CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre parcours qui a porté sur la
problématique de la fondation épistémologique des
sciences de la culture, le moment vient pour nous de jeter un regard
panoramique, rétrospectifs voire synthétique de l'ensemble de
notre travail. Nous devons savoir que la science se présente de nos
jours comme la plus haute réalisation dans le processus du
développement de la connaissance. Cette science ne s'occupe pas
seulement de la nature ou de la physique, c'est-à-dire l'ensemble de
propriétés générales de corps, elle
s'intéresse aussi aux différentes productions liées
à la nature humaine. C'est dans ce contexte qu'il faut situer les
sciences de la culture comme science qui s'occupent de productions de
l'homme : l'art, religion, histoire, langage et la science etc. C'est
ainsi que l'objet de notre étude a consisté à rechercher
les spécificités de chaque sciences, en vue de fonder
épistémologiquement les sciences de la culture dites aussi les
sciences de l'homme.
En effet, nous sommes partis d'un constat selon
lequel, les sciences de la culture sont restées au banc des
accusés, c'est-à-dire que les études et les recherches
dans ce domaine ne sont pas approfondies, voire qu'il n y a pas les pulsions de
recherches poussées dans ce domaines. Les études sur les sciences
de la culture demeurent encore au niveau des discussions dans les colloques, au
niveau des débats aux conférences etc. En plus, les
désavantages dans les recherches en sciences de la culture est visible
dans le processus du développement des sciences. Au moment ou
l'épistémologie des sciences de la nature et conçue comme
une théorie ayant déjà trouvée sa place au sein de
la communauté scientifique à travers les différentes
publications, l'épistémologie des sciences de la culture se
présente comme un vague des commentaires, des discussions qui n'ont pas
encore une assise rigoureuse dans la compétition de sciences.
Raison pour laquelle, la présente étude
a consisté a montré que du point de vue scientifique,
l'épistémologie de sciences de la culture est conçue comme
étant une théorie qui analyse les éléments qui
entrent enjeu dans la scientificité de ces sciences. Donc pour nous, les
sciences de la culture sont aussi considérées comme les sciences
de la nature, sauf que les voies pour atteindre l'objectivité et la
scientificité ne sont pas les mêmes. Pour atteindre notre
objectif, certaines stratégies ont été mises en exergue.
D'abord le premier chapitre qui aborde l'approche historique et
méthodologique des sciences de la culture dans l'histoire des sciences.
Dans cette histoire, nous avons constaté que les sciences de la nature
à travers la généralisation des paradigmes, ont
dominé presque tous les domaines du savoir. Dans ces périodes,
l'on ne pouvait que jurer au nom de la science physique. Ainsi, la physique
était considérée comme le seul modèle de
référence pour calquer une science. Cette absolutisation des
sciences de la nature s'explique par le fait que, l'ouverture de la
réflexion philosophique a été orientée plus du
coté de la nature ou de la phusis. Car, tous les physiologues qui
étaient aussi philosophes ne juraient qu'au nom de la nature. C'est
ainsi, cette réflexion a perduré au cours du processus du
développement de la pensée et l'étude de la nature
dénoua le seul paradigme.
En effet, la pensée primitive et mythique
considérée aussi la nature comme étant le seul
modèle de référence. C'est ainsi qu'elle trouva au sein
d'elle l'idée de l'ordre, de l'harmonie et de l'ordre. De ce fait,
comme la physique demeurait le prototype de la connaissance, elle trouvait
également son essence dans les sciences mathématiques. C'est
pourquoi, l'idéal de la mathesis universalis de Descartes trouvait son
compte dans ce contexte. D'ailleurs, la physique s'appelait la
mathématique naturelle pour cette raison. Pour illustrer cette
idée, beaucoup d'exemple ont été triés dans
l'histoire des sciences, il s'agit par exemple de Spinoza qui articule son
éthique sur les axiomes de la géométrie, Platon qui
inscrivait au fronton de son académie que nul n'entre ici s'il n'est
géomètre, Newton qui a complété sa
théorie de la nature avec les principes mathématiques etc. comme
on peut le constater, une telle hégémonie n'a pas permis
l'émergence des sciences de l'homme.
A cet effet, il fallait attendre le XIX e
siècle pour que surgisse l'émergence des sciences de la culture
avec la révolution méthodologique opérée par
Giambattista Vico et Johann Herder. Ces auteurs ont voulu déplacer la
logique dans sa sphère habituelle, celle des sciences de la nature,
pour la placer dans le sillage des sciences de l'homme. C'est pourquoi nous
disons qu'ils ont opéré la révolution copernicienne de
l'épistémologie des sciences de la culture. Cependant, au moment
où les sciences de la culture cherchaient une place pour se maintenir
dans la course des sciences, il y a eu une crise interne entre les sciences et
la philosophie. Chacun de ces domaines voulait mesurer sa
légitimité dans le sillage du monde scientifique. C'est ainsi que
les sciences se proposent d'analyser les problèmes posés par les
sciences en général et que la philosophie s'occuperait des
problèmes existentiels. Une telle crise a entrainé la dissection
des sciences. Il s'ensuit que, nous avons assisté à la
séparation d'une part des sciences de la culture et d'autre part les
sciences de la nature.
En plus, plusieurs philosophes ont soulevé les
problèmes d'orientations dans l'étude de ces sciences. Mais,
l'approche adoptée a été celle de la méthodologie.
Beaucoup affirment que les sciences de la culture comme celles de la nature
ont des méthodes différentes. C'est ainsi que Windelband appelle
les sciences de la nature comme de sciences nomothétiques et celles de
la culture comme des sciences idiographiques. Rickert quant à lui,
classifie les sciences de la nature dans la rubrique de
scientifico-général et celle de la culture dans
l'historico-individuelle. Dilthey trace une herméneutique de la
compréhension et celle de l'explication. Une telle vision
méthodologique, nous poussé à analyser les
spécificités de chaque science en vue de fonder leur
scientificité.
En outre, le deuxième chapitre s'est
donné pour objectif de spécifier chaque type de science. En cela,
nous nous sommes référés du principe kantien de la
régulation et de la constitution des sciences. Dans ce sens, les
sciences de la nature constituent leur propre objet d'étude, il s'agit
de la nature. Les sciences de la culture par contre ne constituent pas leur
objet d'étude, il s'agit plutôt de l'homme qui est mis au centre
de ces sciences : son histoire, sa tradition, ses oeuvres, ses
vécues qui se fondent sur le Lebenswelt ou le- monde- de- la -vie.
Aussi, à partir de la théorie de la conceptualisation, nous avons
constaté que le langage et la logique conceptuelle des sciences de la
nature ne posent aucun problème, parce qu'il s'agit du langage de la
science qui se conceptualise sous forme des lois et des causes. Cependant, dans
les sciences de la culture, le langage pose problème dans la mesure
où il ne s'adapte pas aux réalités de la science, il reste
dans le monde du vécu ordinaire. La logique conceptuelle est
différente dans les sciences de la culture, elle se réfère
aux différentes formes de production de la culture où nous avons
tiré le concept de forme dans le langage et le concept de style dans
l'histoire de l'art. C'est le cas aussi pour le principe se subsumption. Dans
les sciences de nature, le particulier se subordonne au général,
tandis que dans les sciences de la culture, le particulier se coordonne au
général.
Par ailleurs, il fallait rechercher l'origine du
dualisme entre science de la nature et science de la culture.
Déjà dans la tradition historique, nous avons puisé
l'idée de concept de cause (science de la nature) et le concept de forme
(science de la culture) qui étaient les deux pôles au tour duquel
tourne le monde. Mais, la grande différence réside dans la
phénoménologie de la perception qui est la couche primitive de la
conscience où il existe déjà l'orientation vers les choses
(sciences de la nature) et vers les personnes (sciences de la culture). Aussi,
ne perdrons pas le fil d'Ariane que suit Cassirer dans sa constitution de
l'épistémologie des sciences de la culture. Cassirer lutte contre
le monisme méthodologique de science de la nature et le dualisme des
sciences de la culture de l'école néokantienne de bade et celui
de Dilthey. C'est dans l'élaboration du concept que Cassirer fonde la
scientificité des sciences de la culture.
Cependant, une telle démarche nous ouvre
des perspectives afin de plaider pour l'unité des sciences. C'est ce qui
fait l'objet du troisième chapitre. Pour ce faire, nous avons fait appel
à ce que nous appelons « épistémologie de
la coopération » qui est une théorie critique de
l'union des sciences. Nous avions apprécié positivement et
négativement le regard cassirérien de la science. Il plaide pour
l'unité des sciences et veut relever la pauvreté des
épistémologies dualistes et moniste dans l'histoire des sciences.
Ainsi, les sciences de la culture sont considérées de nos jours
comme un domaine à part, ayant une logique propre, une
spécificité propre et un fondement propre.
C'est pourquoi, à l'ère de
l'interdisciplinarité où toutes les connaissances doivent
s'ouvrir à d'autres domaines du savoir, il s'avère qu'une
science doit plus rester sur une même voie d'appréhension des
connaissances. Aussi, nous n'avons pensé que le monde tourne au tour des
deux axes ou pivot que nous appelons : nature et culture. De ce fait, nous
ne pouvons pas étudier la science dans une seule vision dualiste ni
moniste. Il faut étudier les sciences ensemble, c'est pourquoi nous
proposons une théorie que nous nommons :
épistémologie de la coopération, qui se fonde encore
jusque là sur le monde de nos expériences ordinaires (Le
monde-de-la-vie), la conceptualisation, les structures et les schémas
ainsi que son aspect concret ou l'opérationnalité, que nous
appronfondiserons au cours de nos études ultérieures. Cependant,
tout travail scientifique est sujette à des critiques et des
controverses, c'est pourquoi nous n'avons pas l'impression, ni la
prétention que nous avons dit le dernier mot à propos de ce
sujet, nous ouvrons juste les portes des discussions et nous nous soumettons
à juste titre des vos appréciations.
|