2.2-) Problèmes informationnels et réactions
bancaires:les rationnements de crédit
Les risques (sélection adverse et aléa moral)
auxquels sont exposées les banques sur le marché du crédit
sont accentués par la spécificité qui caractérise
celui-ci. Stiglitz et Weiss (1981) montrent en effet, dans un monde sans
aversion au risque avec une responsabilité limitée des
emprunteurs, qu'à la différence des autres marchés, celui
du crédit ne peut être régulé en jouant toujours sur
le niveau des prix (taux d'intérêt et garanties). Le lien positif
qui existe entre le risque et les prix fait qu'une augmentation
régulière de ceux-ci entrainera progressivement la sortie du
marché des emprunteurs les moins risqués24. Ce retrait
est ainsi source d'accroissement du risque de faillite des emprunteurs, du
coût de faillite et du risque de sélection adverse pour les
banques. Les auteurs soutiennent que les banques n'ont pas intérêt
à augmenter les taux d'intérêt au delà d'un certain
seuil appelé taux d'intérêt
d'équilibre25. En cas d'excès de demande, la
régulation du marché se fera par les quantités et non plus
par les prix. S'en suivra alors un rationnement
indifférencié.
24 Étant donné que la
responsabilité des entreprises est limitée en cas de faillite, la
hausse du taux d'intérêt sélectionne les emprunteurs
à plus haut risque, ce qui réduit l'espérance de profit de
la banque. Aussi, pour les auteurs, les emprunteurs présentant le plus
de garanties au temps t sont ceux qui ont pris de grands risques en t-n et sont
susceptibles de pendre davantage de risques en t+n (n > 0).
25 Au de la de ce seuil, l'espérance de profit
des banques décroit suite à l'augmentation du risque des
projets.
Mémoire DEA Sciences de Gestion Relations de
crédit et coût de l'endettement : le cas des PME
camerounaises
27
Concernant ce phénomène, Eber (1999) pense qu'en
fonction de la nature de l'asymétrie de l'information (ex ante ou ex
post) « on ne devrait pas parler «du» rationnement de
crédit mais «des» rationnements de crédit »
(p. 18). On récence dans la littérature deux grandes
catégories de rationnement : par le nombre d'emprunteurs (2.2.1)
et sur la taille des prêts (2.2.2).
2.2.1-) Le rationnement par le nombre d'emprunteurs :
l'exclusion bancaire
Ce type de rationnement est développé Stiglitz
et Weiss (1981) (en contexte d'asymétrie ex ante) et Williamson (1987,
cité par Eber, 1999) (en contexte d'asymétrie ex post
exclusivement). Comme exposé plus haut, les premiers montrent qu'en
raison de la spécificité du marché de crédit (lien
prix-risques) l'équilibre du marché est obtenu avec un
rationnement indifférencié des emprunteurs qui ont des
caractéristiques plus ou moins hétérogènes : c'est
le pur rationnement. L'approche de Williamson (1987) est cependant
différente. Dans son modèle de coûts de vérification
du résultat (costly monitoring), ce sont certains emprunteurs
d'un groupe homogène ex ante qui sont évincés du
marché suite aux actions de monitoring engagées par les banques.
Ces actions sont entreprises lorsque le défaut de paiement se
révèle effectif. L'éviction à lieu si la
différence entre le paiement requis et celui obtenu est inférieur
au coût du contrôle.
Le « red-lining » constitue une autre
forme d'exclusion analysée par Stiglitz et Weiss (1981). Ici, les
emprunteurs écartés se distinguent de ceux qui ont obtenus le
crédit, car ils ont été identifiés comme trop
risqués par la banque. Quelque soit le taux en vigueur, ils sont exclus
du marché du crédit.
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