II.1.2. Les fêtes tournantes.
Contenu dans un programme de développement
économique et social, le principe des fêtes tournantes,
initiées par l'ancien chef d'Etat Omar Bongo Ondimba, dans les
années 1970 constatant les déséquilibres entre Libreville
et l'arrière pays et repris en 2002, avait pour objectif principal de
doter l'ensemble des provinces du pays en infrastructures de base : adduction
d'eau, électrification, aménagement des voieries, construction
des routes, ponts, dispensaires, écoles, etc. Autant d'infrastructures
indispensables pour désenclaver, développer les villes et
campagnes du pays. Ces dernières devraient ainsi contribuer au
développement de nos capitales provinciales et partant du tissu
économique et social du pays dans son ensemble.
La province de l'Estuaire, qui fait l'objet de notre
étude a abrité successivement les éditions de 2006 et
2007. Dans cette province la somme alloués à ses deux
éditions atteindrait la bagatelle somme des 100 milliards,
c'est-à-dire 50 milliards pour chaque édition. L'Estuaire qui
boucle cette deuxième phase, s'illustre par un énorme
gâchis,
36L'administration de l'aménagement du
territoire a été rattachée successivement aux
ministères du Tourisme (198-1983 ; Planification (1983-1987) ; Travaux
publics (1987-1990) ; Contrôle d'Etat (19941997) ; Urbanisme et Habitat
(1997-1999 ; Planification (1999-2002).
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
malgré les quelques monuments construits (la place de
la paix à la Cité de la démocratie, celle de la
Tolérance au quartier Rio, le monument de la fraternité, etc.
Egalement la réhabilitation de certaines voies de communication. C'est
ainsi que les 50 milliards décaissés en 2006 n'ont pas
été entièrement mis à la disposition des
sociétés adjudicataires des travaux. Résultat : une
tribune officielle qui ressemble plutôt à un vaste hangar, des
nids de poule qui refont surface, de nombreux bâtiments
inachevés.
Par ailleurs, des inégalités sont apparues dans
la redistribution de la somme allouée entre les villes de la province.
La capitale, comme toujours a été priorisée et s'est
« taillée la part du lion », délaissant ainsi les
autres villes de la région. Même à Libreville, des
disparités ont été constatées, dans la mesure
où, certaines zones ont été préférées
à d'autres. Par exemple : les pavés n'ont été
posés que dans le deuxième arrondissement, fief électoral
de l'ancien chef du gouvernement. Ce constat est aussi élargit dans
presque toutes les provinces, où certains membres du gouvernement et
élus locaux, ont relégué à l'arrière-plan,
les aspirations des populations à plus de progrès social, au
profit de leurs intérêts partisans et de leurs « bas de laine
». Elles ont plutôt tracé, pour reprendre le titre du
célèbre ouvrage de Von Hayek,"la route de la servitude"
pour certains compatriotes qui se sont embourgeoisés en se servant
dans les caisses des Fêtes tournantes. Sans compter les projets
fantaisistes et mal ficelés qui ne débouchent sur aucun chantier
concret. Ainsi, le bilan des fêtes tournantes dans cette province, pour
les plus optimistes est mitigé. Des avancées timides, mais
notables il est vrai, ont été enregistrées ici et
là.
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