I.2.2. Une économie dominée par le
secteur informel.
L'économie des centres urbains de la
province de l'Estuaire repose essentiellement sur les ressources propres
(produits de la fiscalité directe et indirecte, redevances pour services
rendus et revenu des domaines) que paient les différents
opérateurs exerçant dans ces villes et sur la subvention annuelle
que l'Etat alloue aux différentes municipalités de la
province.
S'agissant des taxes et autres redevances, nous pouvons citer
la fiscalité locale qui est régit par la loi 15/96 du 06 juin
1996, relative à la décentralisation. Aux termes des articles 152
et 160 de cette loi, la fiscalité locale est constituée des
impôts suivants :
- impôt sur le revenu des personnes physiques (I.R.P.P)
;
- impôt sur le revenu des valeurs immobilières ;
- impôt sur le bénéfice des professions
libérales ;
- impôt sur la taxe sur la valeur ajoutée (T.V.A)
;
- impôt foncier sur les propriétés
bâties et non bâties ;
- patentes et licences ;
- taxe d'habitation ;
- taxe vaccinale44.
Toutes ces ressources sont des mécanismes de
financement des différentes municipalités de la province et la
plupart d'entre elles sont prélevées dans les centres commerciaux
que comptent les villes de la province.
Concernant les dotations et subventions et ristournes de
l'Etat (qui constituent 80% des recettes), nous pouvons dire que ces
dernières sont versées en fonction de la taille de la population
et des recettes tirées des activités économiques
développées dans la ville. Le montant de la subvention, de
manière générale, a considérablement
augmenté. Dans les villes de Cocobeach, Kango, Ntoum,
Cap-estérias et Ndzomoé, par exemple, la subvention à la
date de leur création, s'élevait respectivement à
74.000.000fcfa, 100.000.000fcfa, 150.000.000fcfa, 60.000.000fcfa et
60.322.618fcfa. Aujourd'hui, elle est estimée respectivement à
115.451.887fcfa, 120.000.000fcfa, 395.000.000fcfa, 116.000.000fcfa et
134.703.290fcfa.45 Malgré cette subvention de
44 J.C NDONG MBA, « Migrations intra-urbaines et
développement à Libreville et Dakar », in Villes en
parallèle /villes du Gabon, N° 40-41, P.37.
45 Tous ces chiffres proviennent de l'exercice
budgétaire de chaque municipalité de la province.
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
l'Etat et des taxes que paient les opérateurs
économiques, nous assistons malheureusement au développement
d'une économie informelle due à une concentration d'actifs dans
les villes et l'insuffisance des emplois disponibles, aussi bien dans
l'agglomération de Libreville que dans les autres villes de la
province.
Par ailleurs, depuis que l'Etat a connu des
difficultés, une diminution importante des investissements urbains a
été observée. Alors que la population urbaine croît
de 27% par an, la part du budget des collectivités locales dans le
budget total décroît et passe de 1,7% à 1,1%. Et,
comparativement, les budgets des villes ne sont pas proportionnels à la
population, au désavantage des petites villes. Les divers fonds qui ont
été mis en place pour financer des actions du secteur urbain
(F.N.H, F.G.I., P.I.D. etc.) fonctionnent mal ou pas du tout.
Une économie est dite informelle, lorsque l'ensemble
des activités économiques échappe à tout
enregistrement fiscal, statistique, juridique ou comptable. Dans la province de
l'Estuaire, l'informel est perceptible dans l'ensemble des villes de la
province, mais à des degrés divers.
Dans l'agglomération de Libreville par exemple,
plusieurs activités économiques échappent au
contrôle quotidien des différents agents de la mairie, du fait de
leur caractère informel. A Libreville, l'informel se manifeste par des
activités diverses telles que : les commerces ambulants ou
exercés à même le trottoir, l'artisanat offrant des
produits fabriqués avec des matériaux de
récupération, les services multiples : gardiens de voiture,
laveurs de pare-brise, cireurs de chaussures, coiffeurs de plein air,
prostitution de tout genre, vendeurs de stupéfiants : drogues, chanvre
indien, cannabis.
Dans les autres villes de la province, l'informel est moins
accentué et se manifeste généralement par les commerces
ambulants ou exercés à même le trottoir, les artisans et
les vendeurs de stupéfiants.
En somme, l'analyse faite sur situation socio
économique de la province par rapport à son aménagement,
nous a montré que cette dernière est encore non
aménagé. Donc la dynamique communale observée dans les
années 1990 n'a pas permis de réduire les
déséquilibres socio économiques, entre Libreville et les
autres villes et entre les villes et les campagnes, dans la mesure où
l'agglomération de Libreville concentre la quasi totalité des
services sociaux et activités économiques les plus importants.
- Cette structure commerciale constitue le poumon
économique de la ville, par des recettes qu'il
génère.
mairie.
- Ici, le marché central de Kango. Il fait l'objet de
plusieurs taxes qui génèrent des recettes dans la
-Cet équipement marchand procure d'énormes
recettes dans la municipalité de Ntoum. Clichés :
D. NTSEBE ONONO, Juin 2010.
.
Photo 12 : Le site servant de marché dans
la commune de Kango.
Photo 14 : Le marché municipal de la
commune de Ntoum.
Photo 13 : La zone commercial de
Cocobeach.
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Planche n° 5 : Quelques centres commerciaux
dans les villes de l'Estuaire.
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
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