I.2- Les inconvénients du processus d'urbanisation
dans la province de l'Estuaire
I.2.1. Une dynamique d'urbanisation inégale dans
la province.
Malgré l'aspect moderne des villes, le
développement s'est effectué de manière inégale et
a donné naissance au phénomène de macrocéphalie
urbaine de la ville Libreville, se positionnant ainsi comme a grosse ville. En
effet, bénéficiant d'un double statut de chef-lieu de la province
de l'Estuaire et également de capitale administrative du pays,
Libreville a attiré l'attention des pouvoirs publics qui voulaient se
doter d'une capitale dynamique, forte et attrayante, comme l'atteste des
énormes investissements et projets qui se sont produits dans cette
ville. Cependant, cette envie de vouloir se doter d'une telle capitale a
contribué à délaisser les autres villes de la province,
notamment : Kango, Ntoum, Cocobeach etc. C'est ainsi que la croissance rapide
et désordonnée qui s'en est suivie a été
plutôt néfaste à un arrière pays sous-peuplé
et peu dynamique. Son effet attractif serait à l'origine du vide
économique, démographique et infrastructurel du reste de la
province.
Aujourd'hui, la capitale de l'Estuaire connaît des
problèmes aigus d'occupation de l'espace, de transports,
d'équipements et surtout d'assainissement, par manque d'une politique
cohérente en matière d'aménagement, face à une
explosion démographique difficilement
contrôlable.
I.2.2. Une dynamique d'urbanisation sans
véritable offre de services
Une des grandes particularités des villes de la
province de l'Estuaire et plus généralement du Gabon est la forte
population qui exerce l'activité agricole. En effet, plus de la
moitié de la population ont l'agriculture et la pêche comme
principale activité. Ce qui fait que ces villes conservent toutes un
caractère plutôt rural, qui se manifeste par l'insuffisance
notoire d'infrastructures et de voirie urbaines (Cap-Estérias et
Ndzomoé). Cette situation contraste avec l'apparition de nouveaux
besoins, notamment en matière d'équipements : en santé, en
éducation, en routes, en assainissement, en eau, en
électricité, en logements, en gestion des déchets, en
services divers etc., qu'elles n'arrivent pas à satisfaire. On a
plutôt affaire à une urbanisation sans équipements
collectifs ni offre de services urbains de base34. Ainsi, si le
statut de
34D.DIOP, Urbanisation et dynamiques urbaines dans
la région de MATAM : état des lieux et perspectives, Postdoc au
CERIUM, p.3
38
Processus d'urbanisation et aménagement de la
province de l'Estuaire.
ces agglomérations a évolué du point de
vue administratif, leurs activités n'ont quasiment pas changé. Ce
qui fait que nombre de leurs habitants résident en ville, mais
s'occupent des activités agricoles (rurbains).
Le bilan de l'urbanisation dans la province de l'Estuaire
s'est révélé à la fois positif et négatif.
Cependant, ce processus d'urbanisation n'a pas freiné l'exode rural vers
la ville de Libreville qui a attiré un nombre important de populations.
De ce fait, quelles ont été les différentes politiques
d'aménagement régional et études urbaines mis en place par
les pouvoirs publics pour lutter contre cet afflux massif des populations vers
Libreville ?
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