1.1.3. Situation socioéconomique
Après avoir connu des fluctuations d'une amplitude
considérable au cours des vingt dernières années due
notamment aux années de guerre, la croissance de l'Angola a fortement
augmenté ces dernières années. En effet, la fin de la
guerre civile a déclenché une forte expansion économique
stimulée par l'augmentation de la production et des cours du
pétrole. De 2003 à 2008, les taux de croissance de l'Angola
s'établissaient à 17 % en moyenne, aussi le pays s'est-il
retrouvé à plusieurs reprises parmi les trois économies
affichant la croissance la plus rapide au monde. Dès 2008, le plan de
stabilité macroéconomique « assurée de
l'intérieur » a permis de réduire l'inflation, laquelle est
passée de plus de 70 % à 13 % ; d'accumuler des réserves,
portant celles-ci à 18 milliards de dollars ; et de maîtriser la
dette extérieure, qui s'établit à environ 13 % du PIB. Les
abondantes recettes ont appuyé un vaste plan de reconstruction des
infrastructures qui a permis au secteur privé non pétrolier
d'afficher un taux de croissance supérieur à celui du secteur
pétrolier au cours des cinq dernières années (tableau
1.1).
Tableau 1.1. : Principales tendances
macroéconomiques
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
croissance PIB
|
20,6
|
18,8
|
20,3
|
13,4
|
0,7
|
5,9
|
croissance pétrole
|
23,1
|
13,1
|
20,3
|
13,3
|
0,9
|
5,0
|
croissance non pétrolier
|
14,1
|
27,5
|
20,1
|
14,8
|
8,2
|
6,6
|
Inflation
|
18,5
|
12,2
|
11,8
|
13,2
|
14
|
13,0
|
compte courant extérieure**
|
16,8
|
25,2
|
15,9
|
7,6
|
-5,2
|
2,7
|
ratio brut des couts fixe***
|
4,1
|
8,6
|
11,3
|
17,8
|
13,3
|
17,2
|
dette extérieure
|
39,9
|
16,8
|
12,5
|
11,4
|
21,1
|
22,2
|
compte financier***
|
6,5
|
6,6
|
14,2
|
14,3
|
-4,4
|
0,7
|
Source : gouvernement angolais et FMI 2010 ;
*prévisions ; ** % du PIB ; *** en milliards de dollars.
Malgré ses recettes pétrolières
importantes qui expliquent l'explosion de sa croissance, l'Angola reste
confronté aux défis importants de la reconstruction de son
agriculture et de son
Pauvreté et Fécondité des Adolescentes
en Angola : Une Analyse Comparative entre 2006 et 2010.
industrie et plus largement à son incapacité
actuelle à produire les biens et les services dont le pays a besoin.
L'importation massive de ces derniers largement les excédents
budgétaires obtenus grâce aux industries extractives. Par ailleurs
la manne pétrolière bénéficie très peu
à la population en raison de la faiblesse des liens entreille secteur
pétrolier et le reste de l'économie, de son impact limité
sur l'emploi (5% de la population est active dans le secteur primaire) et du
manque de transparence dans la gestion de ses recettes. La contribution des
autres secteurs d'activité à l'économie du pays peut
être résumée comme suit: l'agriculture contribue à
raison de 9,1 % (source : gouvernement angolais et FMI 2004) à la
réalisation du PIB et occupe seulement 3% des terres arables. Elle a de
fait été lourdement affectée par des années de
guerre, en raison des difficultés d'approvisionnement en semence et en
intrants, mais aussi du fait de la présence de mines sur l'ensemble du
territoire (AFD, 2006). Cette situation explique pourquoi l'Angola souffre d'un
grave déficit alimentaire (625 000 tonnes par an), poussant le pays
à importer pour couvrir les trois quarts de ses besoins alimentaires ;
le secteur des services contribue pour un quart à la production
intérieure. Il s'est développé fortement en 2005,
notamment dans le domaine de la téléphonie mobile et dans celui
du secteur financier et bancaire2.
Malgré des résultats spectaculaires, avec une
croissance parfois à deux chiffres ces dernières années,
la situation sociale et humanitaire reste précaire. En effet, l'Angola
se situait au166e et rang parmi 177e pays selon
l'indicateur de développement humain en (2004), soit l'un des niveaux
les plus élevés du monde. Le revenu de 740 USD par habitant est
le reflet d'une économie dominée par le pétrole. En 2002,
la mortalité infantile était de 154 pour 1 000 naissances
vivantes, la mortalité au-dessous de 5 ans de 260 pour 1000 naissances
vivantes et l'espérance de vie à la naissance de 41,5 ans pour
les hommes et de 38,8 ans pour les femmes. En milieu rural, seulement un tiers
des femmes sont alphabétisées, contre 69% des hommes. Il n'existe
aucun recensement officiel depuis 1970, de sorte que tous les chiffres de la
population reposent sur des projections. On estime que le pays compte 13,12
millions d'habitants, dont la moitié a moins de 15 ans.
Le niveau élevé de pauvreté dans un
contexte de forte croissance économique montre qu'il y a une faible et
sans doute inégale distribution des fruits de la croissance au sein de
la population. La pauvreté frappe davantage les zones rurales, où
94% des ménages sont pauvres, comparés à 57% dans les
villes, faute d`accès aux services essentiels et aux marchés,
2 Rapport enquête sur les opérations
bancaires en Angola, 2006
![](Pauvrete-et-fecondite-des-adolescents-en-Angola-une-analyse-comparative-entre-2006-et-201024.png)
10
Pauvreté et Fécondité des Adolescentes
en Angola : Une Analyse Comparative entre 2006 et 2010.
et suite à la destruction ou au vol des récoltes
et du bétail. En 2002, 35% de la population vivaient en milieu urbain et
il est difficile de savoir combien d'anciens ruraux sont retournés
depuis dans les zones rurales.
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