CONCLUSION GENERALE
Dans cette partie nous essayerons d'observer si les
hypothéses présentées dans le cadre de cette étude
sont verifiées. Enfin nous analyserons et interpréterons les
résultats puis ferons des suggestions dans le sens
générale de la croissance économique de la zone CEMAC
grâce à la production décentralisée.
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PREMIERE PARTIE :
stratégie de développement des
infrastructures pour une
intégration énergétique des pays
de la CEMAC
CHAPITRE I : Stratégie d'Intégration
énergétique des pays de la
CEMAC
|
INTRODUCTION
Face aux analyses des économistes sur le
sous-développement, les choix de stratégies de
développement opérés par les PED (Pays En
Développement) ont été le plus souvent dictés par
les orientations idéologiques des régimes politiques prenant la
relève du colonialisme. Avec la mondialisation et la recherche des
marchés plus porteurs par les opérateurs économiques, la
mise en commun des compétences et les échanges inter-états
ne pourrait porter des fruits qu'a la condition ou les Etats entrent dans une
philosophie d'intégration régionale. Le processus
d'intégration en Afrique Centrale reste, depuis une décennie,
handicapée par un faible niveau de coopération entre institutions
régionales, la CEMAC et la CEEAC en particulier. L'intégration
énergétique en Afrique Centrale est un processus qui est en cours
il y a très longtemps. Les pays de la sous-règion Afrique
Centrale dans d'autres secteurs favorables à la croissance
économique sont très avancés à savoir
l'agriculture, l'élevage...etc. Mais le domaine de la production
d'énergie électrique évolue très lentement
malgré l'importance qu'occupe l'électricité dans le
développement d'un pays. Le Pool Énergétique de l'Afrique
Centrale (PEAC), Organisme spécialisé de la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) s'est engagé à
devenir la passerelle entre Etat pour résoudre les problèmes
d'électrification transfrontalier.
Le Cameroun pays en développement ne fait pas exception
des difficultés en matiére de production-transport-distribution
de l'énergie électrique. Dans ce chapitre, nous
présenterons la politique énergétique de la
sous-règion Afrique Centrale et la situation économique de ces
Etats dans une perspective de développement des infrastructures
productrice d'énergie électrique.
I-1 STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT ENERGETIQUE DE LA
CEMAC
L'élaboration d'une stratégie
énergétique de développement d'un pays ou d'une
sous-région comme la Zone CEMAC est un exercice qui vise tout d'abord
à estimer le taux de croissance de la demande en énergie
électrique par rapport à l'offre, le coût du kilo watt chez
le consommateur, l'évolution des programmes d'électrification
rurale et urbain visant à déterminer le taux
d'électrification rurale (TER) des régions et le niveau des
infrastructures électriques sur l'ensemble du territoire. Toutes ces
opérations visent à effectuer des prévisions et une
planification nationale ou sous-régionale dans le secteur
énergétique afin d'estimer une comptabilité
énergétique, entreprendre des opérations
d'efficacité énergétique ou une modernisation du
réseau électrique local ou national.
La zone CEMAC et le Cameroun en particulier connaîtront
dans les années à venir un véritable boom de
développement économique et social avec la réalisation de
grands chantiers déjà lancés ou programmés : la
modernisation de l'agriculture, la redynamisation de l'industrie, la
transformation des matiéres prémiéres, l'extension et la
multiplication des infrastructures autoroutières, portuaires et
aéroportuaires, la
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construction de nouvelles villes, les besoins en diverses
formes d'énergie vont croître à un rythme annuel soutenu de
5% en moyenne.
Dans la volonté d'assurer une meilleure
adéquation entre l'offre et la demande d'électricité, le
Cameroun dans le PDSE a étudié des scénarios de
développement des infrastructures dans le secteur de l'énergie
électrique à horizon 2030, favorisant respectivement le jumelage
entre les énergies renouvelables et non-renouvelables. La nouvelle
stratégie énergétique nationale déclinée en
plans d'action à court, moyen et long terme contenue dans le PDSE visant
à relever les défis dans le secteur de
l'électricité, devrait avoir pour objectifs majeurs d'assurer la
sécurité d'approvisionnement et la disponibilité en
énergie sur tout le territoire, l'accès
généralisé à l'énergie à des prix
raisonnables, la maîtrise de la demande, l'introduction des nouvelles
technologie dans le but d'effectuer des économies l'énergie
électrique à travers une stratégie d'efficacité
énergétique dans différents secteurs
(résidentiel et tertiaire, industriel, des
transports) et la préservation de l'environnement.
La mise en oeuvre d'une politique résolue
d'efficacité Energétique, véritable devrait être un
axe prioritaire de la stratégie énergétique du Cameroun si
elle est élaborée selon les objectifs ci-dessus. Car les
programmes qui suivraient l'efficacité
énergétique devaient cibler les principaux
secteurs consommateurs. Ils devront également cibler nos villes, CTDs
et de manière intégrée et concertée (planification
urbaine; transports; habitat ; flux énergétiques des
collectivités : éclairage, déchets,...etc.). Pour parvenir
à atteindre cet objectif de développement du secteur de
l'électricité avec un objectif d'efficacité
énergétique, d'importantes actions doivent être
menées en amont sur les plans institutionnel, législatif et
financier exemple :
? Elaboration d'un projet de loi sur l'efficacité
énergétique (audits énergétiques périodiques
et obligatoires, contrôle technique, etc.)
? Mise en place du Fonds de Développement
Energétique
? Signature entre le MINEE et des CTDs de conventions-cadres
de partenariat afin de prolonger au niveau Régional les actions
menées sur le plan national en matière d'efficacité
énergétique et d'énergies renouvelables.
Le développement du secteur énergétique
figure en première ligne parmi les axes prioritaires de la Vision
Stratégique de la CEEAC et du Programme Economique Régional de la
CEMAC. Mais celui d'une efficacité énergétique et de
maîtrise de la demande n'est pas encore abordée dans ses
documents. Les objectifs couvrent à la fois la mise en valeur du
potentiel hydroélectrique existant, l'interconnexion des réseaux
électriques des Etats membres et la création d'un marché
régional de l'électricité. La CEMAC poursuit ainsi la mise
en oeuvre du Plan d'Action pour l'Accès à l'Energie (PAEC)
établit en 2007-2011 avec deux composantes :
l'opérationnalisation dans les six Etats d'un système
d'information énergétique communautaire (SIEC) et un projet
pilote d'électrification intensive périurbaine. Le SIEC,
ambitionne de doter les Etats de structures nationales de planification
énergétique à mêmes d'élaborer des bilans
triennaux. Le Programme d'Electrification Périurbaine Intensive comprend
un volet `'Planification» et un volet `'Branchement» dont la mise en
oeuvre est suivie par un Comité Régional de Coordination
(CRC) composé des représentants des
Ministères en charge de l'Energie et des compagnies
d'électricité des Etats membres, et une Cellule Facilité
Energie (CFE-CEMAC) mise en place à Douala (Cameroun) avec le concours
technique et financier de l'Union Européenne. Pour le volet
`'Planification», les études en cours portent sur :
l'ouvrage hydroélectrique de Di moli (120 MW)
destiné à l'alimentation des zones voisines, et injection dans
les réseaux RCA-Cameroun-Congo ;
les ouvrages Memve'élé (20 MW) et FeII (36 MW) des
régions frontalières et réseaux Cameroun-Gabon ;
l'interconnexion Gabon-Congo entre les ouvrages d'Imboulou et de
Gand Poubara ; et
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l'interconnexion Maroua (Cameroun)-Ndjaména (Tchad).
Le volet `'Branchement» du Programme Electrification
périurbaine' porte su r la réalisation, dans le cadre d'une phase
pilote, de 125 000 branchements dits `'économiques» dans des zones
test périurbaines présentant des indicateurs avérés
de pauvreté, la phase `'démultiplication» devant être
assurée par les sociétés d'électricité. La
mise en oeuvre de la première tranche du projet (57000) connaît
toutefois une évolution très contrastée, en raison des
retards enregistrés dans la mobilisation des contreparties
financières nationales et CEMAC, seul le Tchad ayant
libéré la totalité de sa contribution au 31/12/2010.
Au niveau de la CEEAC, la politique énergétique
poursuivie a deux composantes majeures. La première porte sur
l'élaboration du schéma directeur d'interconnexion des
réseaux électriques dont le processus lancé en 2007 sur
financement BAD de 3,5 millions de dollars a abouti, en novembre 2010, à
la validation de l'étude préliminaire, de l'étude de
faisabilité et de l'étude d'Avant Projet Détaillé.
L'option d'interconnexion retenue à long terme est un réseau
à courant continu associé au développement d'Inga, qui
servirait au transport interrégional de grandes quantités
d'énergie sur de longues distances. Sur le moyen terme, un réseau
interrégional en courant alternatif (400 et 220 Kv) serait mis en place
le long d'une dorsale dite `côtière' Angola-Cameroun, avec les
interconnexions ci-après:
Soyo (Angola) - Inga (RDC)
Mongo Kamba (Congo) - Chutes de l'Impératrice (Gabon)
Ntoum (Gabon) - Bata (Guinée Equatoriale)
Bata (Guinée Equatoriale) - Memve'élé
(Cameroun) Maroua (Cameroun) - Ndjaména (Tchad).
Le corridor ainsi choisi serait complété par les
lignes Yokadouma (Cameroun) - Dimoli (RCA), Mobaye (RDC)-Kembé (RCA) et
quelques chaînons faisant l'objet d'autres études ou
laissés à la charge des Etats (Inga-Cabinda-Pointe Noire, Chutes
de l'Impératrice-Ntoum au Gabon et Memve'élé-Maroua au
Cameroun). Le Congo et le Gabon ont toutefois exprimé le besoin
d'étudier une autre variante à l'interconnexion Mongo
Kamba-chutes de l'Impératrice, eu égard aux implications de la
stratégie de développement du secteur de
l'électricité récemment adoptée au Gabon.
1.1.1. Interconnexion des réseaux électrique
de la CEMAC pour une intégration énergétique
La région d'Afrique Centrale a moins d'interconnexions
électrique que les autres régions. Géographiquement, cette
région est dominée par la forêt tropicale centre-africaine
qui complique les interconnexions. A l'exception de l'interconnexion
électrique prévue entre le Cameroun et le Tchad,
l'interconnexions électriques mineures entre la République
Démocratique du Congo (DRC) et le Congo (Brazzaville) et entre la DRC et
l'Angola, il n'y a aucune liaison entre les pays de la région. La DRC,
qui est potentiellement la centrale électrique de la région, a
été ravagé par les conflits politiques et les guerres et
les autres pays de la région se sont concentrés sur les
exportations de pétrole, laissant inexploité le potentiel
énergétique du gaz naturel. Le géant des projets
d'intégration du potentiel électrique de l'Afrique centrale est
le projet Inga sur le Congo. Plusieurs voisins du Cameroun ont exprimé
leur intérêt pour l'acquisition d'énergie hydraulique, le
pays ayant de grandes possibilités dans ce domaine (799 MW de
capacité en 1999).
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Il existe une interconnexion entre la République
Démocratique du Congo et le Congo Brazzaville. Mises à part les
interconnexions déjà mentionnées, la plupart des pays de
la région sont isolés et n'ont pas de liens avec les autres
pays.
La réalisation des grands projets industriels de
développement qui animent chaque Etat de la CEMAC énoncé
dans le Programme Economique Régional (PER) nécessitera de fortes
demandes d'énergie électrique. De telles exigences imposent
à la CEMAC de valoriser au maximum son potentiel électrique dans
une démarche de mutualisation. Pour ce faire, les projets
d'interconnexions électriques retenus dans le cadre du PER ont
été extraits de l'ensemble des projets du Pool Energétique
de l'Afrique Centrale (PEAC). Ainsi, les projets d'interconnexions suivants
ont-ils été retenus :
'?. Projet 25 : interconnexions à 400 kv
: Composante :
· Pointe noire - Chutes de l'Impératrice sur
fleuve Ngounié - Libreville - Guinée Equatoriale - Mvemlé
- Douala - Calabar ;
· Pointe-Noire (Congo) - Chutes de l'Impératrice
(Gabon) ;
· Libreville (Gabon)- Guinée Equatoriale -
Menvelé - Douala (Cameroun). Composante :
· Brazzaville - Ouesso - Souanké -
Sangmélina - Yaoundé - Douala :
'?. Projet 26 : interconnexions à 220 kv
Composante :
· Douala - Lampanga - N'Djaména. Composante :
· Oyo - Lékoni - Kabala - Franceville - Ntoum.
Composante :
· Bangui - Dimoli - Yaoundé et Bangui - Ouesso.
Composante :
· Souanké - Mékambo - Franceville.
'?. Projet 27 : Construction des barrages et
centrales électriques
Afin d'approvisionner la sous-région CEMAC et
éventuellement exporter, il est envisagé la réalisation
des études et la construction des barrages et centrales
électriques ci-après :
Cameroun :
Construction du barrage électrique à Warack ;
Construction de la centrale hydroélectrique de
Mvemlé (200 MW) ;
Aménagement de Lampanga.
Centrafrique :
Construction du barrage électrique de Dimoli (130 à
180 MW) ;
Construction du barrage électrique de Kembé (50
MW).
Congo
Construction de la centrale de Chollet (600 MW) en partenariat
avec le Cameroun ; Construction de la centrale hydroélectrique de Sounda
(1000 MW) ; Construction de la centrale hydroélectrique de Kouembali
(180 MW) ; Construction de la centrale à gaz de Pointe-Noire (900 MW) ;
Etudes des sites aménageables le long du fleuve Congo (14000 MW).
Gabon
Construction du barrage hydroélectrique Grand Poubara
1ère phase 160 MW et 2ème phase portera la puissance
à 280 MW ;
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Construction du barrage hydroélectrique
Impératrice de 42 MW sur le fleuve NGOUNIE
;
Construction du barrage hydroélectrique FE2 de 32 MW sur
le fleuve OKANO ;
Construction de la centrale thermique à gaz de Libreville
de 70 MW ;
Construction d'une centrale à gaz d'une puissance devant
aller progressivement à 1000 MW
à Port Gentil.
Guinée Equatoriale :
Aménagement hydroélectrique à Djibloho et
Sendje.
Tchad :
Le Tchad s'alimentera à partir de l'interconnexion de la
ligne Maroua-N'djamena, par l'utilisation des
excédents de LAGDO au Cameroun et de la ligne
Ngaoundéré-Maroua. La construction du barrage de
Warak sur la Bini (46 MW) permettra d'alimenter les zones
voisines des deux pays.
? Projet 28: Electrification
transfrontalière de moyenne tension :
Gabon :
Gabon - Guinée Equatoriale
Mendjen (Nord du Gabon) - Mongomo (Guinée Equatoriale).
Gabon - Cameroun
Sud du Cameroun - Woleu-Ntem
Gabon - Congo
Bakoumba - Lekoko - Mbinda ;
Divenié - Malinga.
Cameroun - Tchad :
Yagoua - Bongor.
Centrafrique - RD Congo
Bangui - Zongo.
Pour établir ses orientations, en matière de
définition de stratégies de développement, les pays de
la
CEMAC doivent disposer d'un point de vue commun en matiére
de politique d'aménagement du
territoire en vue du développement des infrastructures
productrices d'énergie électrique. Il n'y a pas de
développement sans infrastructures. Ni
d'intégration. C'est pourquoi, pour atteindre sa vision de
bâtir
une économie émergente à l'horizon 2025, la
CEMAC a décidé durant la décennie de relever le
défi
des infrastructures. La CEMAC nourrit l'ambition de devenir une
puissance énergétique d'ici 2025, au
regard de son énorme potentiel de génération
d'énergie électrique propre, basé essentiellement sur
l'hydroélectricité, le gaz et la
cogénération à partir des déchets de l'exploitation
du bois. L'objectif est
d'atteindre le cap d'une puissance de production installée
de 25 000 MW, couvrant la demande des pays
de la CEMAC et exportant sur le marché régional
(Nigéria & pays d'Afrique de l'Ouest). Pour atteindre
cet objectif, des infrastructures interconnectant les
réseaux des différents pays CEMAC entre eux, puis
avec ceux du Nigéria sont nécessaires.
Six grands projets d'interconnexion sont aujourd'hui
identifiés :
1. les lignes d'interconnexion Cameroun-Nord Nigéria et
Cameroun - Tchad - RCA ;
2. la ligne Brazzaville-Calabar (au Nigéria) quis'inscrit
dans le cadre du projet d'autoroutes d'échanges
d'électricité porté par le Pool Électrique
d'Afrique Centrale (P.E.A.C.) ;
3. l'aménagement hydroélectrique du site du Dimoli
(RCA) pour une alimentation des zones frontalières du Cameroun, de la
Centrafrique et du Congo ;
4. l'interconnexion du Réseau Interconnecté sud du
Cameroun et du Gabon via l'aménagement hydroélectrique de
Memvé'élé (Cameroun) et FéII (Gabon) ;
5. l'interconnexion des Réseaux Interconnectés sud
du Congo et du Gabon via l'aménagement hydroélectrique des sites
Grand Poubara (Gabon) et Imboulou (Congo) ;
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6. l'aménagement des sites de Djibloho
et Sendje en Guinée Equatoriale et enfin ;
L'interconnexion Brazzaville - Calabar devant relier notamment
les quatre pays côtiers de la CEMAC ne devrait se réaliser
qu'à l'horizon 2020, mais doit faire l'objet d'études de
faisabilité technique, économique et environnementale, laquelle
doit être lancée d'ici à 2012 et être
finalisée avant 2015. Au-delà de l'infrastructure
d'interconnexion, cette étude devra préciser les conditions de
mise en place d'un véritable marché régional
d'échanges d'énergie électrique de la CEMAC, avec les
organes de régulation et de gestion des contrats d'échanges et de
comptabilisation des mouvements d'énergie.
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