II- Un système urbain
déséquilibré démographiquement.
La situation démographique au Gabon est assez bien
connue. De part une importante littérature consacrée à ce
sujet. Au Gabon, la population est inégalement répartie. La zone
côtière concentre la majeure partie de la population, alors que
l'intérieur des terres est presque vide. Dans la province de l'Estuaire,
le même cas de figure se présente.
La dynamique communale enregistrée au cours de ces
dernières années dans la province, n'a pas permis de
réduire le déséquilibre démographique entre
l'agglomération de Libreville et les autres villes de la province. En
effet, pour une population urbaine provinciale, estimée à
près de 684.523 habitants46 en 2003, Libreville accueillait
près de 623.621 âmes soit 91,10% de la population urbaine de la
province de l'Estuaire ;la commune d'Owendo avec ses 40.157 habitants,
représentait 6% de la population urbaine de la province ; celles de
Ntoum (12025 habitants) et de Cocobeach (4315 habitants) représentaient
respectivement 1,76% et 0,63% dans la même période et enfin, la
proportion des villes de Kango (3613 habitants), Cap-estérias (712
habitants) et Ndzomoé( 70 habitants) s'estimait respectivement à
0,53%, 0,10% et 0,01%.
Tableau n° 3 : Répartition de la
population urbaine de l'Estuaire en 2003.
Communes
|
Pop Urbaine (R.G.P.H de 2003)
|
Pourcentage (%) de la Pop Urbaine
|
Libreville
|
623.621
|
91,10%
|
Owendo
|
40.157
|
5,87%
|
Ntoum
|
12025
|
1,76%
|
Cocobeach
|
4315
|
0,63%
|
Kango
|
3613
|
0,53%
|
Cap-estérias
|
712
|
0,10%
|
Ndzomoé
|
80
|
0,01%
|
TOTAL
|
684.523
|
100%
|
Source : Données du RGPH de 2003, et pourcentages
(%) calculés par NTSEBE .O. Donald.
46 Ce chiffre a été obtenu en
additionnant le nombre d'habitants résidant dans les villes de la
province, lors du RGPH de 2003.
64
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Graphique n° 3 :
Répartition de la population urbaine de la province de
l'Estuaire
.
L'inégale répartition de la pop urbaine
dans les villes l'Estuaire
0,00
%
0,01%
0,10%
0,53%
0,63%
1,76%
5,87%
20,0
0%
40,0
0%
60,0
0%
80,0
0%
00%
91,10%
100,
pop urbaine
Source : R.G.P.H de 2003
A travers ce graphique, nous observons malheureusement que
l'agglomération de Libreville concentre la quasi totalité de la
population urbaine provinciale, soit 97% de la population urbaine, alors que
les autres localités se partagent les 3% restant. Donc, le processus
d'urbanisation observé dans cette région a donné
naissance, non seulement à une grosse ville (Libreville), mais aussi a
favorisé l'assèchement des autres villes de la province.
II.2. Urbanisation et désert des campagnes.
Le développement des villes dans la province de
l'Estuaire a eu comme conséquences majeures : le gonflement du poids
démographique dans l'agglomération de Libreville et
l'assèchement démographique des autres localités de la
province.
En effet, durant la période 1993-2003, la population de
la ville de Libreville a augmenté de manière spectaculaire.
Peuplée de 419596 habitants en 1993, elle est passée à
623.621 habitants en 2003. Ainsi, avons-nous enregistré une augmentation
de
65
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
près de 204025 habitants47 en dix (10) ans.
Pour la commune d'Owendo, peuplée de 40.157 habitants en 2003, ce
chiffre est passé à près de 60.000 habitants, donc nous
avons enregistré près de19.843 habitants durant une
période de sept (7) ans. C'est donc dire que l'agglomération de
Libreville a reçu près de 223668 habitants en 17 ans. Libreville
et Owendo constituent de ce point de vue, la destination
privilégiée de toutes les populations de la province et
même au-delà, car la majorité des flux migratoires
convergent vers ces espaces. Cette convergence de flux pourrait s'expliquer par
le fait que ces deux communes émettent des flux attractifs que les
autres localités de la province ne possèdent pas.
De même, l'agglomération de Libreville conforte
son hégémonie sur le plan démographique, car les autres
villes se constituent inexorablement en pourvoyeuse de populations. Ainsi,
Libreville devient la ville primatiale et macrocéphalique, dominant le
reste des localités de la province.
S'agissant enfin, de l'assèchement des populations dans
les autres localités, il est à retenir que la dynamique communale
enregistrée dans la province s'est plutôt manifestée par un
exode rural massif en direction de la capitale du pays. En effet, durant la
période (1993-2003), aucune de ces villes n'a reçu plus de 6.000
habitants, sauf la commune de Ntoum qui s'est rapproché de ce chiffre,
avec 5.812 nouveaux arrivants. L'augmentation dans le reste des autres villes
oscillait entre 3.151 habitants et 220 habitants. C'est donc dire que
indépendamment de l'accroissement naturel que ces villes ont connu,
consécutif aux meilleures conditions de vie des populations, les flux
ont continué à se diriger vers Libreville et sa
périphérie Owendo. Cet état de fait, a contribué
à l'assèchement des populations dans les autres villes de la
province, ne disposant pas assez d'atouts économiques pour attirer et
surtout de maintenir la population sur place.
En somme, nous retiendrons que le processus d'urbanisation que
la province a connu n'a pas permis de rééquilibrer
démographiquement les villes de la province. Il s'est plutôt
manifesté par un exode rural intensif en direction de
l'agglomération de Libreville. Par ailleurs, l'analyse portée sur
le problème de la démographie dans cette province, nous a
révélé que l'augmentation de la population dans une ville
par exemple,
47 Ce résultat est obtenu en faisant la
soustraction entre, le poids démographique de 2003 et celui de 1993
(623621-419596).
66
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
est intimement liée aux activités
économiques qui y sont développées. Si Libreville, Owendo
et dans une moindre mesure, Ntoum regorgent assez de populations, c'est
grâce en partie à leurs multiples activités
économiques qui y sont implantées et développées.
Seulement, la forte concentration humaine enregistrée dans la province
de l'Estuaire ne constitue-t-il pas un danger pour la dégradation et la
pollution des villes de la dite province ?
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