I.2. Un processus d'urbanisation sans véritables
unités économiques.
Le constat général qui se dégage dans
presque l'ensemble des villes de la province de l'Estuaire, est qu'elles n'ont
pas d'unités économiques, capables d'attirer la population,
d'offrir des emplois salariés et de maintenir la population sur place,
en dehors de l'agglomération de Libreville et dans une moindre mesure,
la commune de Ntoum, qui par contre, possèdent des possibilités
d'emplois suffisantes et sont capables d'attirer et de sédentariser la
population.
En effet, les autorités politiques, en créant
ces centres urbains, ont mis l'accent sur l'implantation des équipements
de commandement, sans avoir recours aux unités de production qui sont de
puissants facteurs d'attraction de la population, en quête d'un emploi
bien rémunéré. C'est le cas des communes comme
Ndzomoé et le Cap-Estérias, où les entreprises ou usines
de production sont quasiment inexistants jusqu'à présent.
Par contre, dans les communes de Kango et de Cocobeach, les
unités économiques sont présentes de manière
périodique. Dans la ville de Cocobeach, par exemple, les
sociétés GETMA et la S.N.B.G, exercent respectivement les
activités de chargement des bateaux et de transformation du bois. Le
même cas de figure s'observe à Kango, où les
activités liées à l'exploitation forestière sont
également périodiques.
Pour l'essentiel, retenons qu'en dehors de
l'agglomération de Libreville, il n'y pas véritablement
d'unités économiques dans les autres villes de la province.
L'urbanisation a même contribuée à amplifier les
écarts, car nous avons assisté à la fermeture de nombreux
projets agricoles dans la ville de Ntoum : la bananeraie a fermé ses
portes, le CIAM ne fonctionne plus de manière optimale. A Kango, l'usine
de la Société gabonaise de cellulose (SOGACEL) n'a jamais vu le
jour pour des raisons inexpliquées; sa mise en route aurait pu «
booster » l'économie locale et transformer Kango en eldorado. Donc
la fermeture des usines et les unités économiques a
contribué à alimenter l'exode rural en direction de Libreville,
ayant pour conséquence majeure : l'inégale répartition des
unités économiques dans la province de l'Estuaire.
58
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
I.2.1. Un développement inégal des
unités de production.
A ce manque quasi exclusif d'unités économiques
dans la province, s'ajoute le problème de l'inégale
répartition des activités économiques.
En effet, lorsqu'on regarde la carte économique de la
province de l'Estuaire, nous constatons que les activités sont
inégalement reparties entre les villes de la province, mais aussi entre
départements. Ainsi, l'agglomération de Libreville (commune de
Libreville et d'Owendo) et la commune de Ntoum, situées dans le
département du Komo-Mondah, concentrent la quasi-totalité des
activités économiques relevant du secteur secondaire et
tertiaire.
La commune de Libreville à elle seule, accueille 85%
des sièges sociaux des entreprises étrangères et 700
entreprises sur les 1000 qui se créent chaque année sur le
marché national sont concentrées dans la seule ville de
Libreville.42
La commune d'Owendo quant à elle, possède une
puissance économique qui se manifeste pour l'essentiel, par les usines
de transformation du bois, des produits de pêche, des brasseries, un
terminal ferroviaire et un terminal portuaire. Toutes ses unités
économiques font d'Owendo, la ville qui regorge près de 80% du
potentiel économique de la province de l'Estuaire.
Pour la commune de Ntoum, cette dernière a eu
l'opportunité d'accueillir certaines unités de production non
négligeables capables de maintenir la population et de lutter contre
l'exode rural. Ntoum abrite la société CIMGABON depuis 1976, de
nombreux projets agricoles, des scieries et une centaine de briqueteries.
Toutes concourent dans une moindre mesure à offrir des emplois aux
ntoumois.
Pour le reste des villes de la province, elles sont
dépourvues d'unités économiques. Elles sont de petites
villes qui subsistent grâce aux transferts publics ou des
opérations ponctuelles financées par l'Etat (routes, logements
édifices publiques, etc.).43 Malgré cette
inégale répartition des unités économiques, comment
se présente alors l'économie urbaine dans la province de
l'Estuaire ?
42 Le quotidien d'information, l'union,
N°1458 du 19 avril 2006, p.4
43 Op cit.
- Une des cinq scieries que compte la commune de Ntoum.
Elle est située au Quartier Akonéki et emploie près d'une
vingtaine de ntoumois.
- Cette société est l'élément
phare qui structure la ville, avec sa cité, son stade et biens d'autres
équipements. Elle embauche de nombreux gabonais.
-Construit par le conseil départemental du
Komo-Mondah (CDKM). Elle offre de l'emploi à plusieurs jeunes de la
ville de Ntoum.
Clichés : D. NTSEBE ONONO,
Juillet 2010.
Photo 10 : La société CIM Gabon de
Ntoum.
Photo 11 : Une briqueterie de Ntoum.
Photo 9 : Une scierie de Ntoum.
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
Planche n° 4 : Quelques unités
économiques localisées dans la commune de Ntoum.
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
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