b- Le rôle du transport aérien dans le
soutien à la valorisation des destinations touristiques
"...Comme Nous l'avons vivement recommandé dans le
Message Royal que nous avons adressé lors de vos troisièmes
Assises tenues à Agadir au début de l'année
dernière, le projet de réforme de la carte du ciel vient
d'être achevé. Ceci permettra non seulement la
libéralisation du secteur, mais aussi une réduction du coût
du transport, une plus grande
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fluidité et une desserte appropriée et
directe entre les marchés émetteurs et les zones touristiques. De
cette façon, le transport aérien cessera d'être un handicap
dissuasif pour devenir un réel facteur persuasif de la politique de
promotion touristique". Extrait de la lettre royale
adressée le 12 février 2004 aux participants aux
4èmes Assises Nationales du Tourisme de Casablanca.
Dans le but d'accompagner la "Vision 2010" pour le tourisme et
afin de profiter des opportunités de développement offertes pour
le secteur du transport aérien au Maroc, le Ministère de
l'Equipement et du Transport a mis en oeuvre une politique de
libéralisation du secteur du transport aérien et d'ouverture
cadrée du ciel marocain.
La libéralisation, effectuée en 2004, et
l'entrée en vigueur de l'Open Sky en 2006 ont eu un impact positif sur
le tourisme au Maroc. En effet, en brisant le monopole public longtemps
exercé par la Royal Air Maroc (RAM) sur le trafic aérien, le
nombre de passagers a enregistré un essor remarquable, puisque il a
presque doublé, passant de 5,3 millions passagers en 2003 à 10,1
millions en 2007. Les touristes, parfois futurs résidents, et les
résidents ont ainsi l'occasion d'accentuer leur mobilité en
partance et à destination du Maroc.
« La libéralisation du transport aérien
constitue l'une des meilleurs façons de contribuer à la mise en
oeuvre d'une nouvelle politique touristique », comme mentionné
dans l'Accord Cadre de 2001. Les acteurs publics et privés sont
désormais conscients des synergies importantes qui existent entre le
tourisme et le transport.
Dans ce sens, les fréquences des vols internationaux,
de même que le nombre des passagers, ont augmenté sensiblement.
Ainsi, depuis 2004, le nombre de passagers a enregistré un taux de
croissance annuel moyen de 19% entre 2003 et 200733. Une
augmentation due majoritairement à l'introduction de nouvelles
compagnies aériennes régulières et low-cost. En 2004, il y
a eu l'entrée en vigueur de la compagnie aérienne low-cost «
Atlas Blue », filiale de la RAM, spécialisée dans la
desserte aérienne des destinations touristiques du Royaume, notamment
sur Marrakech, par des vols charters et réguliers point à point.
Il s'agit de Marrakech-Lille, à raison d'un à deux vols par
semaine, Marrakech-Nantes avec 3 vols par semaine, Marrakech-Marseille avec une
fréquence quotidienne durant la saison d'été, Paris-
33 Le Soir Echos, le 17 juin 2008.
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Marrakech, à raison de 4 vols quotidiens, 3 vols par
semaine sur la ligne Milan-Marrakech et 2 vols par semaine sur les lignes
Marrakech-Madrid et Marrakech-Barcelone. A partir de 2006, la compagnie
aérienne irlandaise « Ryanair », a inauguré à
son tour, des liaisons régulières avec Marrakech, Fès mais
aussi Oujda. Cette compagnie à bas coût, assure la desserte de
Marrakech et de Fès à partir de Francfort, Londres et Marseilles
Provence, comme elle opère à compter de l'année 2007, 3
vols hebdomadaires à partir de l'aéroport Girona de Barcelone
à destination de Marrakech. Néanmoins, il paraît que
l'augmentation des taxes d'atterrissage à l'aéroport de
Fès s'est soldée par la suppression des vols directs
assurés par Ryanair depuis la Grande-Bretagne. De toute évidence,
cela profite à Marrakech et à Casablanca et Fès en a
très lourdement fait les frais. Par ailleurs, dès 2006
également, un nouveau transporteur britannique entre dans le ciel
marocain. Il s'agit d'Easy-Jet, c'est l'un des leaders européens du
low-cost. Easy-Jet se démarque par les vols quotidiens qu'elle assure
entre Londres Gatwick et Marrakech, à des prix très attractifs et
une offre bien ciblée via Internet.
De surplus, cette politique d'open sky a permis de drainer
d'autres compagnies aériennes. Leur nombre s'élève
à quelques 46 compagnies aériennes depuis la
libéralisation, dont notamment : Corsair, Air Horizons, TUI Airlines
Belgium, Virgin express, SN Brussels, Hapag Lloyd, LTU Airline, Air Berlin, Air
Europa, First Choice Airways et Neos. Ces compagnies effectuent des vols
à partir de France, Belgique, Allemagne, Espagne, Grande Bretagne et
Italie vers les principales destinations touristiques du pays, à savoir
Marrakech, Fès, Essaouira, Rabat, Agadir, Ouarzazate, Tanger, Oujda et
Nador.
L'accord euro-marocain sur l'open-sky prévoit
également la suppression des limitations de nationalité et de
capacité pour toutes les compagnies européennes et marocaines
pour les liaisons entre l'Europe et le Maroc. En vertu de cet accord, les
compagnies marocaines et européennes peuvent desservir plusieurs
destinations européennes à la fois par le biais des escales,
à condition que le point de départ soit l'Union Européenne
(UE) ou le Maroc. Les compagnies européennes pourront également
desservir, à partir du Maroc, tous les pays
subméditerranéens concernés par la politique de voisinage
de l'UE34.
34 Le Matin, le 7 mars 2006.
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L'entrée sur le marché marocain de nouvelles
compagnies étrangères à bas prix, la multiplication des
lignes aériennes et l'augmentation de la desserte profitent beaucoup au
Maroc et aux touristes et futurs résidents étrangers. La demande
étrangère conditionne la stratégie de localisation des
différentes compagnies et confirme ainsi une valorisation
sélective de certains espaces en facilitant leur accès. Pour la
ville de Fès, et parallèlement à une faiblesse du nombre
des nuitées, des mesures ont été prises en vue
d'améliorer la dimension internationale de son aéroport et la
desserte sur la ville, parallèlement à une forte promotion de
celle-ci et de son patrimoine durant la période 2003-2004.
La vogue des Occidentaux pour les médinas marocaines
doit beaucoup à l'ouverture du Maroc sur la scène internationale
qui a été accélérée par la promotion du pays
et la médiatisation des images de son espace de vie traditionnel pour
développer son marché touristique, soutenue par l'ouverture du
ciel marocain et la multiplication des vols directs en provenance des pays
occidentaux et à destination des principales villes touristiques du
Maroc. L'élan pour les médinas confirme ainsi le choix de
certains d'envisager ces lieux comme des espaces touristiques à
consommer autrement que le temps d'un voyage.
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