1.4 Cohérence des hypothèses
Le choix des scénarios de stress est arbitraire. Ce
point faible des outils de 2e génération est cependant
moins important qu'il n'y paraît. Le réalisme ou la vraisemblance
d'un scénario de stress testing ne constitue qu'un aspect de l'objectif
du scénario qui est le calcul d'une provision prudentielle.
En revanche, il est nécessaire que le scénario
financier soit combiné avec des hypothèses cohérentes
concernant la politique de l'assureur et le comportement des assurés.
Dans le cas contraire, les problèmes actif-passif potentiels liés
à la hausse des taux ne seront pas convenablement identifiés, et
l'exercice de simulation deviendra sans intérêt et susceptible de
produire des conclusions erronées.
Les hypothèses cohérentes dont il est question
portent sur :
> la politique financière de l'assureur,
> la politique de rémunération des contrats
(taux servis),
> le comportement des assurés (souscription, rachats
anticipés, prorogations, etc.).
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Chapitre II : Réassurance & Gestion
actif-passif
a) Politique
financière
Dans le cadre des outils de 2e
génération, la question financière n'est plus
limitée au choix de la durée des investissements obligataires.
a.1 Allocation d'actifs
Selon la sophistication du modèle, la description de la
politique financière peut être plus ou moins
détaillée. Au minimum, il faut traiter, canton par canton, des
éléments suivants :
> la répartition par grandes classes d'actifs
(immobilier, monétaire, obligations, actions),
> la durée des investissements obligataires.
Ces éléments sont véritablement
représentatifs de la stratégie de l'assureur, et globalement
désignés sous l'appellation de politique d'allocation d'actifs,
ou d'allocation stratégique des actifs.
Il est important de ne pas oublier que la durée et la
structure des placements obligataires fait intégralement partie de la
stratégie financière, même si elle n'est pas l'unique objet
de la recherche de l'adéquation actif-passif.
Cependant, la notion d'allocation d'actifs est plus complexe
que ne le laisse entendre la définition ci-dessus car elle
présente en fait deux aspects :
> Elle est représentée implicitement par la
composition initiale des actifs de chaque canton, qui est une donnée du
modèle,
> Il faut préciser la politique d'investissement (ou
de désinvestissement) liée aux cash-flows du canton.
a.2 Restructuration d'un portefeuille
financier
La mise en oeuvre d'une allocation d'actifs est un aspect
tactique important, pour lequel les modèles de 2e
génération peuvent apporter une aide précieuse. Si la
modélisation de l'actif est suffisamment détaillée, il est
possible, non seulement, de tester si telle allocation est meilleure que telle
autre, mais aussi de projeter les conséquences comptables du passage de
l'allocation actuelle à une allocation préconisée.
Il est rarement possible de modifier radicalement la
composition de son portefeuille sans créer une cascade de
conséquences comptables parfois significatives. Les simulations
permettent de mesurer si ces conséquences sont supportables. Le cas
échéant, elles donnent des indications conduisant à
reporter la restructuration du portefeuille.
b) Le comportement des
assurés
Le comportement des clients est un facteur clé, dans la
projection des résultats. Ce comportement intervient naturellement dans
un modèle dynamique via l'hypothèse de
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Chapitre II : Réassurance & Gestion
actif-passif
production, qui détermine les primes futures. Mais
même dans le cadre d'une analyse purement statique, le comportement des
clients en matière de rachat, de transfert ou de prorogation, influence
considérablement les résultats et les cash-flows du passif.
On peut constater statistiquement, que le comportement de la
clientèle diffère fortement selon ses caractéristiques
socioprofessionnelles, patrimoine, âge, profession, ainsi que le mode de
commercialisation des contrats. La difficulté est que ce comportement
des assurés est fluctuant et dépendant du contexte des
marchés.
Toute l'expérience de l'analyste actif-passif doit donc
être mobilisée pour bâtir des hypothèses
cohérentes. Il faut commencer par l'étude statistique du
comportement normal des assurées. Il s'agit par exemple de mesurer
régulièrement les taux de rachats anticipés en fonction
:
> du type de contrat,
> de l'ancienneté du contrat,
> de l'âge du client,
> du montant de l'épargne,
> et du réseau de commercialisation.
On peut en déduire un classement des clients selon leur
degré plus ou moins élevé de sensibilité
supposée à un écart entre les taux servis et les taux
concurrentiels.
Les conséquences des scénarios
économiques sur les comportements des assurés de la compagnie
d'assurance, dans le cas d'une hausse des taux, se traduisent par la
dégradation de la situation concurrentielle de la compagnie, avec comme
conséquence la baisse de la production ainsi qu'une hausse des rachats
anticipés. Une baisse aura l'effet inverse.
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