Pour appréhender l'intensité de la relation qui
lie la banque et la PME les auteurs utilisent généralement la
durée de la relation et l'étendu des services offerts par la
banque. L'un des premiers atouts de la monobancarité mis en
évidence est son effet incitatif simultané sur la banque et la
PME en termes de collecte (production) et de divulgation d'informations soft
respectivement (Bhattacharya et Chiesa, 1995). Sous la garantie d'une certaine
confidentialité, et l'espoir de meilleures conditions de
crédits futurs, l'entreprise est en effet incitée à
transférer ces informations non disponibles au public à la
banque38 (Yosha, 1995).
37 Soulignons que d'après Apoteker (1996)
et Petersen (2004), cette base d'évaluation du risque, plus
adaptée pour les grandes entreprises matures et ayant atteint une
certaine stabilité dans leur développement, comporte une limite
liée à l'instabilité des indicateurs comptables pour les
entreprises en croissance comme les PME.
38 A ce sujet, Boot et Thakor, (2001) montrent
qu'une stratégie de divulgation totale d'informations soft n'est pas
optimale pour l'entreprise. Pour les auteurs, afin d'inciter les investisseurs
dans la production d'informations et être mieux valorisée par le
marché, l'emprunteur doit divulguer des informations :
> qui précisent et certifient les informations
« bruitées » (signal) dont disposent les investisseurs
informés désireux d'évaluer leurs impacts sur les cash
flows futurs : « to-be processed complementary information
»;
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
37
Elle contribue ainsi à solutionner le problème
de sélection adverse. L'exclusivité de la relation et son
caractère répétitif permet à la banque de
développer un savoir de nature subjective sur l'entreprise à
travers ses informations dont la production est par nature très
coûteuse. Ces avantages informationnels sont la résultante du
caractère implicite39 de la relation qui requière un
engagement mutuel basé sur la confiance et le respect (Boot, 2000).
Cette caractéristique assure une certaine flexibilité
dans la renégociation des termes des contrats. Elle améliore
de ce fait l'efficacité du processus d'intermédiation
(contrôle de l'emprunteur) en rendant de plus en précise
l'évaluation du risque de crédit par la banque (Eber, 2000).
Cette atténuation du contrôle serait également due à
l'effet réputation. En effet, Flannery (1996), Diamond (1991)
et Boot et Thakor (1994) montrent que l'historique des remboursements permet
à une entreprise, une fois le premier succès connu, de
bénéficier d'une bonne réputation auprès des
créanciers. Avec le temps, cela va améliorer l'incitation de
l'entreprise à réduire les asymétries d'information
conduisant à la réduction du problème d'aléa
moral.
L'économie de coûts d'information et de
contrôle généré par la monobancarité
(grâce à la confidentialité, la flexibilité et la
réputation) pourrait donc se traduire par un niveau faible de taux et de
garantie à la PME [hypothèse confirmée empiriquement par
Berger et Udell (1995) ; Blackwell et Winters (1997) et Uzzi (1999)], et par
une disponibilité accrue du crédit (Petersen et Rajan, 1994 ;
Cole, 1998 ; Berger et al., 2001 ; De Bodt et al., 2005). Cependant, Uzzi
(1999), sur les données de la NSSBF de 1987 et1989, ne trouvent pas
d'effets significatifs entre la durée de la relation, l'étendu
des services offert et la probabilité d'accéder au crédit.
L'auteur justifie ce résultat par le fait qu'il existerait un niveau de
risque au-delà duquel la relation de clientèle serait sans effets
pour l'entreprise. En marge de ces avantages subsistent quelques limites aux
effets pervers pour la PME.