2.2.3. Autres facteurs associés à la
fécondité des adolescents
D'autres études se sont basées sur les
différentes théories de la fécondité pour mener des
études empiriques afin de déterminer les facteurs explicatifs de
la fécondité (Evina ,1990 ; Yana et Rwenge, 1999 ; Adjamagbo,
2000).
2.2.3.1. Facteurs économiques
L'étude réalisée par Adjamagbo (2000) a
mis en évidence la relation entre la fécondité et le
système de production. Le système d'exploitation agricole, le
travail des champs, et les profils démographiques des ménages
sont intimement liés de telle sorte que des changements survenus sur un
groupe de variables ont des conséquences directes ou indirectes sur les
autres.
Beguy (2004) révèle que les femmes qui ont
tardivement leur premier emploi ont moins vite leur premier enfant. C'est
probablement un choix de vie qui consiste à privilégier le
travail au détriment de la famille. Les femmes exerçant des
activités qualifiées ont plus vite leur première naissance
que les commerçantes. Cependant en fin de vie féconde, les
indépendantes ont plus d'enfants que les salariée. Dans le meme
sens, Rwenge (1999) montre que l'activité de la femme est plus
décisive en matière de baisse de la fécondité que
celle du conjoint.
? le rapport coût/bénéfice de l'enfant
Des auteurs comme Gendreau (1993), Gastineau (2001), Vimard et
Raïmi (2007) se sont basées sur la théorie des flux
intergénérationnels des richesses pour expliquer le niveau
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Pauvreté et Fécondité des Adolescentes
en Angola : Une Analyse Comparative entre 2006 et 2010.
de la fécondité dans les
sociétés.L'utilité de l'enfant dans l'économie des
ménages comme un des facteurs de la fécondité en Afrique a
été souligné dans plusieurs études. La
pénurie de terre cultivable devrait faire baisser les besoins en main
d'oeuvre, la valeur économique de l'enfant et la
fécondité. Cependant, la dégradation économique
peut encourager les taux de fécondité
élevés.Gastineau (2001) souligne que la forte
fécondité est liée à la valeur économique de
l'enfant ; car lapauvreté résultantd'une absence
d'opportunité agricole, impose aux ménages pris dans une logique
de survie d'élargir les sources de revenus en intégrant l'apport
des enfants.
2.2.3.2. Les facteurs socio-culturels
Le milieu de socialisation est un des éléments
important qui véhiculent les normes dusystème socioculturel. Il
incorpore aux individus leur personnalité de base et les valeurs
fondamentales auxquelles ils se réfèrent en toute chose. Dans la
plus part des recherchesbasées sur la fécondité, le milieu
de socialisation est étudié en opposant le milieu rural,
lespetites villes et les grandes villes. Il s'avère que la
fécondité des adolescentes est plus présentechez les
jeunes ayant passé les douze premières années de leur vie
en zone rural contrairementà celles qui l'ont passé dans les
villes.
De même,plusieurs recherches ont été
menées sur le milieu rural et le milieu urbain, lemilieu de
résidence est en général un facteur de
différenciation entre groupes en ce qui concerne la
fécondité. Le milieu de résidence affecte les
opportunités économiques des jeunes et adolescents. Malgré
les efforts fournis par lesdécideurs, de grandes
inégalités entre les infrastructures rurales et urbaines
subsistent encore dans plusieurs pays, notamment ceux endéveloppement.
De nombreuses recherches sur la fécondité ont identifié le
milieu derésidence comme étant un facteur socioculturel.
D'après le ministère québéquois de la
Santéet des Services Sociaux (2010), les régions du Québec
(province de l'Est du Canada) où letaux de fécondité est
le plus élevé sont des endroits reculés. On constate que
les femmes demoins de 20 ans qui y vivent ont plus tendance à mener leur
grossesse à terme, tandis quecelles des milieux urbanisés tel que
Montréal (uneville du sud-est du Canada) ont plutôtrecours
à l'avortement. De plus, bien de facteurs concourent au mariage
précoce des filles enzones rurales, durement touchées par la
crise économique et la pauvreté : une scolarisation
précaire, l'absence de capital ou d'héritage, la recherche de la
compensation matrimoniale que la famille du garçon doit verser à
celle de la fille (dot).
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Pauvreté et Fécondité des Adolescentes
en Angola : Une Analyse Comparative entre 2006 et 2010.
Enfin, les comportements sexuels constituent des
facteursimportants du changement. Ce sont des facteurs de variabilité
interindividuelledans le temps, dans le système interrelationnel et dans
les réseaux sociaux. D'après Gondo (1998), dans une étude
menée dans la ville de Kikwit en RDC, il n'y a pas de différence
significative de comportement entre les adolescentes ayant vécu dans un
internat et celles qui n'y ont jamais résidé en ce qui concerne
la primo sexualité (67% contre 76,5%). Cependant, le taux de grossesse
enregistré chez les élèves justifiant d'unpassé
d'internat (11,2%) est près de trois fois supérieur à
celui de la très large majorité qui n'ont jamais
été dans un internat.
L'éducation détermine les comportements des
individus. La variation du niveau d'instruction de la population est
susceptible de générer une variation du risque de
fécondité des adolescentes. (Beninguisseet al, 2010). Ainsi, une
meilleure gestion de la sexualité par les adolescentes nécessite
un minimum de connaissances,notamment en ce qui concerne le cycle ovulatoire ou
menstruel. Par ignorance de leur cycle ovulatoire, les adolescentes sont le
plus souvent victimes de grossesses non désirées et
précoces, voir-même des avortements.
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