2.4. Rôles
physiologiques
La thyroïde n'est donc ni un bouclier anatomique, ni un
fragile papillon. C'est une glande endocrine essentielle à notre
équilibre et à notre santé (Nys, 2012). La
T3 et la T4 agissent sur de nombreuses cellules du corps
où elles influencent le métabolisme de diverses manières,
notamment en augmentant la consommation d'O2 et la production de
chaleur (Renate, 2008). Une grande partie des T3 et des
T4 libérées circulent dans le sang en s'accrochant
à des protéines de transport, ce qui les rend inactives. Le reste
constitue des « hormones libres », directement utilisables
par les cellules. En effet, la T4 constitue environ 90% des hormones
sécrétées par la thyroïde, or son activité
biologique est environ quatre fois moindre que celle de la T3. Plus
précisément, c'est la T3 qui agit au niveau des
récepteurs cellulaires. La T4 libre doit donc être
transformée en T3 libre pour que le message hormonal soit
délivré aux cellules. De ce fait, l'essentiel de la T4
sécrétée est convertie en T3,
c'est-à-dire activée par soustraction d'un atome d'iode. Cette
amputation se fait naturellement en dehors de la glande thyroïde, au
niveau des organes périphériques surtout dans le foie et les
reins (Nys, 2012 ; Sherwood et Molotchnikoff, 2006).
Presque chaque tissu de l'organisme est influencé
directement ou indirectement par les HT, elles sont le principal facteur
déterminant le métabolisme de base et ont aussi d'autres effets,
notamment sur la production de chaleur, l'activité du coeur, la
croissance, le système nerveux, etc.
Les HT augmentent le métabolisme de base qui est le
régime de croisière du métabolisme. C'est le principal
facteur déterminant la consommation d'O2 et la dépense
d'énergie au repos. En plus, l'effet calorigénique (producteur de
chaleur) est étroitement lié à l'effet des HT sur le
métabolisme car l'augmentation de celles-ci va de paire avec celle de la
production de chaleur.
Les HT ont également un effet sympathomimétique.
Elles ont, en effet, des actions semblables à celles causées par
le système nerveux sympathique en augmentant la réponse des
cellules cibles aux catécholamines, noradrénaline des neurones
postganglionnaires du système nerveux sympathique et adrénaline
produite par la médullosurrénale. Les HT exercent cet effet par
le biais de l'augmentation du nombre de récepteurs spécifiques
des catécholamines des cellules cibles. D'ailleurs, beaucoup des
symptômes liés à la sécrétion excessive d'HT
sont semblables à ceux qui accompagnent l'activation du système
sympathique (Sherwood, Molotchnikoff, 2006).
Les HT renforce l'effet des catécholamines aussi sur le
coeur ; elles l'accélèrent et stimulent sa force de
contraction d'où l'augmentation du débit cardiaque (Sherwood
et Molotchnikoff, 2006).
Les HT sont indispensables à la croissance normale en
raison de leur effet sur l'hormone de croissance, la somatotrope (STH), non
seulement en stimulant la sécrétion de STH, mais en favorisant
aussi l'action de celle-ci (ou des somatomédines) sur la croissance du
squelette et la synthèse de protéines. La croissance est
arrêtée chez les enfants souffrant d'insuffisance
thyroïdienne ; un effet réversible par l'administration d'HT
de remplacement est observable. A la différence de la STH, les HT ne
causent pas une croissance excessive (Sherwood et Molotchnikoff,
2006). En plus, le développement normal du système nerveux
est fortement perturbé si l'insuffisance thyroïdienne existe
dès la naissance : Les HT ont un rôle crucial dans le
développement normal du système nerveux, surtout, central. Elles
sont aussi importantes pour son fonctionnement normal chez l'adulte
(Sherwood et Molotchnikoff, 2006).
Tout dérèglement au niveau de la
régulation de la fonction thyroïdienne peut
déséquilibrer les processus physiologiques habituels du corps.
Lorsque les HT sont produites en quantité insuffisante, l'organisme
fonctionne au ralenti, le rythme cardiaque diminue, la température
corporelle s'abaisse, les dépenses énergétiques
s'amenuisent, les pensées s'enlisent, le moral est en berne, etc
(Nys, 2012).
A l'inverse, trop d'HT et nos fonctions s'emballent : le
coeur bat plus vite ; les dépenses énergétiques
s'envolent provoquant un amaigrissement excessif ; la température
corporelle augmente ; la nervosité s'installe, etc. La
thyroïde dans cette situation est dite en état
d'hyperthyroïdie dont la cause la plus fréquente est la maladie de
Basedow (ou maladie de Basedow-Graves), causée par un
détournement de cellules immunitaires vis-à-vis des constituants
des cellules folliculaires de la thyroïde.
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