1.1.2. Potentiel énergétique de la CEMAC
La zone CEMAC est riche en sources d'énergie
renouvelables, dont les plus massives sont
? L'hydro énergie répartie par
ordre décroissant entre le Cameroun, le Gabon, le Congo, la
République Centrafricaine et la Guinée équatoriale (seul
le Tchad dispose d'un faible potentiel). Malgré un coût
d'investissement élevé et des délais de réalisation
importants, les cinq Etats qui en sont dotés pourraient assurer
l'intégralité de leur développement électrique
à partir de cette source, mais encore pourraient-ils optimiser
l'exploitation de cette ressource et fournir le Tchad, en construisant un
réseau régional planifié dans le cadre du PEAC ;
? L'énergie solaire, à son plus
haut niveau au Tchad, puis au Nord Cameroun et en RCA, et encore d'un niveau
intéressant dans les régions équatoriales. Du fait de son
coût très cette technique est réservée à des
applications spécifiques telles que le pompage pour le service collectif
d'eau ou l'alimentation des relais de télécommunication, ainsi
qu'aux usages de faible puissance tels que les lampes basse consommation, les
radios et télévisions, la recharge de téléphone, la
petite informatique. L'énergie solaire peut aussi être
développée à moyenne échelle, sous forme de fermes
solaires de quelques mégawatts dans le but d'injecter de
l'énergie renouvelable sur le réseau public
d'électricité ;
? La biomasse constituée de la
production annuelle de bois et autres matières ligneuses telles que
les
broussailles et grande herbes des forêts et savanes. Le
bois énergie est le combustible domestique le plus intéressant
dans le contexte rural. A condition d'assurer son cycle de renouvellement et en
recourant aux techniques d'efficacité énergétique. Un
important potentiel de déchets de biomasse existe également dans
les agro-industries [17].
La CEMAC à l'horizon 2025 vise la création de
600 entreprises qui vont générer environ 15 000 emplois directs
[9]. La production d'électricité sera le secteur phare de ce
pilier. La valorisation du potentiel de la CEMAC permettra d'atteindre une
production de 25 000 MW en 2025, assurant l'autosuffisance de la CEMAC, et
l'exportation de l'excédent, essentiellement vers le Nigéria et
toute l'Afrique de l'Ouest (accessible grâce au système
d'échanges d'énergie électrique de l'Afrique de l'Ouest).
Dans ce cadre, une cinquantaine de centrales de production
d'électricité verra le jour, grâce en amont à
d'importants investissements dans l'aménagement des barrages
hydroélectriques, présentant les meilleurs conditions
(coûts de production et durabilité) avec en aval l'insertion de
producteurs privés indépendants (IPP, Independent Power Producer)
dans l'exploitation.
Il est sans oublier que le développement de la
production électrique ne peut se faire sans les énergies
fossiles. Mais au regard des difficultés de tous ordres qui se
présentent pour l'exploitation des énergies fossiles, il
paraît opportun de se retourner vers les sources d'énergies
renouvelables principalement (l'hydroélectricité, le solaire et
la biomasse forestière.) pouvant produire 25 000 MW d'ici l'année
2025 pour accompagner le développement industriel et exporter vers le
Nigéria et l'Afrique de l'Ouest. Cette
19
source d'énergie durable au combien proche des besoins
quotidiens des ménages, moins dangereux pour l'environnement et moins
coûteuse devrait être revalorisée à travers des
stratégies de planification énergétiques permettant
d'atteindre une efficacité énergétique. Elle conduirait
à résorber l'offre électrique actuelle de la CEMAC
très faible qui se situe à 1513 MW dont 1009 MW d'origine
hydroélectrique et le taux d'accès à
l'électricité est l'un des plus faibles au monde, avec moins de
17% de la population de la CEMAC qui a accès à
l'électricité. Par ailleurs, avec 400 kWh par an de consommation
électrique moyenne par habitant, la CEMAC est encore en dessous de la
norme de 500 kWh par an définie par le Conseil Mondial de l'Energie
(CME) pour prétendre à un niveau de vie décent.
Pour atteindre le cap des 25 000 MW de puissance
installée en 2025, une production supplémentaire d'environ 18 000
MW est requise. Elle s'appuiera sur le potentiel hydroélectrique
restant, mais également sur la génération
d'électricité à partir du gaz grâce aux Turbines
à Gaz (TAG) à cycle combiné. Elle profitera des
importantes potentialités qu'offre la génération
d'électricité à partir des énergies renouvelables
comme le solaire et de la biomasse (notamment forestière) .Au total, 23
970 MW viendront s'ajouter d'ici 2025 à un parc existant de 1 513 MW
dont 1/3 sera déclassé : + 1 975 MW pour la période
2008-2010, + 6 390 MW pour la période 2011- 2015, + 8 616 MW pour la
période 2016-2020, + 6 989 MW pour la période 2021-2025 [9].
Tableau 1.1: projets de construction des centrales
électrique en zone CEMAC
|
Nom du projet
|
Pays
|
Nature
|
Puissance Installée (MW
|
2010 : +825
|
Centrale fuel lourd de Dibamba
|
Cameroun
|
Pétrole
|
85
|
Centrale gaz de Kribi
|
Cameroun
|
Gaz
|
150
|
Centrale gaz de Pointe Noire
|
Congo
|
Gaz
|
450
|
MW
Barrage hydroélectrique de Imboulou
|
Congo
|
Hydroélectricité
|
120
|
Barrage hydroélectrique Boali 2 et Boali 3 Extension
|
Centrafrique
|
Hydroélectricité
|
20
|
2015 : +2 229 MW
|
Barrage hydroélectrique de Natchigal
|
Cameroun
|
Hydroélectricité
|
300
|
Barrage de retenue de Lom Pangar
|
Cameroun
|
Hydroélectricité
|
130
|
Barrage hydroélectrique de Memve'ele
|
Cameroun
|
Hydroélectricité
|
200
|
Barrage hydroélectrique de Songmbengue
|
Cameroun
|
Hydroélectricité
|
1 000
|
Barrage hydroélectrique du Grand Poubara
|
Gabon
|
Hydroélectricité
|
160
|
Barrage hydroélectrique de Djibloho
|
Guinée Equatoriale
|
Hydroélectricité
|
120
|
Barrage hydroélectrique de Lancreno
|
Centrafrique
|
Hydroélectricité
|
64
|
Barrage hydroélectrique de Dimoli
|
Centrafrique
|
Hydroélectricité
|
180
|
Aménagements hydroélectriques
|
Centrafrique
|
Hydroélectricité
|
75
|
2020 : +2 916 MW
|
Centrale gaz de Limbé
|
Cameroun
|
Gaz
|
400
|
Barrage hydroélectrique de Kikot
|
Cameroun
|
Hydroélectricité
|
500
|
Barrage hydroélectrique Song Ndong
|
Cameroun
|
Hydroélectricité
|
280
|
Barrage hydroélectrique de Chollet
|
Congo
|
Hydroélectricité
|
600
|
Barrage hydroélectrique de Liouesso
|
Congo
|
Hydroélectricité
|
13
|
Barrage hydroélectrique de Sounda
|
Congo
|
Hydroélectricité
|
1 000
|
Barrage hydroélectrique de Mourala
|
Congo
|
Hydroélectricité
|
50
|
Barrage hydroélectrique de loufoulakari
|
Congo
|
Hydroélectricité
|
60
|
Barrage hydroélectrique de Djoué II
|
Congo
|
Hydroélectricité
|
13
|
Source document du P.E.R 2010-2015 [9]
Tableau 1.2: Projets répertoriés
d'électricité thermique (centrales gaz)
FILIERES
|
PROJETS
|
PUISSANCE (MW)
|
LOCALISATION
|
ECHEANCE
|
Electricité
|
Centrale gaz de Kribi
|
150
|
Cameroun
|
2010
|
Electricité
|
Centrale gaz de Pointe Noire
|
450
|
Congo
|
2010
|
Electricité
|
Centrale gaz de Limbé
|
400
|
Cameroun
|
2020
|
Source document du P.E.R 2010-2015
20
Tableau 1.3: Projets d'énergies renouvelables et
d'efficacité énergétique
FILIERES
|
PROJETS
|
PUISSANCE (MW)
|
LOCALISATION
|
ECHEANCE
|
Electricité
|
Projets Biomasse
|
750
|
CEMAC
|
2010 - 2025
|
Electricité
|
Projets d'efficacité énergétique
|
|
CEMAC
|
2010 - 2025
|
Electricité
|
Projets Solaire Thermique
|
500
|
CEMAC
|
2020
|
Source document du P.E.R 2010-2015
![](Strategie-de-croissance-des-unites-territoriales-du-Cameroun-production-decentralisee-d-electr2.png)
Figure 1.1 : Evolution de la puissance
électrique installée 2008 - 2025 (en MW)
[9] Tableau 1.4 : Grands projets
d'hydroélectricité
FILIERES
|
PROJETS
|
PUISSANCE (MW)
|
LOCALISATION
|
ECHEANCE
|
Electricité
|
Barrage hydroélectrique Boali 2 et Boali 3, Extension
|
20
|
Centrafrique
|
2010
|
Barrage hydroélectrique de Imboulou
|
120
|
Congo
|
2010
|
Barrage hydroélectrique de Natchigal
|
300
|
Cameroun
|
2015
|
Barrage de retenue de Lom Pangar
|
130
|
Cameroun
|
2015
|
Barrage hydroélectrique de Lancreno
|
64
|
Centrafrique
|
2015
|
Barrage hydroélectrique de Dimoli
|
180
|
Centrafrique
|
2015
|
Aménagements hydroélectriques divers
|
75
|
Centrafrique
|
2015
|
Barrage hydroélectrique du Grand Poubara
|
160
|
Gabon
|
2015
|
Barrage hydroélectrique de Djibloho
|
120
|
Guinée Equatoriale
|
2015
|
Barrage hydroélectrique de Songmbengue
|
1 000
|
Cameroun
|
2017
|
Barrage hydroélectrique Song Ndong
|
280
|
Cameroun
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de Meme'ele
|
200
|
Cameroun
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de Kikot
|
500
|
Cameroun
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de Warak
|
75
|
Cameroun
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de Chollet
|
600
|
Congo
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de Liouesso
|
13
|
Congo
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de Sounda
|
1 000
|
Congo
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de Mourala
|
50
|
Congo
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de loufoulakari
|
60
|
Congo
|
2020
|
Barrage hydroélectrique de Djoué II
|
13
|
Congo
|
2020
|
Projets Hydroélectricité additionnels
|
11 531
|
CEMAC
|
2025
|
Source document du P.E.R 2010-2015
L'ambition régionale dans le secteur de
l'électricité baptisée « CEMAC, CAP 25 000 MW »
cible trois objectifs stratégiques spécifiques :
1. Un accès universel à
l'électricité (100% à l'horizon 2025 contre une moyenne de
17% aujourd'hui);
2. Un prix moyen du kWh compris entre 30 et 40 F CFA en 2025
(supérieur à 100 F CFA en 2008);
3. La valorisation de 54% du potentiel hydroélectrique
(contre moins de 3% en 2008) et d'au moins 5% du potentiel gazier pour la
production d'électricité (moins d'1% en 2008) [9].
Cependant, cela doit se faire dans le cadre d'une
démarche proactive de négociation et de partenariat étroit
avec les clients cibles que sont les pays limitrophes, le Nigéria en
particulier. A cet effet, la CEMAC se doit d'être au fait des projets
majeurs d'électricité de la zone Afrique subsaharienne et doit
ainsi positionner comme un acteur de choix, présentant une offre
compétitive et durable.
La réussite de cette ambition nécessite donc une
approche régionale à mettre en oeuvre à travers quatre
leviers stratégiques. Cette approche n'est possible que s'il existe un
marché régional et si la coopération avec les pays
limitrophes est renforcée (Figure 1.2 ). Pour
concrétiser cela, la CEMAC devra actionner quatre leviers d'actions :
? L'interconnexion électrique
? La régulation régionale des échanges
d'électricité et les réformes institutionnelles
? Le renforcement de la gouvernance des sociétés
d'électricité
? L'environnement des affaires favorable au PPP (Partenariats
Public Privé) et IPP
![](Strategie-de-croissance-des-unites-territoriales-du-Cameroun-production-decentralisee-d-electr3.png)
Combustible
classique ou assimilés
Hydraulique
Géothermique
Nucléaire
Solaire
Marémotrice, houlomotrice ou marine
Autre
Production brute
Utilisé pour les pompes à chaleur et
chaudières électriques produisant de la chaleur vendue
Usage propre
Production nette
Utilisé pour l'accumulation par pompage
Exportation Pertes en ligne
Importations
Consommation totale
Figure 1.2 : Schéma simplifié du flux
d'électricité. Source : AIE (2005)
L'interconnexion électrique (Figure
1.3) intéresse d'abord les pays de la CEMAC mais
également d'autres marchés cibles plus importants comme le
Nigéria et au-delà toute l'Afrique de l'ouest accessible par
l'interconnexion des réseaux électriques entrepris dans le cadre
du West African Power Pool (WAPP). Elle est indispensable car seule permettant
d'atteindre la demande d'un vaste marché régional. Cette
disponibilité d'achat d'électricité permettra aux pays
d'accéder à une pluralité d'offres lui permettant
d'arbitrer entre le recours à une production locale et l`achat
d'énergie électrique pour optimiser son mix d'énergie
électrique.
![](Strategie-de-croissance-des-unites-territoriales-du-Cameroun-production-decentralisee-d-electr4.png)
Figure 1.3 : Schéma d'interconnexion
prévu dans le cadre du PEAC [9]
21
22
|