L'exemple nantais
Il est possible que le moment soit bien choisit pour proposer
une telle approche dans la ville de Nantes. En effet, la pratique des baux
précaires est existante dans la ville depuis la fin des années
1980 et le réaménagement du quartier Madeleine - Champs de Mars
par Nantes Métropole Aménagement. Quartier faubourien au
passé industriel, artisanal et commerçant, il présentait
alors les caractéristiques des espaces visés par le
renouvellement urbain, en associant friches industrielles et habitat
dévalorisé, à proximité directe du centre-ville. Le
renouvellement des zones bordant ses quais, vidées par la
désindustrialisation, s'est fait au gré des opportunités,
avant que la Ville ne choisisse, en 1986, d'y implanter la Cité des
Congrès et de développer un site d'immeubles tertiaires dans sa
frange Est. Mais le quartier a suscité des ambitions d'initiatives
individuelles qui ont contribué à inscrire cet espace urbain, de
forme urbaine pittoresque et de valeur foncière attractive, dans un
processus de mutation durable. Aujourd'hui en effet le quartier s'est
embourgeoisé et les ateliers installés au détour d'une
venelle ou au fond d'une cour se font plus rares, remplacés
progressivement par des activités plus pérennes, agences
d'architectures, sociétés de communication ou de graphisme.
Ces pratiques culturelles ont ainsi certainement joué
un rôle dans l'implantation spontanée d'activités
professionnelles dans le quartier, apportant ainsi une mixité qui
n'était peut-être pas anticipée dans les objectifs de
programmation affichés par l'aménageur et la ville. En outre,
elles ont montré à la collectivité la capacité des
artistes à composer avec des espaces bâtis en tout genre, et ont
mis en avant leur effet moteur pour le développement d'un réseau
artistique reconnu aujourd'hui en dehors des frontières nantaises. En
effet, une telle approche a permis à la ville de prendre soin et de
favoriser le développement de réseaux culturels, qui
s'enrichissent en étant regroupés et en échangeant. Nantes
est aujourd'hui une ville reconnue pour la créativité de son
vivier d'artistes.
Et les artistes installés sur Madeleine-Champ de Mars
ont du se retirer progressivement du quartier avec le phénomène
de gentrification de ce dernier. De la même manière, la pratique a
été reprise sur l'Ile de Nantes, laquelle connaît
aujourd'hui un début d'embourgeoisement similaire. Il est donc à
parier qu'il réside une demande de locaux dans la ville, à
laquelle le Bas Chantenay serait en mesure de répondre d'ici quelques
années, lorsque le projet aura pris sont rythme de croisière.
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