1.3 Conception des scénarios
Les modèles déterministes sont conçus
pour simuler l'évolution du bilan et des résultats des assureurs
vie en fonction de scénarios économiques exogènes. Il
s'agit bien de scénarios au pluriel, car il n'est pas question
d'utiliser un scénario unique, ce qui ramènerait en pratique aux
outils de 1re génération.
Les scénarios envisageables sont littéralement
innombrables, de nombreuses variantes pouvant être envisagées tant
pour les hypothèses économiques et financières que pour
les hypothèses de production et de comportement des assurés.
Il faut pourtant sélectionner un nombre limité
de scénarios représentatifs, faute de quoi le comité
actif-passif se trouverait rapidement noyé sous les résultats du
modèle.
Le premier scénario qui vient à l'esprit est
celui de la continuité, les marchés financiers conservant leur
position ou leur tendance sans forte variation. Par rapport à ce
scénario de référence, généralement
qualifié de scénario central, il faut ensuite
étudier des scénarios contrastés dont la conception est
beaucoup moins évidente.
a) Scénario central
Le scénario central correspond à une situation
moyenne et stable des marchés financiers pour autant qu'on puisse parler
de stabilité dans ce domaine. Son utilité principale est de
constituer une référence pour mesurer la variation des
résultats en fonction des scénarios contrastés
étudiés ultérieurement. Cette durée en assurance
vie est généralement située entre 5 et 15 ans.
b) Scénarios contrastés (stress
testing)
Il existe des prévisions budgétaires dont
l'objectif est bien de prévoir l'avenir aussi exactement que possible.
Mais en gestion actif-passif, il s'agit seulement de projeter les
résultats associés à des scénarios arbitraires,
dont certains peuvent être particulièrement défavorables.
Il n'y a là aucune prévision, mais seulement une méthode
de contrôle des risques.
Cette approche est d'ailleurs utilisée dans le risque
management liée à l'assurance ou la réassurance des grands
risques, dont la fonction est d'évaluer les coûts et d'imaginer
les réponses à apporter dans le cas de réalisation du
sinistre.
La conception de ces scénarios découle de la
variation de plusieurs paramètres. Le résultat de la compagnie
d'assurances vie est très sensible aux hypothèses retenues. Par
conséquent, la conception des scénarios se pose donc avec
acuité.
La faiblesse essentielle des scénarios
déterministes réside dans les variations qui sont arbitrairement
retenus. Cependant, en pratique ces questions ne font pas l'objet de grands
débats, car l'objet premier du scénario est de tenter d'avoir une
estimation. On utilise de
47
Chapitre II : Réassurance & Gestion
actif-passif
préférence des scénarios
économiques très simples, dans lesquels les variations des taux
sont standardisées, alors que le scénario central est basé
sur une philosophie de continuité du présent et des
scénarios contrastés en nombre limité. (Le Vallois, Palsky
et Tosetti 2003)
Les conséquences de ces scénarios sur la valeur
des différents actifs financiers, et le comportement des assurés,
font que la conception du scénario reste très délicate.
L'actuaire est libre d'utiliser autant de scénarios de stress qu'il le
juge nécessaire, par conséquent son expérience joue ici un
rôle déterminant.
c) Comparaison des résultats
Comment comparer les résultats obtenus entre
différents scénarios ?
La question peut sembler triviale. Les modèles ont
précisément pour objet de projeter les résultats
comptables et financiers. Il suffit donc de comparer les résultats
relatifs à différents scénarios, ou pour un même
scénario économique, comparer les résultats des
différentes politiques financières.
En outre, un modèle déterministe complet permet
de déceler, pour chaque scénario, les écueils comptables
ou réglementaires, tels que l'insuffisance de la marge de
solvabilité ou le seuil de déclenchement de la provision pour
aléas financiers.
Cependant, dans certains cas il est intéressant de
réduire ces séquences de résultats à un indicateur
de rentabilité unique, notamment pour pouvoir classer les politiques
financières entre elles. Différents indicateurs peuvent
être employés à cet effet, proches dans leur principe des
notions financières de marge actualisée ou de retour sur capital
investi.
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