INTRODUCTION
La ville s'est toujours construite à travers
l'intervention d'une forme d'autorité, depuis les principes
érigés par les rois d'Egypte antique jusqu'aux grands plans
d'urbanisme de l'après-guerre en Europe. Aujourd'hui en France tout
projet urbain d'envergure est planifié et piloté par un
maître d'ouvrage opérationnel dépendant directement de la
puissance publique (commune, communauté de commune, département,
région ou Etat). Cette manière de fabriquer la ville demande une
réflexion préalable sur les intentions à développer
dans le projet, aussi il existe de nombreux textes faisant état des
idées et principes développés autour de la notion
d'urbanisme.
En effet, si la paternité du terme
« urbanisme » est attribuée à Idelfonso
Cerdà dans son ouvrage Théorie générale de
l'urbanisation publié en 1867, la ville a toujours
été un sujet de réflexion récurrent chez les
penseurs. Et depuis la fin du XIXe siècle, de nombreux auteurs se sont
penchés sur la question, proposant chacun leur propre approche :
sociologique bien sûr, mais aussi anthropologique, architecturale,
artistique, voire même philosophique.
Un projet urbain est fait de cette multitude de sujets
d'approche et d'acteurs ayant des visions et des objectifs, non pas
opposés, mais différenciés : le politique pense
à son électorat, les riverains à leur confort
immédiat, les services techniques au bon respect des normes... Ceci est
particulièrement vrai au moment du démarrage d'un projet,
là où tout reste à faire, là où le
maître d'ouvrage a des velléités d'innover, de voir grand,
d'avancer vite. Il sait qu'avant d'enclencher l'aménagement en tant que
tel, il lui faut s'attirer l'adhésion, ou l'approbation, de l'ensemble
de ces acteurs du projet urbain. Dans une première partie, c'est cet
aspect du projet que nous désirons approfondir à travers
l'exemple de la gouvernance du projet de renouvellement urbain du Bas
Chantenay, son histoire, ses acteurs et la manière dont on a
cherché à impliquer les acteurs principaux, élus et
maître d'oeuvre, avant même que le projet ne débute.
Il faut à l'aménageur une volonté
politique forte bien sûr, mais aussi une analyse fine du territoire
concerné pour en faire ressortir les enjeux et les contraintes
techniques, règlementaires ou sociales, d'espace, de rapport à la
nature, afin de se doter d'un schéma d'aménagement qui soit
cohérent avec toutes ces contraintes et qui réussisse à
faire la somme de tous les points de vue. On s'attachera dans une seconde
partie à explorer cet aspect tout aussi primordial, à travers la
mise en lumière des thèmes et éléments urbains
identifiés par la maîtrise d'ouvrage, mais aussi par les
maîtres d'oeuvre candidats lors de l'énonciation de leurs
premières intentions.
Enfin, pour approfondir l'approche et aborder l'aspect
opérationnel du projet, nous identifierons dans une dernière
partie les quelques stratégies qui se profilent d'ores et
déjà, soit parce qu'elles découlent d'approches
identifiées à ce stade (la question du foncier notamment), soit
parce que ce sont des stratégies qui ont été mises en
places dans des projets similaires et que l'on estime indispensables pour la
bonne gouvernance et le bon amorçage du projet (la
nécessité d'engager un processus de partenariat qui implique les
acteurs locaux présents sur le site et qui autorise
l'éphémère, le temporaire).
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