I.2.5. Proposition d'une
nouvelle grille de classification des placements de produits
Au final, et dans le but de clarifier davantage cette
méthode de communication, on pourra donc reprendre cette classification
en détail, et retrouver ainsi sept catégories, dont
l'explicité du message va en croissant :
Type de placement
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Caractéristiques du placement
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Qualité du message
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Placement furtif
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Placement visuel.
Le code graphique de la marque est difficilement
repérable.
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Implicite - -
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Placement évocateur
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Placement visuel.
Le code graphique, sans la représenter formellement,
identifie clairement la marque.
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Implicite -
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Placement institutionnel visuel
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Placement visuel en arrière plan.
Le produit est identifié par un panneau publicitaire ou un
logo
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Implicite
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Placement classique
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Placement visuel avec utilisation.
Le produit est clairement identifié, et utilisé
d'une manière naturelle à l'écran.
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Implicite +
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Placement institutionnel oral
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Placement oral.
Le produit est cité par un des acteurs mais n'est pas
présent à l'écran.
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Implicite ++
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Placement institutionnel oral et visuel
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Placement oral et visuel.
Le produit est cité par un des acteurs et est visible
à l'écran.
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Explicite
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Placement classique et institutionnel oral
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Placement oral et visuel.
Le produit est cité et manipulé par un des
acteurs.
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Explicite +
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Tableau 1. Proposition de classification des placements de
produits.
Lehu 2005 ; Shapiro 1993.
En outre, dans ses récents travaux, Isabelle Fontaine a
mis en évidence deux dimensions objectives supplémentaires qui
permettent d'affiner la classification : il s'agit de la
proéminence de la marque à l'écran et de son
caractère central ou périphérique pour le
déroulement de l'intrigue. Pour être presque exhaustif, ces deux
critères pourraient donc être intégrés au tableau
présenté ci-dessus, en déclinant chaque type : on
aurait donc un classement furtif central proéminent, furtif central non
proéminent, furtif périphérique proéminent, etc. On
verra plus tard l'effet de ces différents types de placement sur la
mémorisation et l'attitude du consommateur.
I.3. Une pratique qui
s'inscrit dans une vision globale du marketing
I.3.1. La théorie du
chaos, ou comment la publicité traditionnelle arrive à son
déclin
Bob Garfield, dans son livre The Chaos Scenario
(2005), présente ce qu'on pourrait appeler en français la
théorie du chaos, qui met en exergue les difficultés croissantes
de l'industrie de la publicité « classique », celle
qui consiste à intégrer des spots télévisés,
payés à la durée, dans les encarts publicitaires des
chaînes de télévision. Selon lui, tous les
éléments sont présents pour la chute prochaine de cette
méthode de communication. En effet, alors que l'audience
télévisuelle de la télévision câblée
aux Etats-Unis a diminué de plus de 2% dans les dix dernières
années, le coût pour atteindre 1 000 foyers en prime time est
passé de 7,6 dollars en 1994 à 19,9 dollars en 2004, soit une
augmentation de plus de 250%. En outre, sur les 5% de foyers
équipés d'un magnétoscope numérique, 70% d'entre
eux en profitent pour « zapper » les plages de
publicité.
Le marché de tels équipements étant en
plein essor, il semble indispensable pour les départements marketing de
repenser leurs campagnes de communication afin de s'adapter au bouleversement
en cours. Shawn Burns, Directeur Général de l'agence de conseil
en marketing Wunderman à Paris, explique que des recherches ont permit
de montrer que le coût réel pour obtenir 30 secondes d'attention
de la part du consommateur est aujourd'hui aussi élevé qu'avant
même l'invention de la télévision. Dans ces récents
travaux, Giovanni Lunghi (2003) appuie ces faits, énonçant que
« le coût pour atteindre le même impact lors du
lancement d'une marque de chocolat a été multiplié par dix
dans les vingt dernières années ». Il
préconise donc l'utilisation de moyens détournés pour
s'assurer de l'efficacité d'une campagne marketing.
Ainsi, alors que les tarifs d'achat d'espace sont en forte
augmentation, les annonceurs cherchent de nouvelles opportunités pour
que leurs investissements en communication soient rentables, même si
David Poltrack, Vice Président de la recherche chez CBS, campe sur ses
positions en expliquant que « à moins que quelqu'un trouve un moyen
plus efficace pour communiquer sur un produit, le marché de la
publicité télévisée se maintiendra »
(Garfield 2005).
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