Ils sont passés d'un seul étranger en 1997,
à 140 selon le Recensement Général de la Population et de
l'Habitat en 2004, pour devenir en l'espace de quatre ans quelques 233
étrangers dans la médina de Fès. Ces nouveaux touristes
résidant dans la médina sont de profils très
variés. En effet, ce qui nous a le plus marqué dans la
médina de Fès c'est le grand mélange des
nationalités différentes qui y existe actuellement (Cf. Carte
8).
Les français forment le groupe le plus important en
constituant 50% des étrangers. Ils sont suivis par les anglais avec 17%,
les américains avec un pourcentage de 9%, puis les espagnols et les
italiens avec environ 3% pour chaque groupe.
Par ailleurs, on trouve avec 2% et moins pour chaque
nationalité, les algériens, les irlandais, les australiens, les
allemands, les néerlandais, les canadiens, les britanniques, les suisses
et les norvégiens. D'autres nationalités sont
représentées par un seul habitant, telle une indienne, un
colombien, une vénézuélienne, un sud africain, un
néozélandais, une autrichienne, un irakien, et une famille
palestinienne (locataires). La médina est en effet devenue un vrai foyer
d'accueil des étrangers de partout dans le monde, s'inscrivant à
plein dans le processus de la
Carte 8.
96
mondialisation. Pour saisir l'importance de ce bouleversement
il faut rappeler qu'à la veille de l'Indépendance, il
était interdit pour un non marocain de s'installer dans la
médina.
Les Européens principalement représentés
par les français sont aussi majoritaires dans les autres médinas
de Marrakech et d'Essaouira, amplement touchées par ce
phénomène. Les touristes français représentent
depuis toujours la principale clientèle touristique à Fès,
atteignant en 2006, selon les statistiques du Ministère du Tourisme,
près de 25% du total. Ce sont, selon M.BERRIANE et H. SEBBAR (1999), des
vacanciers qui s'intéressent au « tourisme itinérant »
et programment souvent la visite de la ville impériale pendant leur
séjour au Maroc.
Il semblerait, cependant, que la population anglo-saxonne soit
de plus en plus importante. Comme nous l'affirme une touriste anglaise habitant
en médina, il semblerait qu'en Grande Bretagne comme aux Etats-Unis,
Fès est devenue une destination à la mode.
Ce qui est intéressant à souligner
également c'est la localisation de ces étrangers selon leur
nationalité. Les français, sont présents dans tous les
quartiers de la médina et sont les plus nombreux à investir en
maisons d'hôtes. Les anglais et les américains eux, se regroupent
essentiellement dans le coeur historique de la médina, à
côté des commerces et sites culturels principalement dans l'axe de
Tala'a Kbira et Tala'a Sghira et les quartiers qui les entourent.
Par ailleurs, les étrangers résidant en
médina sont pour la plupart jeunes. On y rencontre des habitants dans
les vingtaines, mais aussi et majoritairement des profils entre 30 et 50 ans
puis des retraités. On peut en effet, distinguer trois profils
différents de la manière suivante : les retraités venus
s'accorder une retraite paisible au soleil, les personnes entre les trente et
les cinquante ans, qui décident généralement de changer de
vie, et enfin ceux ayant reçu une bonne offre d'emploi à
Fès et qui décide de s'installer en médina.
Par ailleurs, ces nouveaux « touristes-habitants
»57, sont de profils socioprofessionnels importants. Ils sont
des gérants de sociétés ou de maisons d'hôtes, des
professeurs, des architectes, des ingénieurs, des médecins, des
guides...etc.
57 Pour reprendre l'expression utilisée par
le chercheur Anne-Claire KURZAC SOUALI, pour désigner les
étrangers qui s'installent dans les médinas marocaines.