Introduction
dresse un tableau, peut-être plus accusateur que
l'original, d'une société qu'il connaît à tous les
niveaux et qu'il dissèque sans complaisance, ce qu'exige d'une certaine
manière l'art du manuel de confession. Les franciscains se livrent
depuis des siècles aux activités intellectuelles et pastorales
dont fait partie la confession. C'est cette connaissance de la pratique de la
confession qui a rendu ce manuel si populaire de la fin du XVIe
siècle au premier tiers du XVIIe siècle. Son influence
importante dans le temps et la reconnaissance de ses pairs nous ont
semblé être des indicateurs de la justesse des propos tenus par
Jean Benedicti.
La première édition de La somme des pechez
et le remede d'icevx date de 1584. Ce n'est néanmoins pas sur cette
édition que nous avons choisi de travailler. En effet, pour des raisons
pratiques, il est apparu essentiel de pouvoir travailler sur le texte
lui-même et donc de pouvoir l'imprimer. L'édition de 1595, sur
laquelle nous avons choisi de nous arrêter, a été
numérisée par Google et elle est, parmi les éditions
numérisées, l'édition la plus proche du texte voulu par le
franciscain. En effet, le manuel de confession a été
retouché par Jean Benedicti dès sa première parution et ce
jusqu'à sa mort. Après son décès, l'oeuvre a
été reprise par les théologiens en Sorbonne, qui ont
continué à faire évoluer le texte. L'édition de
1595 semble avoir été à la fois la version finale du texte
voulu par le franciscain et celle la plus simple d'accès.
Afin d'avoir une idée de l'évolution du texte de
La somme des pechez, nous avons étudié plusieurs
éditions de ce texte. Pour cela, nous avons travaillé à la
fois sur des éditions numérisées et sur un exemplaire de
1584 présent dans la collection jésuite des Fontaines
conservée à la bibliothèque municipale de Lyon. Ce fonds
contient de plus un exemplaire de l'édition de 1595 au nom de
l'imprimeur Sébastien Nivelle, ce qui nous a permis de prendre
connaissance des pages non numérisées par Google, certainement le
fait d'une inattention humaine. Lorsque nous avons eu besoin de faire des
vérifications sur les ouvrages mêmes, nous avons parfois
été amenées à nous déplacer dans des
bibliothèques possédant d'autres éditions ou à
contacter d'autres bibliothèques afin d'obtenir les renseignements
manquants.
La tâche qui a demandé le plus de
démarches fut très certainement la poursuite d'indices concernant
la biographie de Jean Benedicti. Nous avons pour cela contacté de
nombreuses personnes, amateurs ou professionnels de la culture, afin d'obtenir
des informations ou des pistes pouvant nous mener à découvrir des
traces du franciscain
Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de
maîtrise | juin 2013 - 11 -
dans des archives locales ou nationales. Nous avons pour cela
aussi pris contact avec de nombreuses bibliothèques afin d'obtenir des
renseignements.
Enfin, afin de prendre conscience de l'objectivité de
Jean Benedicti dans ses déclarations sur les femmes, nous avons
étudié d'autres ouvrages de la fin du XVIe
siècle. Ces ouvrages ont été choisis du fait de leur
notoriété ou parce que le franciscain affirme lui-même y
avoir cherché des informations. Nous avons pu ainsi vérifier une
grande partie de ses assertions et voir que son témoignage est un reflet
assez fidèle de la pensée de son temps. La confrontation de
certains ouvrages a aussi permis de mettre en évidence la pensée
propre au franciscain sur certains sujets et les ambiguïtés d'un
discours qui s'est parfois construit sur le principe de confrontation de
théories.
Cette démarche nous permet de présenter un
travail qui veut offrir un éclairage sur la condition des femmes au
XVIe siècle en France aux yeux de l'Église et plus
largement de ses fidèles. Pour ce faire, nous nous proposons
d'étudier en détail le manuel de confession du franciscain Jean
Benedicti, La somme des pechez et le remede d'icevx. Dans un premier
temps, nous étudierons les cadres généraux permettant de
penser l'histoire des femmes au XVIe siècle : nous verrons
quelle était la place de la femme dans cette société,
l'importance de la confession et du livre qui la permet avant de nous pencher
plus précisément sur la vie de Jean Benedicti et sur son oeuvre.
Dans un deuxième temps, nous aborderons chaque figure type auxquelles
pense le franciscain lorsqu'il écrit son ouvrage. La jeune fille, la
femme mariée, la mère mais aussi les divers visages de la femme
en société et la figure particulière de la religieuse sont
étudiés. Nous nous demanderons d'une part si le discours du
franciscain est bien le reflet des pensées de son temps mais aussi
quelles sont les particularités de sa propre sensibilité.
Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de
mémoire | juin 2013 - 12 -
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