1.1 Contexte et justification
L'importance et la valeur des forêts sont incontestables
dans les pays du monde entier dans la mesure où elles interviennent pour
fournir aux populations des ressources alimentaires, médicinales, des
ressources pour l'habitat, comme pourvoyeur de papier, de matériaux de
construction et de combustibles. Elles constituent un maillon clé entre
l'atmosphère, la géosphère et l'hydrosphère (ACCT,
1998).
Dans le contexte de démographie galopante que
connaît le monde, la pauvreté qu'elle entraine, nos forêts
subissent d'énormes pressions anthropiques. La dégradation
continue des ressources naturelles en général et des ressources
forestières en particulier se trouvent aujourd'hui au centre des
préoccupations majeures des pays en développement dont le
Bénin (PAPF, Ketou-Dogo 2010-2019).
Il est important d'inverser le processus de dégradation
des ressources forestières afin d'assurer un développement
harmonieux des activités d'exploitation par les populations riveraines.
Le secteur forestier dans le but de contribuer au maintien de la
biodiversité a mis en place des systèmes d'exploitation durable
des ressources naturelles en subissant de profondes mutations structurelles,
législatives et réglementaires à partir de 1989 (PAPF,
Ketou-Dogo 2010-2019). .
Ces réformes, rendues possibles grâce à la
volonté politique du Gouvernement béninois, se sont traduites par
:
? la promulgation et la vulgarisation de la loi 93-009 du 02
Juillet 1993 portant régime des forêts en République du
Bénin et la prise du décret n°96-271 du 02 Juillet 1996
portant modalités d'application de ladite loi;
? l'adoption d'une nouvelle politique forestière en
1994 suivie de son plan d'actions prioritaires ;
? l'adoption et la promulgation de la loi 2002-16 du 18
octobre 2004 portant régime de la faune en République du
Bénin.
L'une des innovations majeures de ces réformes est
l'implication des communautés dans la gestion durable des ressources
naturelles en général et celles forestières en particulier
sur la base d'une méthode consensuelle qui est l'approche
participative.
L'approche participative vise à assurer la
durabilité de la gestion des forêts, en engageant les
communautés locales, qui dépendent de ces ressources, dans le
processus décisionnel afin qu'elles conservent un contrôle sur les
usages et les bénéfices qui découlent de leur
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exploitation (Chouinard et Perron, 2002 ; Gareau, 2005 ;
Djogbénou, 2005 ; Dhubhàin et al., 2008). Ainsi, le plan
d'aménagement participatif forestier paraît l'outil indispensable
et nécessaire pour une meilleure gestion de nos forêts.
La Forêt Classée de Tchaourou-Toui-Kilibo fut la
première qui a bénéficié de l'élaboration et
de la mise en oeuvre d'un plan d'aménagement participatif avec une large
implication des communautés riveraines. Ce plan a été
approuvé par le Gouvernement Béninois le 22 Novembre 1996 suivi
de la signature du contrat de mise en oeuvre avec les populations
riveraines.
Cette grande première dans l'histoire du secteur
forestier a suscité beaucoup d'engouement tant dans le milieu villageois
qu'au sein de l'administration forestière. Ainsi, d'autres domaines
forestiers font aujourd'hui l'objet d'aménagement participatif. Il
s'agit des Forêts Classées de la Sota, de Goungoun, de
Pénessoulou, de l'Ouémé Supérieur-N'Dali et la
Rôneraie de Goroubi. Dans les années 2000, les forêts
classées d'Agoua, des Monts-Kouffé et de Wari- Maro ont aussi
bénéficié de leur plan d'aménagement avec la prise
en compte de la dimension décentralisation consacrant ainsi la
présence d'un nouvel acteur : la Commune. Cependant, force est de
constater que l'attente mise dans la réalisation et la mise en oeuvre de
ces plans n'a pas été complètement comblée. Avant
l'élaboration et la mise en oeuvre de ces plans d'aménagement
participatif, les forêts classées n'étaient pas
officiellement ouverte aux interventions des populations, même si on
notait des exploitations et des occupations illégales de ces
forêts. Une fois ces forêts dotées de PAPF, les actions
telles que l'exploitation, le reboisement, la culture vivrières, la
transhumance, le tourisme sont autorisées, ce qui va d'ailleurs amener
à des dérapages et à une mauvaise gestion de ces
ressources. Cet état de chose a entrainé une déforestation
très rapide de ces écosystèmes sensés être
conservés.
Pour y remédier il serait donc judicieux de faire une
analyse sur la mise en oeuvre de ces plans d'aménagement participatif
afin d'en ressortir les difficultés qui empêche sa
réussite.
Le choix de la forêt classée de TTK se justifie
dans la mesure où elle est la première forêt à
être dotée d'un PAPF et paraît également aujourd'hui
la plus dégradée. Selon les prescriptions dudit PAPF il sera mis
en oeuvre sur une durée de dix (10) ans. Ainsi en 2011 ces forêts
classées ont fait l'objet d'un nouveau plan d'aménagement. Il est
alors nécessaire de faire une évaluation des dix premières
années de mis en oeuvre du plan.
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