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Action internationale en faveur de la démocratisation du Togo

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par To௠KPOBIE
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études Approfondies 2012
  

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Paragraphe deuxième : les défaillances inhérentes aux acteurs internes.

Les acteurs internes constituent les leviers incontournables sur lesquels doit normalement pouvoir compter la communauté internationale pour espérer parvenir à ses fins. Or, l'incapacité de ces leviers à répondre effectivement à leur fonction n'est sans effets désagréables sur l'efficacité de l'action internationale. Il s'agit à travers cette démonstration de toucher du doigt certains ratés des acteurs politiques internes (A) et l'absence patente de climat libéral (B) qui a affecte à des degrés variables le cours du processus de transition démocratique au Togo.

A- Les ratés des acteurs politiques internes.

Les ratés des acteurs politiques togolais évoquent le fait que ces derniers n'ont pas su exploiter certaines occasions clés du processus démocratique pour créer un environnement de communion spirituelle nécessaire à poser les jalons d'une démocratie réelle au Togo.

En premier lieu, retenons que les élites politiques togolaises ont détourné l'objectif principal de la conférence nationale qui normalement doit essentiellement reposer sur l'organisation d'un débat franc et constructif avec la participation de toutes les forces vives et de toutes les sensibilités politiques nationales, dans une atmosphère imprégnée du principe de consensualisme 176(*). Or, la conférence fût malencontreusement interprétée par l'opposition comme une occasion de revanche politique et de règlement de compte177(*). Du côté du pouvoir en place, les débats au cours de cette conférence furent considérés comme une humiliation difficile à digérer178(*). Ce qui a conduit le régime au pouvoir à des réticences. D'où les échauffourées constatées çà et là. Bref, le consensus national ériger en principe à valeur constitutionnelle au Bénin était inconnu de la pratique togolaise. EBOUSSI-BOULAGA s'interrogeait amèrement à ce sujet : « qu'aurai été la conférence nationale souveraine togolaise, sinon un imprudent défoulement et un téméraire déballage ?...N'a-t-on pas abandonné la proie pour l'ombre ?... »179(*)

En second lieu, d'autres maladresses liées aux caprices des élites politiques togolaises, ont profondément freiné la réunion des conditions nécessaires au bon développement de la jeune démocratie togolaise. En effet, après les débâcles de la conférence, les élections législatives de 1994 avaient vu les partis d'opposition remporter la majorité au parlement. Ils disposent de 43 députés contre 38 pour la mouvance présidentielle. De façon détaillée, le RPT (Rassemblement du Peuple Togolais) et son allié UJD (Union pour la Justice et le Développement) étaient crédité de 37 députés (dont 1 seul pour l'UJD) ; le CAR (Comité d'Action pour le Renouveau) avait 36 députés ; l'UTD (Union Togolaise pour le Développement), comptait 7 députés ; la CFN (Convention des Forces Nouvelles) avait 1député qui rejoindra finalement la mouvance présidentielle180(*). En fonction de l'art. 66 de la constitution de 1992181(*), le RPT avait légalement choisi comme premier ministre l'un de ses anciens collaborateurs Edem KODJO182(*), le leader de l'UTD, pourtant le bon sens démocratique voudrait que ce soit yaovi AGBOYIBOR le leader du CAR, la formation politique la plus importante de l'opposition parlementaire en ce temps. Ce dernier, n'ayant pas su anticiper et surmonter une telle nomination qui n'avait, pour but politique, que la déstabilisation de l'opposition, répliqua à tort en interdisant à ses membres d'entrer au gouvernement. Au lieu qu'il ait donc, un gouvernement d'union nationale largement dominé par les partis de l'opposition pour une amorce réelle de la démocratisation, il s'en est au contraire dégagé une situation d'embrouille. Et, de l'autre coté du parlement, les membres de l'UTD ont servi d'appoint pour la constitution de la majorité présidentielle ; laquelle s'est passée d'eux dès qu'elle a pu se renforcer autrement183(*).

Le processus de démocratisation avait ainsi pris un mauvais départ du fait de l'attitude des leaders de l'opposition piégés par la dextérité politique du président Eyadéma, le leader du RPT184(*).  Le renversement du processus de démocratisation au Togo,185(*) a, sans conteste, compliqué la tâche à la communauté internationale et explique pourquoi cette dernière s'impliquera énergiquement, à l'avenir, pour la formation de véritable gouvernement d'union nationale, comme l'une des portes de sortie de la crise politique togolais.

Qu'en est-il, en d'autres lieux, de l'absence patente de climat libéral qui a marqué de son empreinte le jeune processus démocratique déjà victime d'une « fausse-couche » ? 

* 176 DOO-KIMGUE (M.), op cit. 214.

* 177 DEBBASCH (C.), op cit. P.13-551.

* 178 Idem. Ibid., p. 13-551.

* 179 EBOUSSI-BOULAGA (F.), les conférences nationales en Afrique noire, Karthala, 1993, p.12.

* 180 DOO-KIMGUE (M.), op cit. 257-366.

* 181 Selon l'article 66 alinéa 1er« le Président de la République nomme le Premier Ministre dans la majorité parlementaire. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui de la démission du gouvernement ».

* 182 Il faut rappeler qu'Edem KODJO fut le secrétaire général de l'ancien parti unique RPT, avant de rejoindre le rang de l'opposition à partir de 1990.

* 183 En effet, en août 1996, le RPT retrouvera la majorité à l'Assemblée nationale en remportant l'élection législative partielle portant sur trois sièges à pourvoir. V. DOO-KIMGUE (M.), op cit. p. 258-366.

* 184 Ibid, p. 258-366.

* 185 MEDHANIE (T.), op cit. p. 67

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