2.2. La durabilité de l'action
Cette action pourra se maintenir car les populations se sont
déjà adaptées parfaitement au changement intervenu dans
leur vie. D'une part, elles ont réussi à trouver d'autres
substituts qui sont parfaits aux sachets plastiques « Leyda ». Ces
substituts sont faciles à utiliser, selon la plupart d'entre elles.
66,40% des ménages déclarent que les emballages actuels c'est
à dire les paniers de différents formats, les servent exactement
comme les sachets plastiques « Leyda ». D'autre part, presque
l'ensemble des populations a pris conscience de la dangerosité des
déchets plastiques pour leur santé et pour la nature. A travers
les enquêtes, 76,80 % des ménages sont conscients du danger que
les déchets plastiques représentent pour eux. 88 % des
ménages sont conscient des méfaits des déchets plastiques
pour les animaux et les plantes. Pour les commerçants, les
résultats sont relativement pareils. 64 % des commerçants savent
maintenant que les déchets plastiques sont nuisibles à leur
santé et 96 % des commerçants savent aussi que les déchets
plastiques ont des inconvénients pour la nature.
Les populations souhaitent vivement la pérennité
de cette action dans la ville de N'Djaména et son extension dans les
autres villes du pays. Elles conçoivent mal que cette décision
soit seulement appliquée dans la capitale et non pas dans les
provinces.
90,40 % des ménages non commerçants trouvent que
la décision d'interdire l'utilisation des sachets plastiques est une
bonne décision. Certains vont un peu plus loin dans leur
appréciation en précisant que c'est la meilleure solution pour se
débarrasser des déchets plastiques.76 % commerçants
trouvent que la décision d'interdire l'utilisation des sachets
plastiques est une bonne décision. Cette appréciation exprime
leur volonté et souhait de vivre sans sachets plastiques. Ils sont donc
contents de voir la ville sans déchets plastiques.
Certains citoyens affirment qu'ils ont même
déjà oublié les sachets plastiques et souhaitent que
l'action soit maintenue et étendue sur toute l'étendue du
territoire national. Cela montre le degré de leur adaptation à la
situation actuelle.
Mémoire de fin de formation en Analyse et Evaluation de
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Evaluation d'impacts socioéconomiques de l'interdiction
de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
2.3. La proposition des recommandations pour la
pérennisation et l'extension de l'action
2.3.1. Des recommandations pour la
pérennisation de l'action
Pour la pérennisation de cette action dans la ville de
N'Djaména nous recommandons une campagne de sensibilisation
répétée. Si la répression de la police a
été utilisée pour 28, 80 % des ménages non
commerçants et 33 % commerçants cela veut dire qu'en absence de
ces comités l'ordre ne sera pas respecté. Or si tous les citoyens
ont pris conscience du danger des déchets plastiques, personne ne
chercherait à utiliser les sachets plastiques « Leyda ». Avec
la situation actuelle où la répression a contribué
significativement à la réussite de cette action, il y a risque
d'utilisation clandestine des sachets plastiques « Leyda » dans
certains endroits la ville.
Une vigilance est recommandée aux autorités
municipales car s'il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour que
toutes les populations obéissent à la décision c'est que
certains sont vraiment réticents à l'action publique. Si les
autorités en charge de l'application de cette action ne sont pas
vigilantes, certains insubordonnés ou mal intentionnés vont
reprendre l'utilisation des sachets interdits. Même s'ils ne les
utilisent pas aux vues du public, ils risqueront de le faire clandestinement
puis ça pourra probablement prendre d'ampleur.
Si certains n'ont pas cessé d'utiliser des sachets
plastiques « Leyda » après avoir appris par la radio mais ils
ont attendu l'usage de la force. Cela signifie que cette sensibilisation n'a
pas été très efficace. Nous recommandons
l'amélioration de la sensibilisation par les médias afin que tous
les citoyens soient individuellement convaincus de la dangerosité des
déchets plastiques.
Ce ne sont pas seulement les déchets plastiques qui
rendent la ville insalubre. Mais seulement ils sont plus polluants que les
autres déchets. La divergence des appréciations des habitations
relatives au paysage de la ville indique que l'insalubrité de la ville
n'est pas seulement causée par les déchets plastiques mais aussi
par les autres déchets.
Pour rendre la ville complètement propre, nous
recommandons une amélioration de prestation des services municipaux.
Cette amélioration sera possible grâce à la volonté
de l'ensemble des agents de la mairie à se donner davantage à
leur service. Nous leur suggérons de voir leur prestation dans les
domaines suivants :
- sur le plan matériel : le renouvellement,
l'entretien, l'augmentation de leurs matériels d'évacuation des
déchets et également l'augmentation de l'approvisionnement de
leurs camions benne en carburant. Il n' ya que 36 camions bennes
opérationnels sur les 70 qui étaient mis à leur
disposition en 200965. La quantité de carburant mise
quotidiennement à la disposition des chauffeurs ne leur permet pas de
faire actuellement plus d'une rotation par jour. La quantité
insuffisante des bacs à ordures déposés devant les
concessions, il y a 3 000 bacs à ordures sur 13 000 bacs à
ordures prévus pour toute la commune66. Certains
achètent les bacs à ordures avec leur propre moyen. Pour ceux qui
n'ont pas de moyen pour s'en
65 Mairie de N'Djaména, 2011
66 Mairie de N'Djaména, 2011
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de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
N'Djaména-Par SELSOUBE SOUABE
approprier versent les déchets ménagers par
terre. Cette pratique rend le travail difficile aux agents chargés de
collecter les ordures urbaines.
- sur le plan organisationnel : l'augmentation du nombre de la
rotation pour l'enlèvement des déchets urbains. Avec une
fréquence d'une rotation par jour, l'équipe chargée
d'évacuer les déchets n'arrive pas à couvrir la ville.
Actuellement la quantité de déchets enlevés
quotidiennement est de 20 à 30 % de la quantité totale produite
chaque jour par la commune67. Or si les ordures ne sont pas
évacuées à temps elles s'accumulent et débordent
les bacs à ordures. Les ménages éprouvent souvent de peine
à les gérer. Ils finissent par les déposer par terre, ceci
rend l'endroit insalubre.
Nous recommandons également que cette mesure soit
appliquée sur toute l'étendue du territoire nationale. En effet,
certains colis en provenance d'autres villes (où la mesure n'y est pas
prise) sont emballés dans des sachets plastiques « Leyda ».
Cette pratique introduit les sachets plastiques « Leyda » dans la
capitale car les bagages des voyageurs ne sont pas contrôlés
à l'entrée de la ville.
2.3.2. Des recommandations pour l'extension de
l'action
Pour mener cette action dans d'autres villes du pays,
l'amélioration des moyens utilisés est nécessaire. Les
moyens les plus adéquats pour la mise en oeuvre de telle action sont les
spots publicitaires à la radio, à la télévision et
la campagne de sensibilisation dans les quartiers, les lieux publics. Mais leur
efficacité dépend de la manière dont ils sont
utilisés. Si les initiateurs les trouvent inefficaces, ils ont tendance
à faire recours à la force. Il faudrait donc bien appliquer les
premiers moyens pour réussir l'action envisagée.
Certains habitants que nous avons rencontrés lors de
nos enquêtes, ont estimé que la municipalité ne leur a pas
accordé de temps pour exécuter l'action. Pour faciliter la
réalisation du changement, il faudrait laisser un bref délai aux
populations afin qu'elles puissent s'adapter progressivement. Sinon elles
n'arriveront pas à exprimer clairement leur conception de l'action ou
bien elles trouveront que la décision est brutale.
Déjà deux autres villes tchadiennes,
Abéché et Moundou ont imité la commune de N'Djaména
en entreprenant la même action. Nous estimons que cette même action
pourra bien s'étendre sur toute l'étendue sur territoire
nationale s'il y a amélioration des moyens utilisés pour une
meilleure sensibilisation.
En dépit de l'apparition des impacts
imprévisibles qui ont causé un peu d'obstacle à cette
mesure, les impacts socioéconomiques sont remarquables et très
profitables aux habitants de la capitale.
67 Mairie de N'Djaména, 2011
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de l'utilisation des sachets plastiques « Leyda » dans la ville de
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