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Le phénomène d'acquisition des anciennes demeures par les étrangers, un processus de mise en tourisme de la médina de Fès?

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par Widad Jodie BAKHELLA
Université Mohammed V  - Master recherche en aménagement, développement local et gestion des territoires 2008
  

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I- Les propriétés étrangères dans la médina de Fès : D'une installation sporadique à un ancrage du phénomène

L'installation des « touristes-résidents » dans la médina de Fès obéissait au début à une sélection bien claire de quartiers et de maisons avant que le phénomène ne prenne une grande ampleur, faisant tâche d'huile dans le reste de la médina. Le type d'investissement joue aussi en faveur du choix d'un quartier au détriment d'un autre, surtout quand il s'agit de transformer sa demeure en un lieu de commerce généralement sous forme de maison d'hôtes.

1- Répartition spatiale des propriétés étrangères dans la médina de Fès : Des logiques de localisation sélectives

D'après nos observations, jusqu'à la fin du mois de juillet 2008, quelques 233 étrangers ont acheté près de 251 maisons dans la médina de Fès. Le choix du quartier d'installation par ces nouveaux habitants répond à des exigences bien précises (Cf. Carte 7).

En effet, les étrangers jugent le quartier selon différents critères. Le calme, la sécurité, l'accessibilité, l'emplacement, le prix, le voisinage...etc. Autant de logiques qui interviennent, à des degrés différents, dans le choix du quartier chez les différents étrangers. Au début du processus de la mise en tourisme engagé par ces nouveaux venus, les installations étrangères étaient limitées à certains quartiers. Le choix par les pionniers du quartier d'installation était surtout lié aux qualités architecturales de la maison. Ainsi, les toutes premières maisons achetées se trouvent au coeur du centre historique dans le quartier Qarawiyine. Depuis, et en raison de la forte demande, les achats se diffusent peu à peu dans l'ensemble de la médina. En général, les étrangers préfèrent s'installer dans les quartiers calmes, et la sécurité passe avant tout autre critère. Les quartiers jugés sûrs sont généralement ceux qui se trouvent dans la partie ouest de l'oued Boukhrareb, appelée Adwat Al Qarawiyine. Ils préconisent ainsi l'installation dans les quartiers ouverts et aérés, dans lesquels ils se sentent le plus en sécurité et où ils peuvent vivre calmement loin des foules de Tala'a Kbira et Tala'a Sghira, notamment à Batha, Douh, Ziat, Aïn Azliten et Lamtèyene.

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Carte 7.

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L'accessibilité, est également un facteur important pour l'achat d'une demeure. Dans une médina aussi grande que celle de Fès, les premières vagues d'étrangers se sont installées près des grandes portes menant à la ville nouvelle, des voies carrossables, des parkings et des stations de taxis (Batha à l'entrée de la médina, Ziat, Douh, Zerbtana près de Bab Boujloud, Aïn Azliten, longeant la muraille à l'ouest et du côté de la percée de Bab R'cif). Ceci est le cas surtout pour les étrangers voulant convertir leurs demeures en maisons d'hôtes, afin de faciliter l'accès des touristes à ces maisons.

Hormis le facteur d'accessibilité, d'autres raisons interviennent dans le choix de la localisation, mais cette fois-ci en relation avec la situation centrale du quartier. La vue panoramique a été un critère de choix des premières maisons d'hôtes étrangères ouvertes dans la médina, notamment du côté d'Aïn Azliten donnant sur des espaces verts. Le phénomène de reconversion des demeures anciennes en maisons d'hôtes a commencé au quartier Batha, puis Ziat et Douh pour ensuite toucher d'autres quartiers comme Tala'a, Fondouk Lihoudi et Zenjfor. En effet, ces quartiers bien localisés abritent des maisons de type néo-traditionnel, relativement encore en bon état et de grande taille, idéales pour être aménagées en maisons d'hôtes51.

Par ailleurs, d'autres étrangers résidant de façon permanente dans la médina, préfèrent habiter à proximité de leur lieu de travail ou à côté des commerces, des souks de fruits et de légumes et des sites culturels. Ce qui explique la concentration des propriétés étrangères dans les deux axes parallèles de Tala'a Kbira et Tala'a Sghira. Réputés également pour leurs belles demeures de l'époque des Mérinides.

Un autre critère pas moins décisif que les précédents, est celui du prix. En effet, face à la grande demande étrangère en anciennes demeures de la médina et avec l'élargissement de la gamme des acheteurs pour regagner les étrangers de la classe moyenne, les prix de l'immobilier ont incroyablement doublé, surtout dans les quartiers au fort succès, qui obéissent aux différents critères de choix mentionnés antérieurement. Ainsi, les zones jusque là rejetées, pour des raisons d'inaccessibilité ou d'insécurité, gagnent en importance. C'est

51Selon l'Arrêté ministériel n° 1751.02 du 23 chaoual 1424(18 décembre 2003) fixant les normes de classement des établissements touristiques : « La maison d'hôtes classée «première catégorie » doit disposer d'un minimum de (05) chambres et/ou suites et d'un maximum de trente (30) chambres et/ou suites.

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ainsi, que les étrangers ont commencé à s'aventurer encore plus au fond de la médina, mais aussi, et au cours de l'année 2008, dans les quartiers du côté Est de la médina, appelé Adwat Al Andalous, notamment à Bab Khokha, jugé extrêmement dangereux, et où les maisons sont plutôt récentes. En effet, au lieu d'acquérir une maison à Ziat à 100 Millions de Dirhams, les étrangers peuvent en avoir une similaire dans d'autres quartiers moins accessibles mais à moitié prix.

Le choix du quartier peut, par ailleurs, être conditionné par la maison elle-même, suite à de longues recherches décevantes ou par amour de son architecture. C'est généralement les habitants de nationalité américaine et anglaise qui sont les plus sensibles à ce dernier aspect. Ils sont séduits par les maisons de statut Habous qui n'ont jamais été restaurées et qui gardent de ce fait leur authenticité, comme c'est le cas des maisons du quartier Chrablyine.

A Fès, les maisons acquises ou occupées par des étrangers se trouvent pratiquement dans tous les quartiers. Elles se concentrent, cependant, dans la partie ouest de la médina avec des groupements dans les axes de Tala'a Kbira et Sghira, le quartier de Batha et Ziat, Qarawiyine et Chrablyene. Les préférences de localisation sont assez sélectives en fonction de la sécurité du quartier, son accessibilité et son environnement. Avec l'évolution des prix du marché de l'immobilier, le mouvement d'achat s'est déplacé vers d'autres quartiers jusque là moins attractifs. Il a ainsi touché des espaces géographiques plus étendus en médina et une gamme de bien immobiliers plus large (dar, riad, petites demeures réunies), selon l'usage qui en sera fait.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault