Cadres généraux : penser l'histoire des
femmes au XVIe siècle.
LA PLACE DE LA FEMME DANS LA SOCIÉTÉ DU
XVIE .
L'histoire des femmes au XVIe siècle est
longtemps restée dans l'ombre, tout comme l'histoire des femmes, d'une
manière plus générale. La gender history, en tant
que sujet d'étude, n'est apparue aux États-Unis que dans les
années soixante. Le développement des mouvements
féministes a permis de revenir sur une histoire pensée
essentiellement à travers un regard masculin. « Le souci de mettre
fin à l'invisibilité et à la marginalité des femmes
»1 voit le jour. Un long travail de recherches se met alors en
place afin de donner ou de redonner aux femmes leur rôle dans l'histoire,
de faire revivre leur statut d'actrices de l'histoire. Dans les
premières années de ce mouvement, le désir de mettre en
lumière la condition de la femme a conduit à produire une
histoire misérabiliste s'appuyant essentiellement sur l'étude de
la domination de l'homme sur la femme. L'étude des rapports hommes /
femmes s'est ensuite élargie pour tenter de comprendre la place de la
femme dans la société et dans l'histoire. La gender history
s'est exportée des pays anglo-saxons vers la France dans les
années 1970. Michelle Perrot et Fabienne Bock donnent, en 1973, un cours
intitulé « Les femmes ont-elles une histoire ? ». Le courant
de la gender history se diffuse en France et Michelle Perrot semble
trouver une réponse à sa question dans la publication d'une
Histoire des Femmes en Occident en 2002, en collaboration avec Georges
Duby.
L'époque moderne est un temps où la
supériorité masculine est reconnue et celle-ci est, comme le
rappelle Joël Cornette, « solidement fondée, dans les
pratiques et plus encore dans les représentations »2. Le
discours dévalorisant sur la femme et la féminité est
toujours plus important. Malgré le néoplatonisme et sa vision
positive de la beauté, l'humanisme est porteur d'un
anti-féminisme patent. La femme, depuis Ève, est le moyen par
lequel Satan fait pécher l'homme. L'Église s'est
appropriée cette idée de la femme comme un être dangereux
pour l'homme et pour elle-même. C'est pourquoi elle tente de
contrôler la femme au plus près. Néanmoins, il faut bien
rappeler, comme le fait Marcel Bernos3 que la religion catholique
n'est pas à la base de la misogynie. En effet, la misogynie ambiante,
qui caractérise l'époque moderne, voit son apparition des
siècles
1Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne (XVIe-XVIIIe
siècles), Paris, Belin, 2003 (coll. Sup histoire), p.3.
2Joël CORNETTE (dir.), 1453-1559 : Les
renaissances, Paris, Belin, 2010 (coll. Histoire de France), p.570.
3Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église
dans la France classique : XVIIe-XVIIIe
siècle, Paris, Éditions du Cerf, 2003 (coll. Histoire
religieuse de la France), p.11.
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avant le catholicisme. Marcel Bernos s'appuie sur quatre
héritages qui expliquent, selon lui, l'apparent phallocentrisme de
l'Église à l'époque moderne. Il montre tout d'abord que
l'héritage biblique apporte une image de soumission de la femme,
principalement à son mari. « La femme juive n'avait, pratiquement,
de valeur que mariée, fertile et bonne gestionnaire du ménage,
telle qu'elle apparaît dans le chapitre 31 des Proverbes
»4. Aussi, le christianisme en lui-même n'introduit pas
l'idée de domination de l'homme sur la femme mais il a pu au contraire
être vécu comme une révolution en acceptant que les femmes
ne se marient pas, les libérant par là même de leur
fonction reproductrice. Néanmoins, comme le rappelle Scarlett
Beauvalet-Boutouyrie, « [c]'est tout d'abord la question de l'origine de
la femme qui a fait naître ce phénomène de
dévalorisation »5. En effet, la Genèse explique
que, si l'homme a été fait « à l'image de Dieu »
(I, 27), la femme, elle, est façonnée dans la côte de
l'homme (II, 22)6. Selon Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, «
[p]resque tous les auteurs font mention de cette origine, et en tirent
d'éloquentes conclusions sur la supériorité masculine
»7.
Mais Marcel Bernos voit trois autres héritages qui
poussent les sociétés de l'époque moderne, et donc aussi
les clercs et l'Église romaine, à dévaloriser la femme et
la féminité. Selon lui, l'aristotélisme, le platonisme et
le stoïcisme seraient des systèmes de pensée ancrés
dans la culture de l'époque moderne et très peu favorables aux
femmes. En effet, Marcel Bernos rappelle que l'aristotélisme
considère la femme comme « un homme manqué, incomplet
»8. Le platonisme introduit quant à lui une distinction
entre la matière et l'esprit. Or la femme, « figur[ant]
l'élément corporel, [...] devenait par là forcément
inférieure »9. Enfin, le stoïcisme et son «
pessimisme dans le domaine de la sexualité »10
était à son tour défavorable à la
féminité. Il faut donc bien souligner que la place des femmes
dans la religion catholique n'est pas celle d'une infériorité qui
surgirait ex-nihilo. Cette apparente misogynie de l'Église catholique
est une construction sociale qui prend racine bien des siècles avant
même la naissance du catholicisme.
L'étude de la place des femmes dans la
société de l'époque moderne doit prendre en compte la
pauvreté des sources utilisables. Les discours portés sur les
femmes sont toujours des discours orientés, qui visent quelque chose.
Les proverbes doivent être étudiés avec précaution.
Le théâtre est, selon Marcel Bernos, un « prisme
déformant »11.
4Ibid., p.14.
5Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.7. 6Bible de Jérusalem, Paris,
Éditions du Cerf / École biblique de Jérusalem, 1961,
p.10-11.
7Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.8. 8Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.16.
9Ibid., p.16. 10Ibid.,
p.16. 11Ibid., p.18.
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femmes au XVIe siècle.
Finalement, ce même auteur souligne que « la femme
en tant que telle est peu présente dans les écrits des clercs
à l'époque moderne »12. Dans les manuels de
confession de l'époque, la femme est peu évoquée dans la
globalité du genre féminin. « Lorsqu'elle est mise en cause,
par exemple à propos de ses excès de luxe ou sa
sensualité, elle appartient à une catégorie très
spécifique et limitée : la "mondaine", ce qui devrait nous
interdire de généraliser les remarques faites à son propos
à tout le "sexe" »13. Les livres publiés par des
femmes et qui pourraient nous renseigner sur la place qu'elles trouvent dans la
religion catholique sont trop rares pour pouvoir établir des
généralités et surtout ces dernières publient peu
sur des sujets religieux. Enfin, les livres écrits
particulièrement sur des femmes, souvent des femmes exemplaires, par des
clercs proposent une vision déformante et déformée de la
réalité. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, prenant en exemple les
biographies exemplaires de veuves chrétiennes, en conclut : « La
plupart de ces récits à vocation édifiante se rapprochent
plus du panégyrique ou du traité de vertus chrétiennes que
de la biographie au sens propre du terme »14. Il faut de plus
souligner avec Marcel Bernos que « [l]es clercs sont d'ailleurs loin
d'être les membres les plus misogynes de la société
d'Ancien Régime, leurs écrits sont souvent outrepassés,
jusqu'au coeur du XIXe siècle, par ceux de la plupart des
juristes, réduisant les femmes à l'état de mineures, de
nombreux philosophes [...] ou de médecins [...] »15.
L'étude de la vision qu'a la société de l'époque
moderne des femmes doit donc aborder toute source avec une précaution
accrue afin de ne pas faire de contresens sur la signification d'un
écrit ou d'une image.
Le discours des clercs de l'époque moderne sur la femme
est fréquemment, comme le rappelle Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, un
discours de la peur. « Cette peur a des origines lointaines, l'attitude
masculine à l'égard de la femme ayant toujours été
contradictoire, oscillant entre attirance et répulsion,
émerveillement et hostilité »16. Une partie des
auteurs appartenant à l'Église catholique souligne
l'identification de la femme à Satan. Cette identification « n'est
donc pas nouvelle mais, formulée avec une malveillance
particulière dès le début du XVIe
siècle, elle est diffusée comme jamais auparavant grâce
à l'imprimerie »17. De cette identification
découle une justification de la subordination de la femme au mari, c'est
pourquoi il est très important de comprendre les origines de
l'assimilation de la femme au diable. Ève, la mère de
l'humanité, est
12Ibid., p.18. 13Ibid.,
p. 19. 14Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes à
l'époque moderne..., op. cit. [note n°1],
p.19. 15Marcel BERNOS, Femmes et gens d'Église...,
op. cit. [note n°3], p.21.
16Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.7. 17Ibid., p.7.
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tenue par beaucoup de clercs comme la responsable de la chute
du genre humain. Dès le IIIe siècle, Tertullien, dans
le De cultu feminarum, énonce sentencieusement : « C'est
toi la porte du diable [...]. C'est toi qui la première as
déserté la loi divine ; c'est toi qui as circonvenu celui auquel
le diable n'a pu s'attaquer ; c'est toi qui es venue à bout si
aisément de l'homme, l'image de Dieu »18. Ève
porte ici l'unique responsabilité du péché originel, cause
de la déchéance des hommes. Pour cette raison, l'auteur « la
condamne à toujours porter le deuil, à être couverte de
haillons et à s'abîmer dans la pénitence
»19. De nombreux théologiens et prédicateurs
reprennent ce topos : Ève, la femme, est la cause du mal. Le Marteau
des Sorcières puise ses démonstrations dans de grands
auteurs tels Platon, Aristote, Galien ou encore Cicéron. Tertullien, au
livre II du De cultu feminarum, se plaint d'une manière
virulente des femmes qui se fardent, c'est-à-dire qui ajoutent « le
factice [qui] est l'affaire du Diable » à la « nature, oeuvre
de Dieu »20. Il s'avère en effet que l'apparat est, dans
la culture occidentale de l'époque moderne, un signe d'orgueil et donc
de connivence avec le diable. La femme serait donc en contact, pour ainsi dire
constant, avec les forces maléfiques. Marcel Bernos affirme qu'il y a
« dans l'attitude de l'homme, y compris de l'homme d'Église,
à l'égard des femmes, une ambivalence que la psychanalyse
contemporaine permet d'élucider quelque peu »21. L'homme
de l'époque moderne serait tiraillé entre deux visions de la
femme, deux couples opposés. Ève serait l'image de la mère
mauvaise tandis que Marie serait la représentation de la bonne
mère. De la confrontation entre ces deux images de la femme
naîtrait « [l]a peur spontanée, physique de la femme [qui]
est dramatisée par un instinct incompris et donc par la crainte
surnaturelle d'être perdu par elle, comme le furent Adam, David, Salomon,
Samson et tant d'autres »22.
Nous pouvons nous arrêter quelques instants sur ces
grandes figures de la Bible qui ont péché par la femme. Adam tout
d'abord, le premier homme, qui aurait péché par un trop grand
amour pour sa femme, Ève. Deux théories s'opposent, au sein de
l'Église catholique, afin de déterminer qui d'Ève ou
d'Adam a réellement commis le dommage irréparable qui
entraîna la chute de l'homme hors du Paradis. Ainsi, Sprenger, dans son
Malleus Maleficarum, soutient que « [s]i le Diable conduisit
Ève au péché, c'est Ève qui séduisit Adam
[...]. Le péché d'Ève ne nous aurait pas conduits à
la mort de l'âme et du corps, s'il n'avait pas été suivi
par la faute d'Adam à laquelle l'entraîna Ève et non le
18Cité dans Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.75.
19Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.9.
20Cité dans Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.75.
21Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.73.
22Ibid., p.74.
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diable »23. Néanmoins, un des plus
grands théologiens de l'Église catholique, saint Thomas d'Aquin,
affirme lui que « [l]e péché n'est pas entré dans le
monde par la femme mais par l'homme »24. Sa
démonstration est simple et s'appuie sur les croyances de son temps : si
l'homme est supérieur à la femme, il était en sa
responsabilité de détourner Ève du péché ou
tout du moins, de ne pas se laisser aller à la tentation du
péché pour lui-même. Adam est donc au moins tout autant
responsable de la chute de l'humanité que sa compagne Ève. Cette
idée est reprise en 1566 dans le catéchisme du concile de Trente
qui parle du « péché du premier homme »25,
c'est-à-dire d'Adam.
Les autres grandes figures qui ont été
tentées par la Bible ne sont pas moins importantes qu'Adam. En effet,
David, deuxième roi d'Israël, est un grand personnage de l'Ancien
Testament. Il est protégé de Dieu mais ne réussit pas
à éviter la tentation du péché,
représentée dans la femme d'un de ses soldats, Bethsabée.
David, voyant cette très belle femme depuis sa terrasse, envoie des
hommes la chercher et couche avec elle. Mais Bethsabée se trouve
enceinte suite à ce viol. David, afin de cacher cet acte, fait chercher
Urie le Hittite, le mari de Bethsabée, qui est parti en guerre. Son
dessein est qu'il couche avec sa femme afin de faire croire à sa
paternité de l'enfant à naître. Mais, Urie ne descend pas
dans sa maison. « Il dormit dehors ce soir-là pour partager de loin
la misère de ses camarades de combat »26. David, de
dépit, envoie ce soldat seul au front, afin qu'il meure. Mais Dieu
connaît le péché de David et punit le couple
adultère en faisant mourir l'enfant du péché.
Néanmoins la grâce divine revient sur le couple puisque
Bethsabée « mit au monde un fils auquel elle donna le nom de
Salomon »27.
Salomon, ce roi de sagesse loué par la Bible,
sème la discorde dans son royaume en acceptant la polygamie et en se
mariant avec des femmes qui introduisent des cultes païens dans son
État. Il semble donc que la femme ait réussi à faire
pécher l'homme dont la sagesse est reconnue par Dieu même. Nul
homme ne semble à l'abri des tentations des femmes. Celles-ci
influencent le coeur de ceux qui les aiment en les détournant du chemin
de la gloire de Dieu.
Enfin, Samson, une force de la nature, un homme qui ne se
laisse tromper par aucun ennemi, est trompé par Dalila, une femme qui
l'avait séduit. En effet, il révèle à cette
dernière, qui travaille contre lui, le secret de sa force. Samson est
pourtant présenté comme un homme rusé puisqu'il
déjoue par trois fois les pièges que Dalila lui tend.
23Cité dans ibid., p.77.
24Cité dans ibid., p.78.
25Cité dans ibid., p.77.
26Jacqueline KELEN, Les femmes de la Bible : les
vierges, les épouses, les rebelles, les séductrices, les
prophétesses, les
prostituées..., Paris, Éditions du
Relié, 2007 (coll. Sagesses), p.40.
27Bible de Jérusalem, op. cit.
[note n°6], 2 Samuel 12, 24.
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Néanmoins, à la quatrième fois, la ruse
de la femme l'emporte. Dalila lui dit : « Comment peux-tu dire que tu
m'aimes, alors que ton coeur n'est pas avec moi ? Voilà trois fois que
tu te joues de moi et tu ne m'as pas fait connaître d'où vient que
ta force est si grande »28. La trahison de cette femme ne
s'arrête pas à l'extorsion de son secret puisqu'elle va
jusqu'à couper les cheveux de son amant, le privant ainsi de toute
force. Nous voyons donc que la Bible, et particulièrement l'Ancien
Testament, est plein d'histoires mettant en scène des femmes perverses
ou provoquant le péché des hommes, même les meilleurs. Il
peut donc sembler légitime que « très tôt, des
moralistes chrétiens se soient méfiés de la femme
considérée comme une menace pour l'homme, et donc pour
eux-mêmes »29.
L'homme « est tout ensemble attiré par la femme,
vers laquelle le pousse son instinct ; et il éprouve une
répulsion que peuvent motiver des principes inculqués, des
traumatismes de son histoire personnelle inconsciente, ou encore la force
même de l'attirance ressentie, dont il constate qu'elle est capable de
lui faire "perdre la raison" »30. Afin de se protéger de
la femme, les hommes d'Église vont formaliser des règles qui
doivent régir la vie de toute chrétienne. Ils vont tenter de
structurer la vie des femmes et de leur imposer un cadre dans lequel elles
pourront se mouvoir. Les clercs, dans cette tentative d'ordonner la vie du sexe
féminin, s'appuient sur des cadres préexistants dans la
société civile dans laquelle ils vivent, pensent et
écrivent. Ils ne sont pas les seuls instigateurs de la subordination des
femmes. Néanmoins, nombreux sont ceux qui théorisent que les
chrétiennes doivent « être, dans tous les domaines, passives,
discrètes et obéissantes »31. La modestie est
l'attitude « réputée la plus convenable et conforme à
leur nature »32. La modestie est définie dans le
Furetière, grand dictionnaire du XVIIe siècle comme un
« substantif féminin. Pudeur, retenue. La modestie sied bien sur le
visage d'une jeune fille »33. Aussi, la modestie est
assimilée à la femme sans détour.
Une autre attitude demandée à la femme est celle
de la subordination à l'homme et notamment à son mari. Ainsi,
saint Paul a-t-il pu commander : « Que les femmes soient soumises à
leur mari comme au Seigneur : en effet, le mari est chef de sa femme, comme le
Christ est chef de l'Église, lui le sauveur du Corps ; or
l'Église se soumet au Christ ; les femmes doivent donc, et de la
même manière, se soumettre en tout à leurs
28Ibid., Livre des Juges 16.
29Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.74.
30Ibid., p.74.
31Ibid., p.26.
32Ibid., p.26.
33Antoine FURETIERE, Dictionnaire universel,
contenant généralement tous les mots françois tant vieux
que modernes et les
termes de toutes les sciences et les arts,Tome II, La
Haye et Rotterdam, Arnout et Reinier Leers, 1690, p.646 [disponible sur le
site <
http://books.google.fr/books?id=4iAlACqi88cC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false>]
(consulté le 12 novembre
2012 pour l'article « Modestie »).
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maris »34. Nous pouvons nuancer de suite ce
propos repris comme tel par de nombreux théologiens de l'époque
voire jusqu'aujourd'hui, afin de présenter l'Église catholique
comme vecteur de la misogynie. En effet, saint Paul semble revendiquer pour les
femmes une contrepartie à cette soumission. Il poursuit de fait son
discours par ces mots : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a
aimé l'Église : il s'est livré pour elle [...]. De la
même façon les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs
propres corps »35. Mais les théologiens ont
manifestement plus souvent repris la première allégorie conjugale
que son pendant. Cette affirmation de saint Paul « est devenue le
fondement du dogme de la subordination de la première au second
»36 comme le souligne Scarlett Beauvalet-Boutouyrie. Cette
subordination est justifiée de plus par la faiblesse de la femme qui, si
elle devait se diriger seule, tomberait dans le péché tout comme
Ève. Cette faiblesse des femmes serait due aux défauts qui leur
sont traditionnellement attribués : elles seraient « instables
», « bavardes », « vaines », « impulsives, voire
agressives » et « finalement, plus grave peut-être, dans la
mesure où l'attitude qu'on attend d'elles reste la soumission, un esprit
"libertaire" [...], c'est-à-dire revendiquant leur autonomie, voire leur
indépendance par rapport à l'autorité masculine »
37. Ces défauts attribués au sexe féminin
viennent d'une lecture de la Bible orientée mais aussi des
représentations des femmes dans la société de
l'époque moderne. Néanmoins, Marcel Bernos rappelle que certains
clercs « tiennent un discours plus favorable sur les femmes, leur
reconnaissant piété, douceur, patience »38. De
plus, les femmes auraient selon lui « intériorisé les
préjugés masculins sur leurs qualités et leurs
défauts, sur leur "nature", sur les rôles qu'elles étaient
capables de jouer, les fonctions qu'elles pouvaient exercer
»39.
Il faut donc, afin de contrôler cette « nature
» féminine, que les jeunes filles trouvent un mari, qui pourra les
diriger dans leur vie. Le mariage est un acte social qui engage toute la vie de
l'homme. Il a, dès l'Ancien Testament, deux visages. Dans les Proverbes,
nous pouvons voir une vision élogieuse du mariage : « Trouver une
femme, c'est trouver le bonheur, c'est obtenir une faveur de Yahvé
»40 dit le texte. Mais quelques pages plus loin, nous trouvons
ces avertissements : « Mieux vaut habiter en un pays désert qu'avec
une femme acariâtre et chagrine »41. Le mariage est donc
un passage
34Bible de Jérusalem, op. cit.
[note n°6], Épître aux Éphésiens. 5,
22-24.
35Ibid., Épître aux
Éphésiens. 5, 25-28.
36Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.8.
37Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.51.
38Ibid., p.52.
39Ibid., p.54.
40Bible de Jérusalem, op. cit.
[note n°6], Proverbes, 18, 22.
41Ibid., Proverbes, 21, 19.
obligé pour qui veut atteindre le bonheur mais il
comporte des risques importants pour celui qui choisirait mal sa partenaire. Sa
vision évolue au XVIe siècle, sous la poussée
de plusieurs courants. Sara Matthews Grieco affirme que « [l]a
réhabilitation de la vie maritale par les humanistes et les
réformateurs eut comme conséquence un élargissement des
buts qu'on lui attribuait. La procréation d'enfants et le soulagement de
la concupiscence - pendant longtemps les fins premières reconnues au
mariage - firent place à une promotion de l'amitié au sein du
couple et à une conception de l'épouse comme une consolatrice
»42. L'Église catholique pose les jalons que doivent
suivre les couples désirant se marier. Déterminant les interdits
et le rituel du mariage, elle cherche à contrôler nettement ce
sacrement car « [m]ariage signifie aussi famille, cellule de base de la
société »43.
Les interdits concernent les degrés de parenté
auxquels les futurs époux doivent se conformer. André
Burguière précise : « À côté des
interdits produits par la consanguinité et par l'affinité (la
parenté avec les consanguins du conjoint) auxquels [la doctrine
chrétienne] donne beaucoup plus d'extension que le droit romain ancien,
elle a inventé d'autres catégories de parenté interdisant
le mariage : comme la parenté d'honnêteté contractée
par une relation illégitime ou l'affinité spirituelle
»44. Le même auteur explique que «
[l]'affinité spirituelle constitue un apport original de la vision
chrétienne à l'idéologie de la parenté. [...] Le
rituel du baptême [...] crée entre le prêtre qui baptise, le
parrain et leurs proches parents une parenté d'un type nouveau qui
concurrence la parenté charnelle »45.
Au XVIe siècle, un événement
de taille vient affiner les positions de l'Église catholique sur le
mariage. En effet, la réforme protestante impulse une réforme de
l'Église catholique qui cherche alors à réaffirmer, et
parfois à redessiner, ses fondements afin de mieux se distinguer de ceux
qui sont considérés comme des hérétiques. Ce besoin
de réforme donne naissance au concile de Trente qui se déroule de
1545 à 1563 et qui constitue une pierre angulaire de la doctrine
chrétienne. Le concile de Trente confirme la proscription des mariages
entre des parents sous le quatrième degré de parenté
inclus, ce qui avait déjà été décidé
en 1215, lors du concile de Latran IV. Lucien Bély souligne que «
les questions de la publicité du mariage et du consentement
42Sara F. MATTHEWS GRIECO, Ange ou Diablesse :
la représentation de la femme au XVIe siècle,
Paris, Flammarion, 1991 (coll. Histoires), p.212.
43Ibid., p.218.
44André BURGUIERE, Le Mariage et l'Amour
: en France, de la Renaissance à la Révolution, Paris,
Seuil, 2011 (coll. L'univers historique), p.221.
45Ibid., p.221-222.
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Cadres généraux : penser l'histoire des
femmes au XVIe siècle.
des parents ne furent abordées qu'en 1563 au cours de
la XIVe session »46, signe que ces questions
soulèvent de nombreux débats. Il existe notamment un point
d'achoppement sur ces questions entre le roi de France Henri II et la
papauté. En effet, le roi de France souhaite la nullité des
mariages clandestins, ce que le concile ne reconnaîtra pas. Cependant,
« [a]près de longs débats, conduits sous la pression des
prélats français et des ambassadeurs du Roi très
chrétien, les Pères adoptèrent le fameux décret
Tametsi qui, rompant avec la doctrine classique, faisait du mariage un
acte solennel. Le décret rappelait les exigences déjà
formulées par le concile de Latran : la publication des bans
destinés à annoncer le mariage et à révéler
d'éventuels empêchements pendant trois dimanches
consécutifs, puis la célébration publique devant le
"propre curé" (celui de la paroisse des époux) et en
présence de deux témoins. Mais cette fois le défaut de ces
formes constituait un empêchement dirimant qui permettait l'annulation du
mariage. En outre, le décret prescrivait à chaque curé de
tenir un registre dans lequel il enregistrerait le nom des conjoints pour
servir de preuve »47. Le curé se trouve donc au coeur de
cette union qu'est le mariage et cela malgré le fait que
l'autorité royale tente d' « empiét[er] sur le terrain des
règles canoniques »48. Les conditions pour
accéder au sacrement du mariage sont précisées et durcies.
De plus, « le concile de Trente qui entend appliquer avec plus de rigueur
les dispositions canoniques sans modifier pour autant la doctrine des
empêchements, a cherché à réduire la pratique des
dispenses et même à la supprimer complètement pour les
parentés proches »49. André Burguière
souligne qu'« [à] partir du XVIe siècle, la mise
en place d'un nouvel encadrement religieux de la vie familiale permet à
ce qui n'était alors qu'un corps de doctrine de se transformer en un
dispositif d'interdictions assez strictement respectées. Les
réformes religieuses du XVIe siècle placent la vie
sexuelle et familiale de l'ensemble de la population sous le contrôle du
clergé et de l'autorité civile »50. En effet,
même si les dispositions du concile de Trente n'ont pas été
reçues officiellement en France, elles sont rapidement appliquées
dans les diverses paroisses françaises. Un clergé
renouvelé et à nouveau conscient de sa mission prend à
coeur de restaurer son autorité, notamment dans le domaine du
mariage.
Cette mise au point formelle n'empêche pas de nombreux
débats autour du mariage, et notamment autour de l'amour conjugal. Paul
a comparé l'amour conjugal à l'amour qui liait le Christ à
l'Église. En effet, il dit : « Maris, aimez vos femmes comme
46Lucien BELY (dir.), Dictionnaire de l'Ancien
Régime : royaume de France XVIe-XVIIIe
siècle, Paris, PUF, 2010 (rééd.) (coll.
Quadrige), article « Mariage ».
47Ibid., article « Mariage ».
48Ibid., article « Mariage ».
49André BURGUIERE, op. cit. [note
n°44], p.225.
50Ibid., p.226-227.
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maîtrise | juin 2013 - 21 -
le Christ a aimé l'Église [...]
»51. Marcel Bernos pense que « [c]ette comparaison a
pesé lourdement sur le mariage chrétien. Positivement, elle a
donné au mariage une dignité quasi sacrée qui fait que
même les clercs les plus méfiants à l'égard de la
sexualité ne peuvent condamner le lieu de son exercice devenu sacrement.
[...] Négativement, cette relation a été placée
à un tel niveau d'exigence que la situation des gens mariés est
apparue difficile à assumer intégralement et qu'elle a
été ressentie comme un enfermement par l'opinion
générale, surtout profane. »52. L'amour conjugal
pose aussi problème aux gens d'Église pour qui il existe une
rivalité entre l'amour éprouvé pour son conjoint et
l'amour de Dieu, qui prime à leur yeux. Cette vision s'exprime jusque
dans les dictionnaires de l'époque puisque le Furetière affirme
que « L'amour divin est le seul qui doit nous enflammer
»53. L'amour conjugal est vu comme un danger car il peut faire
glisser le couple dans le péché. De plus, Marcel Bernos remarque
que « lorsqu'ils parlent de l'amour conjugal, les clercs, presque
inconsciemment, centrent leur réflexion, on pourrait dire - au double
sens du terme - leur appréhension, sur la sexualité
»54. Le deuxième temps de la définition du mot
« amour » dans le dictionnaire d'Antoine Furetière est lui
aussi centré sur cet aspect, il y est dit en effet : « AMOUR, se
dit principalement de cette violente passion que la nature inspire aux jeunes
gens de divers sexes pour se joindre, afin de perpétuer l'espèce
»55. Or l'amour-passion doit à tout prix être
évité puisqu'il est déjà en lui-même une
marque du péché.
La sexualité dans le couple est une question qui
dérange les clercs de l'époque, « qu'une obsédante
pédagogie de la continence [...] a rendus plus méfiants à
l'égard du "sexe" (féminin), principalement chez ceux qui
gardaient la plus haute idée de la chasteté et voulaient y
conformer strictement leur vie »56. Néanmoins, cette
question n'est pas un thème central dans les manuels de confession. Elle
est abordée principalement aux chapitres concernant les sixième
et neuvième commandements : « Luxurieux point ne seras » et
« OEuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement ».
Marcel Bernos précise : « Dans l'Enchiridion, de Navarre,
l'un des plus grands casuistes du XVIe siècle, les passages
touchant de près ou - le plus souvent - de loin au "sexe"
représentent moins de 4% des 830 pages de l'ouvrage »57.
Malgré cette
51Bible de Jérusalem, op. cit.
[note n°6], Épître aux Éphésiens. 5,
25.
52Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.120.
53Antoine FURETIERE, Dictionnaire universel,
contenant généralement tous les mots françois tant vieux
que modernes et les
termes de toutes les sciences et les arts, Tome I, La
Haye et Rotterdam, Arnout et Reinier Leers, 1690. [disponible sur le site
<
http://books.google.fr/books?id=4FU_AAAAcAAJ&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false>]
(consulté le 14 novembre
2012 pour l'article « Amour »).
54Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.122.
55Antoine FURETIERE, Dictionnaire universel...,
Tome I, op. cit. [note n°53], article « Amour
».
56Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.74.
57Ibid., p.135.
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Cadres généraux : penser l'histoire des
femmes au XVIe siècle.
« peur » des clercs face à la
sexualité conjugale, « [l]'instinct sexuel [...] est reconnu par
les théologiens »58. La sexualité est
acceptée de plus en tant que passage obligé de la
procréation. Cela entraîne, de la part des clercs, de nombreuses
recommandations afin que la finalité procréatrice de l'acte
sexuel soit observée. Néanmoins, ces recommandations suivent
toujours le principe de discrétion qui s'impose à l'époque
dans le confessionnal. Il ne faut pas risquer en effet d'en apprendre plus que
de raison à un être « innocent ».
La femme mariée, c'est enfin, la femme au foyer, la
mère, qui perd le caractère inquiétant de la femme seule,
sans guide pour ainsi dire. Selon Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, « [l]e
modèle féminin qui [...] est présenté - une
épouse associée aux intérêts de son mari, alliant
douceur et activité, dévouement et chasteté, et qui,
épouse et mère, trouve ses satisfactions et son
épanouissement dans le cadre familial - connaît une diffusion
croissante dès la première moitié du XVIe
siècle »59. De plus, la diffusion large des idées
du concile de Trente permet de propager l'idée d'une union spirituelle
des époux. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie peut donc dire que « [l]es
clercs faisant du couple Christ-Église le modèle que tout couple
humain doit suivre, les époux sont appelés à être
chastes, charitables, fidèles, patients, indulgents »60.
Les guides ou les manuels de vie diffusent ces idéaux d'un mari qui est
« invité à renoncer à jouer les injustes tyrans
» et de femmes qui « pourront tirer de leur soumission un moyen de
sanctification, même lorsque cette voie apparaît difficile
»61. Ces thèmes sont repris dans l'iconographie de
l'époque. Sara F. Matthews Grieco remarque qu'au cours du
XVIe siècle, « l'iconographie des mois connaît une
transformation significative à ce propos car elle devient domestique.
[...] Les représentations du "Mois de janvier", par exemple, occultent
la vie à l'extérieur pour évoquer la chaleur du foyer et
l'intimité conjugale »62.
Une autre figure de la femme que l'Église cherche
à normer pour la contrôler est celle de la veuve. En effet, le
statut de la veuve n'est pas bien délimité. Elle n'est plus sous
le contrôle d'aucune tutelle. Or « [l]a totale liberté d'une
femme semblait suspecte aux mentalités du temps, et la porte de la
licence »63. Selon Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, « [o]n
la devine alors capable de transgresser l'ordre établi et de remettre en
cause la norme. De plus, en tant que femme, la veuve est d'autant plus
redoutée qu'elle a connu la chair »64. Si ce même
auteur affirme que la veuve a « la réputation d'une femme
58Ibid., p.136.
59Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.14.
60Ibid., p.13.
61Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.146.
62Sara F. MATTHEWS GRIECO, op. cit. [note
n°42], p.216-217.
63Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.175.
64Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.17.
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mémoire | juin 2013 - 24 -
sensuelle dont il faut canaliser les instincts
»65, Marcel Bernos, lui, souligne que les veuves sont
surreprésentées dans les déclarations de grossesses
illégitimes. Il en conclut que « cela explique peut-être
pourquoi les confesseurs se montrent soupçonneux sur leur vie sexuelle
»66. L'Église catholique se soucie donc
particulièrement de contrôler la vie sexuelle des veuves. Elle
leur offre pour cela de nombreux modèles de veuves qui ont fait de leur
état « un progrès sur le chemin de la perfection
chrétienne, la mort du mari [...] permettant de s'élever de la
terre vers le ciel »67. Scarlett Beauvalet-Boutouyrie souligne
de plus qu'une identification a lieu entre la figure de la Vierge Marie et la
veuve. « Libérée des devoirs conjugaux, elle renoue avec la
pureté des vierges »68. Marcel Bernos analyse que «
[l]es veuves continentes ont un mérite plus grand que les vierges en ce
qu'elles se privent volontairement d'un plaisir qu'elles ont pu connaître
et goûter »69. Cela amène les clercs à
célébrer « les "vraies veuves", c'est-à-dire celles
qui, après la dissolution de leur mariage, se détachent du monde
et renoncent à tout autre engagement pour se consacrer à leur
famille, à l'éducation de leurs enfants et à leur
avancement spirituel »70. Mais les contemporains voient bien
que ce modèle ne peut s'appliquer à toutes les femmes veuves du
fait de la difficulté à survivre et à subvenir aux besoins
de leurs enfants seules. Lucien Bély souligne : « Ne vivent
guère isolément d'une manière habituelle que les veuves ;
elles sont souvent pauvres, voire dans la misère »71. La
nécessité du remariage est donc présente dans la
société de l'époque moderne. L'Église catholique a
une position pragmatique à ce sujet, et si « elle ne recommande pas
le remariage, elle ne le condamne pas non plus, s'adaptant aux circonstances
»72. La veuve doit donc pleurer son époux un temps puis
envisager le remariage.
Si l'Église cherche à contrôler la
sexualité et la liberté de la veuve, elle a aussi un rôle
protecteur non négligeable et fortement présent dans les
écrits dès les origines du catholicisme. En effet, il existe dans
l'Ancien Testament de nombreuses figures de veuves : Judith, Tamar,
Bethsabée ou encore Ruth. Selon Jacqueline Kelen, « [e]lles
apparaissent comme des terres désertées, souvent stériles
; elles se tiennent dans le silence mais non dans le désespoir, et
souvent ce sont elles qui témoignent de la foi, qui apportent la
consolation »73. L'auteur choisit dans ses exemples (la veuve
de Sarepta et
65Ibid., p.17.
66Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.175.
67Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.17.
68Ibid., p.17.
69Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.181.
70Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.17.
71Lucien BELY (dir.), op. cit. [note
n°46], article « Familles ».
72Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.21.
73Jacqueline KELEN, op. cit. [note
n°26], p.85.
Cadres généraux : penser l'histoire des
femmes au XVIe siècle.
le prophète Élie, Ruth et Booz, Sarra et ses
sept maris) de mettre en exergue la piété des veuves dans la
Bible et l'aide qui leur est accordée par un prophète ou
directement par Dieu. L'Église a de la compassion pour cette veuve qui
se trouve « sans l'appui masculin du père ou du mari, [...]
désarmée, vulnérable, en péril aussi bien sur le
plan matériel que moral »74. Dans l'épître
de Jacques, nous pouvons voir cette compassion : « La dévotion pure
et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter les
orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute
souillure du monde »75. La solitude de la veuve et la lourde
charge qui lui incombe sont reconnues par les clercs qui ont donc fait en sorte
de la protéger. Depuis le concile de Mâcon en 585,
l'évêque a même comme mission officielle de défendre
les veuves. En effet, l'article 12 du concile note : « Défense aux
juges laïques, sous peine d'excommunication de juger les causes des veuves
et des orphelins, sinon en présence de l'évêque ou de son
archidiacre, ou de quelque prêtre de son clergé
»76. Cette compassion amène parfois l'official à
recevoir « avec bienveillance leurs demandes de dispense pour
consanguinité en vue d'un remariage, surtout lorsque la veuve [...] a
des enfants d'un premier lit et peut difficilement les élever seule
»77. Néanmoins, « [l]e meilleur destin qui s'impose
à ces femmes, aux yeux des clercs, c'est depuis longtemps
l'entrée au couvent »78.
Les femmes qui entrent en religion représentent une
minorité de femmes par rapport au reste de la population
féminine. Néanmoins, leur rôle n'est pas à
négliger car elles ont parfois une action dans la société
supérieure à celle de leurs congénères. Un point
est souligné par de nombreux auteurs : les femmes qui ont choisi de
s'engager en religion, qui ont donc fermé la porte du mariage, ne
peuvent pourtant pas vivre sans contact avec les hommes. L'intervention
masculine est souvent celle d'un religieux du même ordre que celui choisi
par ou désigné à la femme qui prend l'habit de religieuse.
Les auteurs de l'Histoire des femmes en Occident soulignent que «
[l]eur intervention avait un caractère disciplinaire et organisateur,
mais [qu']elle concernait avant tout le fonctionnement du ministère
sacerdotal, donc la célébration de la messe et l'administration
des sacrements, et la direction spirituelle de la collectivité aussi
bien que celle de l'individu »79. Les femmes «
n'appartiennent pas à proprement parler au clergé, mais mises
à part du monde comme lui, elles ne peuvent être
considérées comme
74Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.173.
75Bible de Jérusalem, op. cit.
[note n°6], Épître de Jacques I, 27.
76Cité dans Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.174.
77Ibid., p.176.
78Ibid., p.177.
79Natalie ZEMON DAVIS, Arlette FARGE (dir.), Georges
DUBY (dir.), Michelle PERROT (dir.), Histoire des femmes en
Occident : tome III : XVIe-XVIIIe
siècle, Paris, Perrin, 2002 (coll. Tempus), p.194.
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des femmes ordinaires par les gens d'Église
»80. Marcel Bernos distingue trois types de relations
entretenues par le clergé avec les religieuses. Nous allons mettre en
lumière chacune d'entre elles.
L'auteur de Femmes et gens d'Église dans la France
classique. XVIIe-XVIIIe siècle signale en
premier lieu la relation de collaboration « pour une grande oeuvre comme
une fondation ou une réforme d'ordre ou de congrégation
»81. La nomination des abbesses a été soumise
à l'autorité royale à l'époque moderne. Le concile
de Trente se permet cependant de redéfinir les conditions que doit
remplir la postulante. Celle-ci doit « être âgée de
quarante ans au moins et avoir huit ans de profession. Le concile insista aussi
sur l'obligation d'un strict examen des vocations, afin de garantir leur
liberté, la nécessité de la clôture et le
rétablissement de la discipline »82. Lucien Bély
souligne néanmoins que « cette prescription du concile de Trente ne
fut guère appliquée »83. Les abbesses semblent se
trouver dans une position d'égalité avec leurs équivalents
masculins. En effet, tout comme eux, « [e]lles portaient la croix
pectorale, l'anneau et la crosse »84. Pour la fondation d'un
ordre de séculières, « l'intervention d'un prêtre,
séculier ou religieux, devient vite nécessaire. Cet homme est
impérativement utile, ne serait-ce que pour rédiger les
constitutions ou les présenter aux autorités supérieures
[...] »85. Lucien Bély met en valeur le fait que les
« premières fondatrices sont souvent des veuves appartenant
à la robe ou à la finance parisienne ou provinciale [...]
»86. Néanmoins, « la plupart des
évêques tiennent expressément à garder les
religieuses en leur obédience » ce qui mène à des
conflits dès lors que ce dernier « tente d'introduire ou de
soutenir une réforme dans un monastère »87.
Le deuxième type de relation que distingue Marcel
Bernos est celle « d'autorité, parce qu'ils [les clercs] sont leurs
"chefs" »88. Cet auteur dresse un portrait de la vision que
semblaient avoir ces derniers à l'époque : «
Enfermées, elles courent moins de risques que leurs soeurs
demeurées dans le monde. Mais elles n'ont probablement pas perdu
totalement leur caractère congénitalement instable, ni
l'inaptitude propre à leur sexe, si ce n'est d'acquérir des
connaissances, du moins d'en supporter moralement le poids sans sombrer dans la
vanité »89. L'application des décrets du concile
de Trente
80Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.205.
81Ibid., p.205.
82Lucien BELY (dir.), op. cit. [note
n°46], article « Abbayes ».
83Ibid., article « Abbés,
abbesses ».
84Ibid., article « Abbés,
abbesses ».
85Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.205.
86Lucien BELY (dir.), op.cit. [note n°46], article
« Séculières ».
87Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.212.
88Ibid., p.205.
89Ibid., p.240.
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Cadres généraux : penser l'histoire des
femmes au XVIe siècle.
change profondément le rapport des clercs et des
religieuses, notamment celles vivant dans les monastères. En effet, ces
derniers « fonctionnèrent de plus en plus au profit de la politique
ecclésiastique centrale, aux dépens de la communauté de
leur ville et de la politique familiale. [...] Les monastères devinrent
de véritables "instituts de perfection" »90. La
contrainte exercée par l'Église romaine et relayée par le
clergé français se fait de plus en plus forte. Les
monastères avaient une fonction régulatrice en absorbant en
quelque sorte le surplus de femmes qui ne trouvaient pas à se marier
dans le monde et qui étaient donc dirigées par leur famille vers
le mariage spirituel. Or « [d]ès l'ère moderne,
marquée du début jusqu'à la fin par une violence
guerrière non seulement locale mais européenne, la demande de
femmes sur le marché matrimonial se ralentit, parallèlement au
pouvoir d'achat des hommes »91. De nombreuses femmes sont donc
entrées dans les ordres, sans vocation réelle. Elles se sont
installées dans les couvents en y amenant leurs habitudes et parfois de
la compagnie. Elles ne suivent pas les mêmes règles que l'ensemble
des moniales. De plus, il existait « un contact vivant entre religieuses
et population citadine »92 du fait de l'ingérence
financière des pères des femmes placées dans les couvents
et parfois de la manière dont les religieuses subvenaient à leurs
besoins : la quête. Le concile de Trente va tenter de réguler ces
contacts avec le monde en imposant la clôture. Lucien Bély affirme
que « [d]es tentatives pour échapper à cette contrainte
tournent court »93. Le concile de Trente impose de plus que les
religieuses dorment « seules ou à plusieurs, mais jamais plus
à deux. Par là même disparut la possibilité de
cultiver des liens intimes et affectifs, et ce fut assurément une perte
considérable »94 notent Natalie Zemon Davis et Arlette
Farge. Ces auteurs montrent de plus que « [m]urs élevés,
lourdes portes, serrures et barreaux nombreux, prescrits dans leurs moindres
détails, ne laissaient planer aucun doute sur les adieux
définitifs faits au monde par les épouses du Christ
»95. Le troisième type de relation entre les clercs et
les religieuses, à savoir « d'écoute, lorsqu'ils sont
amenés à les entendre en confession »96 sera
abordé plus loin.
Dans ce mouvement de reprise en main des mouvements religieux
féminins, le mysticisme fait figure de sacrifié. En effet, ce
mouvement, qui a rencontré un grand écho chez les femmes, a
été assez brutalement évincé de la scène
religieuse. Ce courant tire ses racines d'une femme, Catherine de Gênes,
morte en 1510. Sa diffusion en Europe
90Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.),
op.cit. [note n°79], p.192.
91Ibid., p.191.
92Ibid., p.192.
93Lucien BELY (dir.), op. cit. [note
n°46], article « Séculières ».
94Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.),
op. cit. [note n°79], p.194.
95Ibid., p.193.
96Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.205.
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se fait dans un temps de tolérance et de retour
à un contact plus étroit avec Dieu. Les femmes ont tout
particulièrement investi ce courant qui faisait surgir une union
physique avec Dieu. « Les mystiques, hommes ou femmes, se distinguent par
le désir irrésistible d'un contact le plus intense possible avec
le divin plutôt qu'avec la société qui les entoure
»97 expliquent Natalie Zemon Davis et Arlette Farge. Elles
affirment que « [d]ans nul autre secteur de la culture spirituelle
occidentale les femmes n'ont joué un rôle aussi incontestable que
dans celui du mysticisme, dans nulle autre branche de la science que dans celle
de la "science divine" »98. La « relation d'amour directe
avec un Dieu personnel »99 et la « grande importance
[accordée] à l'imagination et à la faculté de
perception des sens » vont « à l'encontre du processus de
"civilisation" en cours dans la culture bourgeoise [...] »100.
Les mystiques gênent par leurs démonstrations de
piété trop ardentes et elles sont renvoyées à des
activités moins spectaculaires.
Le dernier secteur de la vie féminine qui subit
l'influence de l'Église catholique est l'éducation des filles et
des jeunes femmes. La XXIVe session du concile de Trente, du 11
novembre 1563, établit « la base de l'instruction religieuse de la
jeunesse »101 à savoir, le catéchisme, «
véritable tronc commun pour les enfants, riches ou pauvres,
garçons et filles »102. Natalie Zemon Davis et Arlette
Farge considèrent que « [l]es vérités de la religion
et les rudiments de l'alphabétisation qu'elle colporte ne sont pas
présentés sous des jours radicalement différents aux
filles et à leurs frères »103. Les manuels
peuvent être considérés comme "unisexe". Néanmoins,
« le catéchisme effectivement enseigné aux filles se
développe à part de celui des garçons
»104. Les auteurs soulignent tout d'abord une séparation
physique, la non mixité étant respectée dans la mesure du
possible, même si elle est restée illusoire dans les campagnes.
Marcel Bernos montre de plus que la formation intellectuelle des femmes «
est distincte de celle des garçons par le contenu, les méthodes
et les lieux où elle est dispensée »105. Le
contenu s'appuie sur les objectifs prévus de la formation, à
savoir, préparer la jeune fille à son futur rôle
d'épouse et de mère. Ainsi, « [e]n dehors de savoir lire,
écrire et compter pour pouvoir lire des livres de piété et
tenir la gestion de la famille, il suffisait de les entraîner à la
modestie, d'exercer leur docilité et de leur apprendre la couture et
quelques autres activités "seyant à leur sexe", afin qu'elles
deviennent des épouses soumises
97Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.),
op. cit. [note n°79], p.200.
98Ibid., p.199.
99Ibid., p.200.
100Ibid, p.201.
101Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.108.
102Ibid., p.108.
103Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.),
op. cit. [note n°79], p.151.
104Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.108.
105Ibid., p.101.
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Cadres généraux : penser l'histoire des
femmes au XVIe siècle.
capables de tenir le ménage, des mères
dévouées ou des nonnes obéissantes »106.
Scarlett Beauvalet-Boutouyrie insiste sur le fait que « la confrontation
des deux confessions a activé la prise de conscience. Le concile de
Trente rappelle aux évêques et aux curés la
nécessité d'ouvrir des écoles, mais là aussi
l'enseignement des matières profanes n'est pas l'objectif fondamental.
Il n'est que le moyen d'amener les enfants à la connaissance de la
doctrine chrétienne et à la piété. En ce sens, un
effort important a été fait pour l'éducation des filles,
celles-ci, une fois mères, ayant à leur tour la charge
d'éduquer leurs enfants »107. Nous voyons bien ici que
l'éducation des filles est un enjeu du fait de leur futur rôle de
mère, qui les amènera à inculquer à leurs enfants
les premiers rudiments de la foi. Or, si elles-mêmes ne les connaissaient
pas, elles auraient pu « mettre en péril leur âme, et celle
des personnes dépendant d'elles, par indifférentisme, en
cédant aux superstitions ou, au contraire, en adhérant aux
"idées nouvelles" plus ou moins hérétiques, ou encore en
péchant par méconnaissance de ce qu'est le péché
»108.
Un des lieux spécifiques de la formation intellectuelle
des femmes est le couvent. Natalie Zemon Davis et Arlette Farge soulignent
premièrement que « [l]es tarifs en vigueur permettent seulement aux
filles d'une infime frange de nantis, aristocrates ou grand bourgeois, d'entrer
au couvent »109. Ainsi, ce lieu n'est pas représentatif
de l'éducation des filles dans l'ensemble de la société du
XVIe siècle. Néanmoins, il joue comme un modèle
et comme un précurseur de l'éducation des filles. Marcel Bernos
affirme que le « couvent constitue finalement une expérience, qui
ne représente souvent pour l'enfant qu'un moindre mal
»110. Les filles y entrent plus ou moins tôt selon les
stratégies mises en place par leurs parents. Si ces derniers les
destinent à la vie monastique, elles peuvent y entrer très
jeunes. Pour d'autres, des séjours plus ou moins courts sont
censés leur enseigner les rudiments de la foi chrétienne et la
morale catholique. Ce n'est qu'à la fin du XVIe siècle
que se développent de véritables stratégies
éducatives dans les couvents. Marcel Bernos peut alors dire que les
« religieuses s'occupant d'elles ont, pour beaucoup, choisi l'enseignement
par vocation et gardent un réel souci sinon du bien-être
matériel de leurs élèves, qui reste souvent sommaire, du
moins de leur salut [...] »111. Autre lieu de
l'éducation des filles, les petites écoles, qui sont «
presque exclusivement l'affaire de congrégations »112
enseignantes féminines. Celles-ci commencent à se
développer à la fin du XVIe siècle et voient
une très forte
106Ibid., p.101.
107Scarlett BEAUVALET-BOUTOUYRIE, Les femmes
à l'époque moderne..., op. cit. [note
n°1], p.57.
108Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.108.
109Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.),
op. cit. [note n°79], p.146.
110Marcel BERNOS, Femmes et gens
d'Église..., op. cit. [note n°3], p.106.
111Ibid., p.106.
112Natalie ZEMON DAVIS (dir.), Arlette FARGE (dir.),
op. cit. [note n°79], p.155.
expansion au XVIIe siècle. Enfin, il ne faut
pas oublier que , « [o]utre l'influence de l'école et de leurs
catéchistes, les filles et les femmes ont d'autres formateurs
très présents et souvent très actifs : les prêtres
de leur paroisse »113. Ces derniers, lors des sermons qu'ils
prononcent à la messe, des lectures qu'ils donnent et des
homélies qu'ils font assurent une formation continue des femmes, tout au
long de leur vie. Marcel Bernos nous rappelle de plus qu'au «
confessionnal, qu'elles fréquentent plus assidûment que les
hommes, le prêtre leur transmet forcément certaines connaissances,
au moins pour tout ce qui relèverait d'une théologie morale
pratique »114.
Ce rapide tableau montre donc que l'Église interagit
avec les femmes à chaque moment de leur vie. Nous allons à
présent nous pencher sur la pratique de la confession au XVIe
siècle.
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