1.2. DEFICITE EN ENERGIE ELECTRIQUE FACTEUR LIMITANT LA
CROISSANCE ECONOMIQUE
Pour réaliser le grand potentiel
énergétique de l'Afrique, l'Union Africaine (UA) et le Nouveau
Partenariat pour le Développement Africain (NEPAD) travaillent en
partenariat avec des organismes nationaux,
régionaux, continentaux et mondiaux, afin de promouvoir
un programme détaillé d'intégration régionale
dans le secteur de l'énergie. Ces initiatives
comprennent le développement et la mise en exploitation de
marchés d'électricité régionaux et le
développement de possibilités d'exporter la capacité de
production
énergétique excédentaire de l'Afrique au
reste du monde. L'avantage d'une approche d'intégration
régionale énergétique en Afrique
créera une situation où tous les acteurs concernés seront
gagnants. Cependant, l'utilisation relativement faible de l'énergie
commerciale en Afrique n'est pas une
conséquence d'un manque de ressources
énergétiques. Même si les ressources
énergétiques de l'Afrique ne sont pas prédominantes
à l'échelle mondiale, elles sont physiquement plus
qu'adéquates pour satisfaire aux besoins à court et même
à moyen terme.
Les pays d'Afrique en général et ceux de la
CEMAC en particulier ont des infrastructures qui demeurent largement
insuffisantes, de sorte que le décalage entre l'offre et la demande ne
cesse de se creuser. Dans la CEMAC, l'écart entre l'offre et la demande
est 190 à 270MW, soit plus de deux fois la puissance totale
installée du Congo. Le taux d'accès à
l'électricité est très faible: 15% en CEMAC. Ainsi, dans
la zone CEMAC, le Gabon (70%) se distingue nettement du Cameroun (22%), de la
RCA (2%) et du Tchad (1%).
En corollaire, l'accès à
l'électricité reste un phénomène urbain, c'est
-à- dire limité aux grandes villes et accessoirement aux petites
villes et villages. Par exemple, au Cameroun et Congo, seulement 14% de la
population rurale à accès au réseau contre 40% et 25% de
la population urbaine, respectivement. Le coût de production de
l'électricité, et donc les prix à la consommation, sont
parmi les plus chers au monde et pèsent lourdement sur les finances
publiques des Etats (centrales thermiques et groupes diesel), sur le bilan des
entreprises (autoproduction, à base notamment de coûteux groupes
électrogènes) et sur le portefeuille des ménages
(l'énergie absorbe environ 10% du revenu selon la Banque mondiale). Les
investissements nécessaires pour renouveler les réseaux et pour
construire des nouvelles infrastructures apparaissent hors de portée des
opérateurs publics d'électricité et des budgets des Etats
membres de la zone. Ainsi, le coût d'un barrage hydroélectrique de
200MW est estimé à 200Mds
FCFA ; d'une centrale hydraulique de 85 MW est estimé
à 20Mds FCFA ; d'une centrale thermique à gaz de 216MW est
estimé à 137Mds FCFA ; et d'une centrale thermique à fioul
de 86MW est estimé à 62Mds FCFA. Bon nombre de pays de la CEMAC
ont pour source de consommation les énergies non-
renouvelables. A l'exception de quelque pays de cette
sous-région, on constate une combinaison des énergies
renouvelables et non-renouvelables. C'est ainsi que selon l' Agence
Internationale de l'Energie l'on peut citer quelques pays ayant les
quantités de consommation d'énergie électrique
renouvelables en Afrique centrale : le Cameroun 2,7 TWh, le Congo (Brazzaville)
0,3 TWh, le Congo (République Démocratique) 2,2 TWh, Gabon 0,9
TWh.
Le manque de planification énergétique et de
prévisions est un handicap significatif à la croissance
économique des pays d'Afrique en général. Compte tenu du
coût important des infrastructures nécessaires pour combler le
déficit énergétique, et du manque de financements, une
évaluation rigoureuse des besoins et des ressources
énergétiques disponibles devrait pourtant être à la
base de chaque décision d'investissement.
Il est connu de tous que l'ouverture d'un marché
accroît la concurrence et pour que celle-ci soit saine, il faudrait
l'existence d'un régulateur du marché dans le secteur en
question. Les pays de la CEMAC se font
23
remarquer au sein du marché de l'électrique par
le monopole d'un seul opérateur qui dicte aux consommateurs ses lois.
Les sociétés concessionnaires n'ayant guère envie
après avoir payé le prix de la concession d'investir lourdement
dans la mise à niveau de l'infrastructure de production et de
distribution et cela a pour effets la faiblesse de l'offre se justifiant en
partie par l'insuffisance des investissements et des faiblesses dans la
gouvernance du secteur à tous les niveaux. Ces sociétés
d'électricité se caractérisent par des performances
faibles à plusieurs niveaux. Elles se traduisent par: des retards
d'investissement, la vétusté du parc de production et du
réseau, les défaillances techniques liés à une
maintenance insuffisante et peu rigoureuse avec un non respect des plannings ,
des pertes techniques et le développement de phénomènes de
vol d'électricité, le non respect des planning de maintenance qui
se traduit par un vieillissement accéléré du parc de
production et une faible disponibilité des centrales, avec des pannes
récurrentes et coûteuses en réparation.
Les besoins de consommation au niveau des ménages
étant croissants à cause des développements technologiques
entrainant l'usage des biens de consommation énergétivore,
l'essor de grands projets minier dans la zone CEMAC. Au regard du niveau
important de cette demande industrielle, les projets sont toujours
adossés à des grands projets d'hydroélectricité
(Lom Pangar pour le projet Alucam au Cameroun et barrage de Grand Poubara pour
le projet d'ERAMET au Gabon). A ces deux segments de demande, s'ajoute une
demande forte à l'export tirée par des besoins en
électricité croissants dans la zone Afrique de l'Ouest, en
particulier au Nigéria et accessible par le développement des
interconnexions électriques assez avancé en Afrique de
l'Ouest.
L'énorme potentiel hydroélectrique est
évalué à 33 GW, ce qui fait de la CEMAC le 3ième
potentiel en Afrique après celui de la RDC (100 GW) et de l'Ethiopie (40
GW). Moins de 3% du potentiel hydroélectrique est aujourd'hui
exploité avec une capacité installée de 1 009 MW sur les
33 GW de potentiel hydroélectrique. Ce potentiel hydroélectrique
se répartit entre le Cameroun avec près de 2/3 du potentiel (20
GW), le Gabon (6 GW), la Centrafrique (2,8 GW), le Congo (2,5 GW) et la
Guinée Equatoriale (2,4 GW). Certains projets transfrontaliers comme le
barrage de Chollet (400 à 500 MW) sur le Dja à la
frontière du Cameroun et du Congo, proposé par le Congo dans le
cadre du Pool Energétique d'Afrique Centrale (PEAC), s'inscrivent
déjà dans une optique d'intégration régionale.
Il reste que l'essentiel des projets seront entrepris à
l'échelle des Etats dans lesquels se trouvent la ressource mais elles
seront des projets régionaux du fait de la mutualisation de
l'énergie électrique produite grâce au développement
des interconnexions électriques portée par le PER dans le cadre
du programme PEAC. 23 grands projets de production d'électricité
ont été répertoriés dans la zone CEMAC d'ici 2025
(aucun entre 2020 et 2025) : 5 projets majeurs d'ici 2010 répartis entre
le Cameroun, le Congo et la Centrafrique procurant 825 MW de puissance
additionnelle au système électrique de la CEMAC, 9 projets entre
2011 et 2015 soit 2 229 MW supplémentaires, et 9 projets entre 2016 et
2020 avec une puissance additionnelle de 2 916 MW. Ce qui fait un total de 5
970 MW de puissance installée additionnelle programmée d'ici
2025, mais qui ne suffisent pas à couvrir la demande [9].
1.2.1. Consommation de l'énergie électrique
en zone CEMAC
Les analyses des flux commerciaux de trois Communautés
économiques que sont le CEMAC avec un peu plus de 35 millions
d'habitants et un PIB/Hab d'environ $ 2.000, se présentant aujourd'hui
comme un marché en expansion, l'UEMOA et les pays francophones
asiatiques du Mékong (Cambodge, Laos et Vietnam) révèlent
des opportunités réelles d'échanges commerciaux non
exploitées à cause de la présence de certains facteurs qui
entravent la croissance du commerce intra et interrégional.
Le potentiel hydroélectrique d'Afrique centrale est
estimé à 653,361 GWh, soit 57,7 % de celui du continent africain
dans son ensemble, ce qui, avec les ressources en eau et le massif forestier du
Congo, confère à la sous-région des avantages comparatifs
majeurs, dans la perspective du projet africain
24
d'intégration économique [18]. Dans le
même temps, la production d'électricité reste encore
marginale (2,6 % des capacités), et la consommation électrique
est l'une des plus faibles du continent, avec en moyenne 109 kWh par habitant
et par mois, contre 739 en Afrique du Nord, et 1617 en Afrique australe. La
mise en valeur du potentiel existant constitue donc à la fois un
défi de développement régional, et une opportunité
en termes de positionnement stratégique des institutions de
coopération régionale d'Afrique centrale.
Tableau 1.5 : marché de l'énergie
électrique en zone CEMAC
Sous-régions Potentiel
|
moyen en
|
Production d'électricité en
|
Consommation
|
en
|
GWh
|
|
MW
|
KWh /hab
|
|
Afrique du Nord
|
41 000
|
|
134 000
|
739
|
|
Afrique de l'Ouest
|
100 970
|
|
38 033
|
143
|
|
Afrique centrale
|
653 361
|
|
10 537
|
109
|
|
Afrique de l'Est
|
171 500
|
|
12 281
|
68
|
|
Afrique australe
|
151 535
|
|
208 458
|
1 617
|
|
Source : Plan d'action 2007-2010 PEAC ; Septembre
2007
La CEMAC et la CEEAC sont toutes deux engagées dans des
programmes de valorisation de cette ressource, pour rattraper le retard de la
sous-région en matière d'électrification. La CEMAC a
adopté en juillet 2005 un Plan d'Action pour l'Accès à
l'Energie (PAEC) 2007-2001, décliné en 11 actions
stratégiques, dont la planification énergétique et
l'électrification périurbaine intensive. L'objectif
`Planification énergétique' est mis en oeuvre à travers le
projet Système d'Information Energie Communautaire (SIEC), qui doit se
traduire par la mise en place de cellules nationales dotées
d'équipements et de logiciels performants, à mêmes
d'élaborer des indicateurs fiables, et d'établir des bilans
énergétiques triennaux.
Le réseau hydrographique dense de la Sous-région
présente les conditions pour la création d'un pôle
énergétique dynamique, pourvoyeur en énergie de
qualité et à bas prix, développé notamment dans le
cadre du partenariat public privé. Le développement du pôle
énergétique et des infrastructures de transport constitue une
condition nécessaire pour le développement des autres piliers
retenus par le PER. Par ailleurs, le fort potentiel pour le
développement des énergies alternatives n'est pas encore
exploité à grande échelle. Pour assurer la gestion et le
suivi du marché de l'électricité de la CEMAC
élargit à la CEEAC, les états ont crée un organisme
spécialisé à savoir la Banque de Développement des
Etats de l'Afrique Centrale (BDEAC), comprenant en son sein le PEAC
chargé de la mise en oeuvre de la politique électrique
régionale. L'objectif principal de l'organisme est d'animer un
marché d'échange d'énergie électrique pour
satisfaire toutes les demandes énergétique en Afrique Centrale au
travers d'un réseau électrique interconnecté. Le PEAC a
cadrer ses activités vers une vision transfrontaliére des projets
d'électrification rural à travers le Programme des Projets
d'Electrification Transfrontaliére des Localités (PETL)
préparé avec le concours de l'Union des Producteurs,
Transporteurs et Distributeurs de l'Energie Electrique (UPDEA) et des
sociétés d'électricité membres. Celle-ci
appartenant aux cinq régions de l'Afrique centrale.
La consommation de l'énergie électrique dans un
contexte d'intégration est un moyen favorable à
l'intégration économique. L'intégration économique
est définie comme étant l'élimination des
frontières économiques entre deux ou plusieurs
économies. L'objectif ultime de l'intégration économique
est d'augmenter les `echanges commerciaux à travers le monde. Ceux-ci
élargissant le marché de la zone économique ainsi
définie.
On désigne de façon différente les
produits énergétiques selon le stade auquel ils apparaissent dans
les filières énergétiques. Les deux principaux stades, que
l'on retrouve dans les statistiques de production et
25
de consommation d'énergie, sont celui de
l'énergie primaire et celui de l'énergie fi nale. Le stade de
«l'énergie primaire » correspond aux formes sous lesquelles la
nature livre l'énergie : énergie chimique
contenue dans une ressource fossile (charbon, pétrole,
gaz naturel) ou dans la biomasse (bois, végétaux, déchets)
; énergie mécanique de l'eau ou du vent (hydraulique,
éolien) ; énergie thermique de l'eau chaude du sous-sol
(géothermie) ou du rayonnement solaire ; énergie
photovoltaïque solaire ; énergie nucléaire du noyau de
l'atome d'uranium...
Le stade de « l'énergie finale » correspond
aux produits énergétiques qui sont livrés au consommateur
: dans certains cas, le produit fi nal peut être identique au produit
primaire (ou très proche : c'est le cas du
gaz naturel) ; dans la plupart des cas, le produit final
résulte d'une transformation effectuée à partir des
produits primaires : c'est le cas de
l'électricité produite par les centrales à combustibles
fossiles et des carburants produits à partir du pétrole dans les
raffineries. Les activités industrielles et commerciales du
«secteur énergétique » recouvrent la
production, la transformation, le transport et la distribution des produits
énergétiques qui sont fournis à l'usager : ces
activités permettent le passage de l'énergie primaire à
l'énergie finale. L'énergie consommée au sein de la CEMAC
se repartie ainsi qu'il suit :
Pour les besoins socio-économiques de
développement on consomme l'énergie électrique au sein de
l'habitat et lieux de travail confortables, pour l'alimentation, habillement,
éducation, santé, activités socioculturelles, les
Communications, déplacements aisés et sûrs, transport des
marchandises, Production de biens, de services Chaudières, fours,
cuisinières, Lampes, appareils ménagers et audiovisuels,
appareils électroniques, ordinateurs, ...etc ;
Pour des besoins de consommation Industrie,
Résidentiel, Tertiaire, Transports, Agriculture, Usages non
énergétiques. L'énergie est utilisée sous
différentes formes : la chaleur, le froid, l'énergie
mécanique (fixe
ou mobile), la lumière, l'énergie
électromagnétique, l'énergie chimique. Chacune de ces
formes d'énergie, comme les produits énergétiques
susceptibles de les fournir, est mesurée avec une unité qui lui
est particulière, par commodité ou par tradition
(Annexe7).
La production électrique en 2008 des pays de la CEMAC
est estimée à 8,43 TWh à base de l'hy-draulique. Pour
satisfaire la demande qui augmente de 2 % par an depuis 1990. La structure de
production de la CEMAC est fortement liée à celle du Cameroun
dont la production représente environ 70 % de la production
électrique de la région.
La consommation d'électricité finale en CEMAC a
évolué d'environ 4,6 % annuel-lement de 1990 à 2008. Cette
évolution ascendante observée dès 2005, est la
conséquence de la consommation d'élec-tricité du secteur
industriel qui a pratique-ment doublé entre 2005 et 2008 (2,10 TWh
à 3,84 TWh). Avant cette période, la consommation de l'industrie
était stable. L'évolution de la consommation
d'électricité pour le résidentiel est de 7 % par an, celle
du tertiaire reste stable sur toute la période. La consommation moyenne
par habitant d'électricité primaire (hydraulique) des pays de la
CEMAC (0,012 tep). La consommation de l'énergie électrique par
secteur est telle que seuls la Guinée Équatoriale (92 %), le
Congo (47 %) et le Gabon (38 %) ont une dépendance des énergies
fossiles.
La mise en vigeur de la libre circulation des personnes et des
bien en zone CEMAC vient accroître la consommation en énergie
électrique car « le marché commun et diversification
économique» vise à
accélérer la diversification des
économies de la CEMAC, par un accès compétitif de ses
entreprises aux grands marchés : Le marché
commun représente le premier marché pour les entreprises de la
CEMAC. Les politiques communes dans les secteurs de diversification
permettront de mobiliser le secteur privé et les acteurs
économiques de l'espace CEMAC dans la nouvelle dynamique de
l'émergence : les politiques communes, notamment dans les deux domaines
prioritaires que sont l'énergie et l'agriculture,
bénéficieront de la synergie de plusieurs programmes du PER.
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