Sommaire
INTRODUCTION 9
CADRES GÉNÉRAUX : PENSER L'HISTOIRE DES
FEMMES AU XVIE
SIÈCLE. 13
La place de la femme dans la société du
XVIe. 13
Les manuels de confession : un genre en pleine expansion.
30
Vie et oeuvre du franciscain Jean Benedicti.
49
La somme des pechez et le remede d'icevx, un
regard particulier sur la condition
des femmes au XVIe siècle. 60
FEMMES ET SOCIÉTÉ DANS LE MANUEL DE
CONFESSION DU PÈRE JEAN
BENEDICTI. 75
La jeune fille et la vierge : un modèle de
sainteté que peu atteindront. 75
La femme et l'homme. 90
Droits et devoirs de la femme mariée 90
La femme adultère et son partenaire. 109
La concubine : pécheresse à divers
degrés 116
La veuve : une femme toujours prête à
pécher. 120
La femme et l'enfant. 127
Porter un enfant et le mettre au monde. 128
Le bébé en nourrice. 138
Éduquer son enfant. 144
La femme en société. 150
La coquette. 150
Danse et tentation : la femme vecteur du péché.
159
Péchés de bouche : bavarde et menteuse.
167
La prostituée et ses hommes. 173
La femme hors de l'Église : sorcière et
huguenote. 183
La religieuse, une femme dans l'Église.
194
CONCLUSION 207
SOURCES 211
BIBLIOGRAPHIE 213
ANNEXES 219
GLOSSAIRE 221
TABLE DES ILLUSTRATIONS 225
TABLE DES MATIÈRES 227
Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de
maîtrise | juin 2013 - 7 -
Introduction
Au XVIe siècle, les remous provoqués
par la réforme protestante puis par la réforme catholique
introduisent un nouvel élan religieux en France. Le clergé
décide, voire est contraint, d'agir auprès des populations pour
insuffler les valeurs catholiques réaffirmées. Pour ce faire, il
est nécessaire que les religieux soient eux-mêmes formés
à la direction de conscience. La formation du clergé est
approfondie et l'ouverture de séminaires après le concile de
Trente permet en partie de mieux contrôler les connaissances des
prêtres. Les canons du concile de Trente revalorisent la place de ces
derniers dans le quotidien des croyants en leur attribuant un véritable
rôle dans la vie et le salut des âmes catholiques. Les
prêtres doivent dès lors pouvoir assumer leur tâche en ayant
une véritable culture afin d'aider chaque croyant à régir
sa vie comme il se doit.
Le bagage culturel proposé par l'Église passe
par la possession, imposée par certains évêques aux
prêtres de leur diocèse, d'une bibliothèque minimale
composée entre autres d'un manuel de confession. Ces livres ont pour but
d'accompagner le prêtre dans sa tâche en étudiant les uns
après les autres divers cas de conscience et en explicitant la peine
encourue ou la pénitence à faire pour racheter chaque
péché détaillé. Ces livres sont écrits par
des ecclésiastiques, à destination d'ecclésiastiques
même si leur public a pu être parfois plus large. Leur lecture
révèle un puissant désir normatif. Chaque acte de la vie
quotidienne est analysé pour déceler le péché
sous-jacent. Chaque parole doit être contrôlée afin de
s'assurer une place au Paradis. Ces manuels révèlent les normes
comportementales attendues par l'Église catholique qui s'est à
nouveau penchée sur les textes fondamentaux pour en extraire leur
essence. Il est visible, dans ce type d'écrits, que le XVIe
siècle fut une période de reprise en main des populations par le
clergé dans le but d'atteindre une société acquise aux
idéaux catholiques.
La multiplication des manuels de confession ne pourrait se
faire sans une attention plus grande portée à l'exercice de la
confession en elle-même. Cette dernière devient un incontournable
de la pratique catholique. Tous les croyants sont contraints à se
confesser une fois par an auprès du prêtre de leur paroisse. La
confession doit permettre au prêtre de s'assurer de la correspondance
entre les comportements du croyant et les normes édictées par
l'Église. Ce long travail d'écoute, réimposé avec
force par le concile de Trente, a été difficile à
exécuter, tant du fait de la réticence des populations à
confesser leurs péchés au prêtre, que du fait de la
pénibilité même de la tâche pour ce dernier.
Néanmoins, cette pratique fut suivie plus attentivement et permis ainsi
de contrôler plus efficacement les croyances et les actes des
paroissiens.
Humeau Lucie | Master 1 CEI | mémoire de
maîtrise | juin 2013 - 9 -
Si le XVIe siècle est un temps de
reconquête religieuse, il est aussi une période où la place
de la femme dans la société est à nouveau définie.
Mise sous une tutelle plus grande par la législation des juristes, son
rôle en tant que vecteur du péché est mis en lumière
avec plus de force par l'Église catholique. De nouveaux discours tentent
de dénoncer son action maléfique et de mettre en garde les hommes
contre ses appâts. Le fait que les gens d'Église aient
été invités à tenir leur voeu de chasteté a
pu jouer dans la violence de certains discours misogynes. La femme du
XVIe siècle, qui occupe déjà une place mineure
dans la société française, est encore repoussée par
une grande majorité des clercs à des rôles
subordonnés, dans l'espace domestique de préférence. Les
manuels de confession sont un observatoire de choix pour examiner le discours
et les attentes des prêtres à l'égard des femmes.
Dans l'objectif d'étudier un regard particulier sur la
femme au XVIe siècle, nous avons choisi de nous pencher sur
un manuel de confession unique mais assez riche pour aborder toutes les figures
féminines de l'époque. Le manuel de confession du franciscain
Jean Benedicti est un livre imposant par sa taille et la variété
des sujets qu'il aborde. Il a été écrit par un homme de
grand savoir, qui a voyagé et a occupé un rang important au sein
de son ordre. Ce texte est riche des comparaisons qu'il fait avec d'autres
cultures mais aussi parce que son auteur prouve une connaissance aiguë en
matière juridique, politique et médicale. Les nombreuses
références marginales qui accompagnent le texte permettent au
lecteur de se référer aux ouvrages sur lesquels s'est
appuyé le franciscain. Jean Benedicti offre dans son oeuvre une
explication argumentée des attentes de l'Église envers les
femmes. La somme des pechez et le remede d'icevx..., son manuel de
confession à destination des ecclésiastiques, dépasse ce
simple cadre et offre une vision subjective qui tend à
l'objectivité sur la condition des femmes au XVIe
siècle.
Si Jean Benedicti est déjà un auteur
éminent par son seul parcours, son oeuvre a été reconnue
par ses contemporains comme étant un chef-d'oeuvre. En effet, sa
Somme des pechez... a été rééditée
de multiples fois et utilisée par la Sorbonne comme un manuel de
référence. Offrant un plan très détaillé,
Jean Benedicti énonce dans la plus grande rigueur l'ensemble des
péchés pour lesquels pénitence doit être faite s'il
n'est pas trop tard. Les nombreuses subdivisions de l'ouvrage ne laissent
aucune place au doute : chaque fait et geste, chaque parole, chaque
manière d'être est passé au crible des textes fondamentaux
de l'Église catholique mais aussi de l'ensemble des livres que
connaît le franciscain afin de déceler le péché
partout où il pourrait être. Ce faisant, le religieux
Humeau Lucie | Master 1 CEI | maîtrise de
mémoire | juin 2013 - 10 -
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