III- Un développement des villes et
dégradation de l'environnement.
La situation de l'environnement urbain gabonais est assez bien
connue. Nombreux sont les écrits qui ont été
déjà réalisé sur ce sujet. Le diagnostic que nous
avons de l'environnement urbain est le suivant. Il existe des sites
inadaptés et malsains, une diversité de milieux et de sites
(collines recouvertes de forêt, zones basses bordant des cordons
littoraux plats, sols sableux couverts de savanes)48.
Cependant, ces milieux naturels ont tous un point commun les
caractérisant. Il s'agit des problèmes liés à
l'édification des établissements humains et des infrastructures.
Un second élément commun est l'influence manifeste de l'eau sur
les sites urbains (marécages, mangroves, zones inondables et bas-fonds
aux eaux stagnantes). Dans ces milieux, l'insalubrité y est très
développée et toutes les conditions s'y retrouvent pour favoriser
la prolifération de certains vecteurs (moustiques, rats,
cafards,...).
Dans province de l'Estuaire, la situation est la même,
dans la mesure où les centres urbains de cette région sont soumis
aux graves problèmes de dégradation et de pollution de
l'environnement, du fait non seulement, des facteurs topographiques et de
nombreuses infrastructures et équipements, mais aussi et surtout
à la forte densité de population rencontrée dans cette
province en 1993, soit 22,30 hab/km249.
48 J-B MOMBO et alli, juillet 2000, Rapport sur
l'environnement au Gabon, p.28.
49La densité de la population de l'Estuaire
qui a été obtenue en faisant le rapport entre la population
totale de cette région en 1993 (463.187 habitants) et la superficie de
la province (20.740 km2). Et aujourd'hui, ce taux avoisine les 23 à 25
hab/km2.
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
III.1. Un développement urbain non durable.
La vague de communes qu'a connu la province de l'Estuaire au
courant des années 1990, consécutive à l'augmentation
rapide de la population, ne s'est pas accompagnée d'une meilleure
gestion de l'environnement urbain de la province. Cette dynamique urbaine s'est
au contraire manifesté par une dégradation de cet environnement
tant à Libreville que dans les autres localités.
En effet, l'endommagement des écosystèmes
urbains de la province se manifeste généralement, non seulement
par les activités humaines, liées à l'exploitation
anarchique du sable et la destruction des écosystèmes forestiers
(mangroves et forets), mais également aux établissements humains
(remblais et déblais).
S'agissant de la dégradation des
écosystèmes urbains par les activités humaines, retenons
que l'action anthropique fragilise l'environnement des villes de la province. A
Libreville par exemple, la destruction de la mangrove, il y a quelques
années dans la zone d'Oloumi occasionne des inondations dans cette zone
à chaque fois qu'il y a des précipitations. Ainsi, la
dégradation de l'environnement urbain par les inondations
récurrentes de plus en plus catastrophiques (personnes et biens), une
dégradation du patrimoine public et privé et la
vulnérabilité des populations installées dans les zones
à risques (bas-fonds, lites des rivières...) les
paupérisent davantage.
De même, dans la commune du Cap-estérias, nous
avons la présence des risques environnementaux tels que : l'exploitation
incontrôlée du sable et la destruction de la forêt. En
effet, bâtie au coeur da la Forêt Classée de la Mondah
(F.C.M), le Cap-Estérias s'est vu obligé de détruire cet
écosystème forestier pour construire des infrastructures et des
équipements (.bâtiment administratif, routes, E.N.E.F...). C'est
ainsi qu'en 1953, ce massif forestier comprenait une superficie de près
de 11.000 hectares et aujourd'hui, après une gestion peu orthodoxe de
cet espace considéré comme l'un des poumons de la capitale, cet
écosystème s'est réduit comme « une peau de chagrin
» et se résume de nos jours à 4.930 hectares.
Pour l'exploitation du sable, il faut dire que cette commune
est sujette à une exploitation anarchique du sable, par des populations
riveraines ou non riveraines. Le plus souvent, le sable est exploité
pour servir à la construction des bâtiments et infrastructures de
tout genre. Mais cette exploitation du sable entraîne dans cette commune,
la dégradation avancée du littoral, la destruction des dunes
(bande de sable
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
qui sert de barrière aux influences marines), le recul
de la forêt50 et bien d'autres conséquences
négatives.
La dégradation de l'environnement urbain pourrait
également se manifester par les établissements humains. En effet,
La ville est un véritable `'melting-pot», à travers les
multiples activités qui s'y trouvent. De ce fait, les milieux naturels
se trouvent transformés, bouleversés, dégradés par
les remblais et les déblais réalisés pour l'implantation
des routes et des maisons. Ainsi, dans la commune de Cocobeach par exemple, les
travaux réalisés en Guinée-équatoriale, notamment,
la construction d'un aéroport aux abords de Corisco et le repoussement
de l'océan de 300 mètres, ont favorisé la
dégradation de la frange littorale de cette ville.
Pour construire la ville la végétation est
détruite, les travaux de terrassement mettent les sols à nu,
comblant les cours d'eaux et les marécages qui servaient de
déversoirs d'orage et de station naturelles d'épuration des eaux
usées,... (PNAE, 1999). Ainsi, en se mêlant aux eaux usées,
le ruissellement des eaux de pluie traîne des ordures
déversées, crée des inondations des zones basses et
accroît l'insalubrité du milieu. Enfin, également,
l'agriculture périurbaine itinérante favorise la
dégradation de la végétation et appauvrit les sols.
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