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Relations de crédit et coà»t de l'endettement: le cas des PME camerounaises

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par Jules TCHAMABE
Université de Yaoundé II - Diplôme d'études approfondies en sciences de gestion 2012
  

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1.2.1-) Les premières approches de réduction d'asymétries d'information

Les mécanismes mis en place ici pour faire face aux problèmes informationnels résultent soit de l'initiative de la banque, soit de la PME et dépendent de la nature des risques encourus (sélection adverse et risque moral). Deux catégories de mécanismes se distinguent :

> Neutraliser les problèmes informationnels à travers les contrats contingents

La littérature récence plusieurs stratégies que peut utiliser la banque à ce sujet :

- L'autosélection par les contrats séparateurs : Cette stratégie, que Bester (1985) appelle « screening », à vocation à éliminer la sélection adverse et se fonde sur les limites du taux d'intérêt et des garanties en tant qu'outils de régulation du marché du crédit. C'est une méthode d'indentification des emprunteurs à niveau de risque élevé ou faible consistant à proposer à ces derniers des paniers de contrats ou le montant de la prime et le niveau de la franchise varient en sens inverse. Le choix d'un panier particulier par un emprunteur est révélateur du risque qui lui est associé. Pour Bester (1985), les plus risqués préféreront a priori les contrats à taux élevés mais à faibles garanties et les moins risqués l'inverse. Par ailleurs, les banques peuvent utiliser des garanties internes (portant sur les actifs de l'entreprise), mais surtout les garanties externes (relatives aux actifs patrimoniaux du propriétaire-dirigeant) pour opérer un « filtrage » des emprunteurs (Eber, 2000).

- L'incitation de l'emprunteur à travers les « debts covenants » : Pour limiter les risques d'aléa de moralité, la banque peut élaborer le contrat de crédit de manière à inciter la PME à respecter ses engagements. Elle peut ainsi introduire dans les contrats de prêts des clauses restrictives (covenants) pour faire face à l'opportunisme de l'emprunteur (Cieply et Grondin, 2000). Ces clauses peuvent concerner la politique d'investissement (afin de décourager le sous investissement et la substitution d'actifs), la politique financière (par la fixation d'un taux d'endettement maximum de manière à éviter un

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trop grand risque de défaillance pour la PME et un risque de défaut supérieur à celui qui résultait de l'analyse ex ante du dossier de la firme pour la banque), la politique de distribution de dividendes (pour s'assurer que le propriétaire ne retirera pas de l'entreprise des montants excessifs de manière à nuire à son équilibre financier).

- L'incitation de la PME par les menaces de rationnement : Ce mécanisme, analysé par Stiglitz et Weiss (1983), a pour but d'inciter l'emprunteur à choisir les projets d'investissement peu risqué. Les auteurs précisent tout de même que l'incitation ne pourra être, dans ce cas, effective que si la menace de rationnement est crédible ex ante.

Tous ces contrats contingents comportent néanmoins quelques limites qui entravent leur mise en oeuvre. On relève à ce titre une ambigüité sur le lien entre le garanties et comportement de l'emprunteur. Contrairement à Bester (1987), Stiglitz et Weiss (1981) soutiennent que les emprunteurs qui présentent le plus de garanties au temps t sont ceux qui ont pris de grands risques en t-n et sont susceptibles de prendre davantage de risques en t+n (n>0). Aussi, en raison de l'incertitude et de l'incomplétude des contrats, l'introduction des covenants n'aurait qu'un effet limité sur le comportement de l'emprunteur. Ce constat confer à ce dernier un rôle primordiale dans la résolution des conflits avec la banque.

> Neutraliser les problèmes informationnels à travers les signaux financiers

La théorie du signal (Akerlof, 1970) postule que les PME informées sur la qualité de leurs projets ont intérêt à transmettre une partie de l'information privée aux banques par le biais d'un « signal ». Un signal est une variable de comportement véhiculeur d'informations permettant à la banque de distinguer les « bons » projets des moins bons (Wamba et Tchamanbe-Djine, 2002). Pour assurer son rôle de véhicule d'information, le signal doit être coûteux de façon à ne pouvoir être imité par les emprunteurs les plus risqués et son échec doit pénaliser lourdement celui qui l'a émis de façon à rendre l'émetteur crédible (Spence, 1973, cité par Goffin, 2001). Structure financière, apports personnels en capital du promoteur et la politique de dividende sont considérés dans la littérature comme des sources d'informations à destination des créanciers.

- Le signal par l'endettement : contredisant le théorème de Modigliani et Miller (1958),

Ross (1977) montre que l'augmentation de l'endettement jusqu'à un certain niveau critique, ne fait pas qu'accroitre le risque, mais signal aussi une plus grande performance. Selon l'auteur, une entreprise est capable de supporter un niveau d'endettement d'autant plus élevé que la probabilité de ses cash flows futurs est

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importante et certaine. Les plus endettées seront donc considérées par le marché comme les plus performantes. A ce sujet, Flannery (1986) et Diamond (1991) attribut une priorité à la dette à court terme lorsque les coûts de transaction sont importants. En empruntant à court terme, la PME accepte non seulement que le refinancement puisse dépendre de ses opportunités d'investissement, mais aussi un plus grand risque de liquidation en cas de défaut. Elle signale ainsi sa valeur aux non informés.

- Le signal par l'apport personnel du promoteur (Leland et Pyle, 1977) : Pour ces auteurs, l'entreprise sera d'autant moins risquée que le promoteur dirigeant-actionnaire consacre une proportion importante de son capital dans le projet. Ce faisant, il renonce à la diversification de son portefeuille source d'économie de coûts et affiche sa croyance personnelle en la réussite de son projet (Wamba et Tchamanbe-Djine, 2002).

- Le signal par les dividendes : Bhattacharya (1979) est le premier auteur à avoir montré le rôle de signal que jouent les dividendes. En effet, le versement de dividende élevé et régulier coûte cher à l'entreprise qui le verse. Un tel versement ne peut être réalisé par une entreprise non performante. Si jamais tel est le cas et que cette dernière soit obligée de le diminuer, la baisse serait perçue par le marché comme l'indice d'une situation catastrophique pour l'entreprise. Le dividende permet donc de distinguer les emprunteurs sur le marché et de réaliser un équilibre de séparation (Goffin, 2001).

Ces mécanismes de signalisation renseignent plus sur la performance de l'entreprise que sur les caractéristiques propres du projet nécessitant le financement. Or généralement, la banque s'intéresse simultanément à la capacité de l'entreprise à être rentable, à assurer sa pérennité et à mener à bien les projets qu'elle entreprend. Il n'en demeure donc pas moins que la résolution des problèmes informationnels passerait par des échanges qui vont au-delà de simples signaux. Ce type d'échanges, qui implique des interactions entre contractant dépassant le champ strictement financier, se retrouve précisément dans un financement de type relationnel voir même une relation de clientèle bancaire.

1.2.2-) Financement relationnel et la relation de clientèle bancaire : des conceptions ambigües

« Un des premiers problèmes auquel se trouve confronter le théoricien est de définir rigoureusement la notion de relation de long terme » (Eber, 1999, p.3). Plusieurs expressions sont en effet employées pour désigner la « bank relationship » : relation de clientèle bancaire, relation de proximité, financement relationnel, relation de long terme, relation de crédit de long terme... Pour l'auteur, une relation de crédit de long terme entre une banque et une firme

est « une répétition dans le temps d'offres et de demandes de crédits émanant respectivement de la banque et de la firme pour le financement des projets d'investissement successifs de cette dernière. ». Cette conception est une vision restrictive de celle que donnent Ongena et Smith (2000) qui définissent la bank relationship comme la connexion entre une banque et un client qui va au-delà de la simple exécution de transactions financières anonymes. Le rôle de la banque ne se réduit pas qu'à l'octroi de crédits mais à la fourniture de multiples services financiers (émission de titres, étude de marché, tenue et suivi des comptes...) (Hodgman, 1963 ; Fama, 1985). A ce sujet, Berger et Udell (1994) identifient trois conditions pour qu'il ait une « relationship lending » :

- l'intermédiaire recueille des informations au delà de celles disponibles au grands public ; - le recueil d'informations se fait au travers de multiples interactions avec l'emprunteur ; - les informations recueillies restent confidentielles.

Boot (2000) synthétise cette représentation en appréhendant la relationship banking comme la fourniture de services financiers par un intermédiaire qui :

- investit afin d'obtenir des informations spécifiques (« informations soft »35) sur son client, le plus souvent de manière prioritaire ;

- évalue la rentabilité de cet investissement à la fois au travers de multiples interactions étalées dans le temps avec le même client et par le biais de plusieurs produits.

Trois principales dimensions caractérisent la bank relationship au regard de toutes ces définitions: les facteurs temps (long terme), le facteur multiproduits (le client est également un déposant) et le facteur géographique (proximité)36 (Guigou et Vilanova, 1999). Elles sont à la base de la distinction entre approche relationnelle et approche transactionnelle de l'échange. Appliquées à la relation de crédit, celles-ci sont dénommées financement transactionnel et financement relationnel. Apoteker (1996) fournit les caractéristiques principales des deux types d'approches de la relation banque-entreprise.

35 La définition des concepts d'informations soft et hard est contenue dans les travaux de Stein (2000) et Petersen (2004). Ils définissent ces concepts de façon comparative en utilisant trois principales dimensions : leur nature, leur méthode de collecte et de traitement et les coûts de production induits. Contrairement à l'information hard qui est de nature quantitative et objective (standardisée et exprimé généralement par des nombres : les états financiers par exemple) et ne requiert pas, pour sa collecte, de contacts personnels (disponible en tout lieu et en tout temps), l'information soft est essentiellement de nature qualitative et subjective. Elle est transmise par des textes incluant des opinions, idées, rumeurs, ... et sa collecte requiert des interactions entre cocontractants. Ainsi, de par sa nature, la collection et le traitement de l'information hard peuvent être séparées : le collecteur d'information pouvant se distinguer de celui qui effectuera le traitement. Il en découle que la nature quantitative et standard de l'information hard induit de faibles coûts de transaction tandis que le caractère subjectif et qualitatif de l'information soft accroit considérablement ces coûts.

36 Zineldin (1995, cité par Maque, 2007) précisait déjà que la relation entre banque et entreprise inclut souvent trois principaux facteurs : l'échange d'informations, l'échange financier (transaction) et l'échange social.

Pour le financement transactionnel : l'échange entre les deux parties est ponctuel, le but est à court terme, spécifique et limité au contenu de la transaction. C'est une relation « à l'acte » indépendante de toute histoire passée ou avenir, l'évaluation du risque est faite prioritairement sur la base d'informations quantitatives contenues dans les documents comptables et le contrat est le mécanisme de gestion de la relation par excellence37.

Pour le financement relationnel : l'échange s'inscrit dans la durée, le but est à long terme. C'est une relation « d'engagement » et l'accent est mis sur la coopération, le risque est considéré comme non-probabilisable car entaché de spécificités irréductibles à une classe donnée d'emprunteurs. L'évaluation du risque se fait sur la base d'informations plus qualitatives (informations soft) que quantitatives (informations hard).

Toutes ses spécificités inhérentes à la monobancarité lui confèrent plusieurs attributions dont l'impact sur les conditions d'accès au crédit est controversé dans la littérature.

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