3.3. Mécanismes immunopathologiques
La physiopathologie de la maladie de Basedow est mal connue et
cette méconnaissance résulte largement de l'absence
jusqu'à ces dernières années de modèle animal
convaincant. Ce qui est évident c'est que la maladie de Basedow survient
sur un terrain génétiquement prédisposé. Des
facteurs de l'environnement tels qu'une infection capable de déclencher
une stimulation non spécifique du SI, ou des agressions diverses vont
entrainer une réponse auto-immune pathologique, par suite d'un
déficit latent d'une variété des LT, les LT suppresseurs.
Des LT dirigés contre les Ag thyroïdiens vont apparaître,
activant les LB qui vont produire des immunoglobulines stimulant la
thyroïde (Gorochov et Papo, 2000).
Les deux affections majeurs auto-immune de la thyroïde,
la thyroïdite de Hashimoto et la maladie de Basedow, partagent un
mécanisme immunitaire similaire mais, sur le plan histologique, une
infiltration inflammatoire lymphocytaire de degré variable. La
communauté de mécanisme explique la variabilité du cours
respectif de ces affections, une maladie de Basedow pouvant évoluer vers
une thyroïdite de Hashimoto, l'inverse étant aussi possible
(Page web).
Dans la maladie de Basedow, la réponse auto-immune est
dominée par les cellules Th2 CD4+, l'infiltrat lymphocytaire
est moindre et la destruction tissulaire relativement faible (Parham,
2003). Les anomalies biologiques thyroïdiennes
rencontrées sont une TSH infranormale et l'apparition d'Ac
anti-RTSH (95% des cas), anti-TPO (80%) et anti-Tg (25%) (Eyquem, et
al., 2000). La réponse immunitaire à l'origine de
la maladie est détaillée dans la figure ci-dessous.
Figure. 9. Processus immunologique
à l'origine de la maladie de Basedow et de la thyroïdite de
Hashimoto. (Page web)
L'activation des LT auxiliaires (T helper, Th1
CD4+) se fait par l'agression d'une cellule
présentatrice d'Ag (par exemple, un macrophage) qui induit l'expression
de l'Ag MHC de classe II, permettant ainsi la présentation d'un Ag
auquel répond le T helper (Fig.9, 1a). Cette
activation peut aussi être stimulée par des Ag thyroïdien
(Fig.9, 1b), ou des Ag ressemblant à un Ag
thyroïdien, par exemple, viral. Les cellules T helper
activées induisent la sécrétion de cytokines (Fig.9,
2) et activent les lymphocytes B (Fig.9, 3). Les cytokines
stimulent différentes populations de lymphocytes dont les
CD8+ qui provoquent l'apoptose du thyréocyte (Fig.9,
4). Les LB produisent des Ac antithyroïdiens dont les Ac anti-TPO qui
ont une propriété cytotoxique. La perturbation des
éléments modulateurs (Fig.9, 5) de la réponse
immunitaire peut contribuer à l'apparition de la thyroïdite de
Hashimoto ou de la maladie de Basedow (Page web).
Si les facteurs de prédisposition à la maladie
de Basedow sont encore mal cernés, et si les stades initiaux de
l'auto-immunisation contre la cellule thyroïdienne sont largement
méconnus, le mécanisme d'apparition de l'hyperstimulation de la
thyroïde et de l'hyperthyroïdie parait clair. Parmi les Ac
antithyroïdiens présents au cours de la maladie de Basedow, on
trouve des Ac dirigés contre le R-TSH capables de stimuler ce
récepteur, en particulier par son fragment Fab, et donc d'activer, en
l'absence de TSH, la synthèse et la libération des HT.
La réponse auto-immune dans la maladie de Basedow
repose principalement sur la production d'Ac, les symptômes étant
dus à la fixation des Ac aux récepteurs de TSH
(Fig.10.). En mimant le ligand naturel, les Ac fixés
déclenchent une surproduction chronique d'HT qui est indépendante
de la régulation par la TSH et insensible aux besoins
métaboliques de l'organisme.
Figure. 10. Dans la maladie de
Basedow, les auto-Ac dirigés contre le récepteur de la TSH
causent une surproduction d'HT (Parham, 2003).
La figure N° 10 représente des follicules
thyroïdiens entourés de cellules épithéliales. La
partie gauche de la figure montre l'absorption d'iodure (cercles verts),
l'iodation de la thyroglobuline et son stockage dans les follicules quand les
HT ne sont pas nécessaires. Le panneau en haut à droite montre ce
qui suit en cas de besoin d'HT. La TSH de l'hypophyse induit l'endocytose et la
dégradation de la Tg iodée, ce qui produit la T3 et la
T4. En plus de l'effet qu'elles exercent sur le métabolisme,
T3 et T4 signalent à l'hypophyse d'arrêter
la sécrétion de TSH. Le panneau en bas à droit montre ce
qui se passe dans la maladie de Basedow. Les auto-Ac miment l'action de la TSH
et entrainant de manière continue la synthèse et la
libération d'HT. Chez les patients souffrant de la maladie de Basedow,
la production d'HT devient indépendante de la TSH (Parham,
2003).
Les mécanismes immunologiques responsables de
l'apparition et de l'évolution des symptômes spécifiques de
la maladie de Basedow, notamment ophtalmo-pathique et dermique, sont encore
obscurs (Gorochov et Papo, 2000).
L'apparition de l'exophtalmie lors de la maladie de Basedow
est peut être liée à un processus différent. Enfin,
des arguments ont été présenté en faveur de
l'existence d'Ac stimulant les récepteurs pour la TSH situés sur
les cellules rétro-orbitaires. On privilégie l'hypothèse
d'une auto-immunité croisée entre un ou des Ag thyroïdiens
et un ou des Ag de l'orbite, et en particulier des muscles oculomoteurs. Le
récepteur de la TSH est un Ag candidat. Certaines équipes ont
montré la présence de son ARN dans les cellules des tissus
orbitaires. Mais la démonstration de la présence de la
protéine elle-même n'est pas faite (Gorochov et Papo,
2000 ; Fudenberg et al., 1986).
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