II. Les différentes politiques
d'aménagement régional et études urbaines de la province
de l'Estuaire.
II.1. Les politiques d'aménagement régional
de la province de l'Estuaire.
II.1.1.Les documents de planification.
Dans le souci de mieux répartir les hommes, les
activités, les équipements et infrastructures au Gabon et
singulièrement dans la province de l'Estuaire, les pouvoirs publics, par
l'intermédiaire du Ministère de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire, vont élaborer des documents de
planification, des institutions et des *outils de développement dans la
province de l'Estuaire.
Pour accompagner cette volonté politique des faits,
sera créé en 1983 le Commissariat Général à
l'Aménagement du Territoire (CGAT) par le Décret n°
00718/PR/MPAT du 31 mai 1983, après suppression de l'ancienne Direction
de l'Aménagement du Territoire et de l'Action Régionale (DATAR)
créée par décret n° 959/PR/MEDPR/MPAT/CAD du 30
août 1972. Le CGAT est chargé de définir pour l'ensemble du
pays et pour chaque région les objectifs et les conditions d'un
développement et d'une répartition équilibrée
à long terme des activités économiques et sociales, de
participer à toutes les opérations susceptibles d'avoir un impact
sur l'aménagement du territoire et d'en contrôler
l'adéquation aux objectifs fixés. Mais bien avant cette date,
sont également créés les Livres Blancs de chaque province
et notamment celui de la province de l'Estuaire. Ces documents essentiels
avaient non seulement pour objectif, d'identifier des problèmes majeurs
qui caractérisent la
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
situation économique et sociale de la province et de
leurs tendances évolutive, mais aussi et surtout de faire l'inventaire
des possibilités de développement (orientations principales et
projets chaque fois que possible) spécifique à la province.
De même, lors du conseil des Ministres du 08 mars 1986,
sont mis en place au niveau institutionnel, les Comités Provinciaux
d'Expansion Economique et Sociale (CPEES). Ces derniers sont chargés
d'appliquer la politique d'aménagement du territoire au niveau
provincial. Toujours à la même année, Les Schémas
d'Aménagement Régional (SDAR) ont été
élaborés en vue d'établir une liste aussi complète
que possible des opérations qu'il paraissait souhaitable de promouvoir
avant la fin du siècle dernier dans chaque province gabonaise afin d'y
assurer un développement harmonieux et équilibré.
Seulement, en dépit des efforts observés dans le
rééquilibrage socio-économique et démographique du
pays, la politique d'aménagement du territoire a été
fortement critiquée.
La première critique concerne l'éparpillement
des compétences aménagistes entre les institutions
spécialisés. Cette politique reste « une opération
diffuse et implicite dans les politiques sectorielles »35, car
c'est à l'intérieur des projets d'environnement,
d'équipements, d'assainissement ou de développement rural,
initiés par différents ministères, que sont inscrites des
actions d'aménagement du territoire.
Faute d'une politique concertée, les problèmes
sont réglés par le recours aux projets spécifiques de
développement souvent encouragés par les bailleurs de fonds.
C'est dire que les approches sectorielles évoluent sans
véritables concertations entre les administrations. Ainsi, l'existence
de plusieurs acteurs a fortement segmenté les interventions et
empêché la cohésion des actions et donc la poursuite des
objectifs communs de développement.
L'autre incohérence réside dans la structure
politico-administrative du pays. Le Gabon est en effet un pays unitaire et
centralisé. La politique d'aménagement du territoire « par
le haut » s'est certes soldée par l'implantation des structures de
base et administratives qui ont été engagés dans les
réseaux de l'éducation, de la santé, du
35M. A. BOUSSOUGOU, 2005, « politique
d'aménagement du territoire au Gabon, bilan et perspectives » in
Actes du colloque sous-régionale sur l'Aménagement,
Libreville, p.29
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Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
transport et plus majoritairement dans la construction des
édifices publiques. De prime à bord, ces efforts laissent
transparaître un développement équilibré du
territoire. Cependant, les conclusions de la commission
interministérielle sur la réforme administrative (CIRA),
initiée au ministère de la fonction publique gabonaise en 1989,
sont plutôt critiques. En effet, malgré cette implantation
relativement importante de l'administration dans l'hinterland, il n'y a eu pour
l'essentiel qu'un déplacement des organes régionaux
dépendant totalement du pouvoir central basé à
Libreville.
La troisième critique concerne la relative
instabilité de l'administration de l'aménagement du territoire.
Avant la création du ministère de l'aménagement du
territoire en 2002, son administration a été rattachée
successivement à quatre départements
ministériels36. Ces nombreux rattachements n'ont pas permis
à l'administration de l'aménagement du territoire de remplir les
missions d'orientation, de coordination, de stimulation, de suivi et de
contrôle de projets qui lui était dévolues.
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