la société
est organisée. La condition principale est que ces
éléments deviennent des structures de recours absolu pour la
gouvernance politique. Les cas du Rwanda et de la RDC et tant d'autres sont
illustratifs. Dans ces deux pays ci-haut cités, l'analyse des faits
à observer démontre que les ethnies ou les provinces sont
importantes dans le choix politique. La constitution elle même consacre
le recours à la géopolitique provinciale pour la nomination des
membres du gouvernement.
· Faire reconnaître et renaitre la confiance et le
vouloir vivre collectif, le renforcement de la cohésion et de la
solidarité nationale.
· Le renforcement du socle de l'unité nationale,
de la cohabitation pacifique entre les structures divisée.
· Gage d'une bonne intégration inter
provinciale.
· Atténuer, diminuer ou diluer les facteurs
divisant
· Faire des partis politiques des véritables
structures avant-gardistes de la démocratie, de la solidarité
nationale et de l'organisation politique
3. Organisation de la démocratie et choix
politique dans la démocratie rotative
Cette construction doit se faire autour dans toutes les
structures sociales. Ce modèle peut s'appliquer dans toutes les formes
de l'Etat en tenant compte des éléments divisant. Le
fédéralisme et la décentralisation se prêtent les
mieux.
Dans cette organisation
Dans cette organisation on doit partir de la base au
sommet :
- Du village
- Groupement
- Chefferie
- Quartier
- Territoire
- District
- Province
Toute cette organisation doit tenir compte des
spécificités de chaque niveau.
Le choix des dirigeants
Dans le choix, la rotation est fondée sur le facteur
divisant et non sur le parti politique. Dans le cas du Rwanda par exemple, elle
portera sur l'ethnie, pour l'Afrique du Sud, sur la race, pour la RDC, la
province.
Au niveau de l'Etat
fédéral : le président de la
République est élu au suffrage universel direct national. Tous
les candidats sont présentés dans une rotation (ethnique,
raciale, linguistique, religieuse ou provinciale). Pour la RDC, tous les
candidats sont présentés par une seule province. Il est
présenté après des primaires provinciaux. Ces primaires
commencent par une convention provinciale du Parti. Chaque candidat se
présente avec un colistier d'une autre province pour un mandat
déterminé par la loi sacrée du royaume.
Au niveau provincial : le choix est fait
sur base de représentation. Les membres de lusanga sont élus au
suffrage universel direct par toute la province. Les sièges sont
repartis équitablement selon les structures divisant (la race, l'ethnie,
la religion ou la province).
Les nzonzi élisent les membres de l'exécutif
provincial sur base d'un portefeuille équitable selon les groupes. Les
membres de l'exécutif choisissent un gouverneur qui coordonne en
respectant les mêmes principes. Dans une situation de plusieurs
communautés, la représentation de toutes est obligatoire. A titre
illustratif, s'il ya quatre communautés, l'élection se fera sur
quatre listes différentes.
Au niveau communautaire : même
chose qu'à la province.
Au niveau du village : le village est
l'unité de base dans ce modèle. Le principe de
représentation sur de base rotative est de rigueur. Le pouvoir politique
est composé d'un exécutif, d'un lusansu du village.
Le chef du village qui est élu sur base traditionnelle
doit être impliqué dans l'exécutif. Le lusansu suit la
rotation sur base de l'élément divisant.
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